Ensuite, les micros présents dans les différents espaces sont reliés par câble à la « cabine ». Le son arrive dans la console d’enregistrement derrière laquelle sont assis le producteur, l’ingénieur du son et l’assistant ingénieur. Ils entendent par l’intermédiaire des grosses « écoutes » rivées au mur, ou des petites placées sur la console, un peu plus favorisées à l’heure actuelle. De cette cabine, partent aussi les « retours casques », permettant aux musiciens de s’entendre non seulement eux-mêmes, mais aussi leurs copains. Il y a une balance différente pour chaque musicien. Certains aiment s'entendre eux-mêmes très fort, d'autres par contre préfèrent mieux entendre l'accompagnement.
Pour les sessions de Blow Up Your Video, la batterie était installée au milieu de la grande salle du studio, sur une estrade. La basse était enfermée dans un box, tout comme la guitare rythmique. Angus lui, jouait souvent dans la cabine d’enregistrement, derrière la console. Tout comme le chanteur, qui venait aussi derrière la console pour faire ses voix.
Voilà, nous y sommes, je commence presque à les distinguer. Il y a vingt ans, Simon était installé ici, au milieu de la pièce, faisant face aux autres. Vous imaginez sans peine l’excitation qui me gagne. Nous allons découvrir l’envers du décor, ces lieux un peu secrets dans lesquels nos idoles concoctent les sons qui vont nous ravir les oreilles. Patrice Quef nous entraîne vers la « cabine » d’enregistrement. Sur ces deux sièges, derrière la console, se tenaient Georges Young et Harry Vanda... Confortablement calés dans les fauteuils placés sur la petite estrade derrière les postes des techniciens, nous poursuivons notre voyage dans le temps.
Nous avons pu le constater en concert, AC/DC est une grosse machinerie de spectacle, où la moindre pièce est calée au millimètre. Et en studio ? Et bien c’est pareil ! Patrice Quef n’y va pas par quatre chemins :
Le top niveau de l’organisation ! Déjà, les deux producteurs,
dont Georges Young, étaient hautement professionnels.
Mais en plus, chaque membre du groupe avait emmené son technicien personnel.
Angus par exemple, a presque son ébéniste qui lui refait ses
manches de guitares pour les adapter à sa toute petite main. En passant,
cet Angus, un tout petit bonhomme mais une énergie énorme !
Le batteur pareil. On a mis trois jours pour faire le son de la batterie. Mais
ce n'est pas le batteur qui tapait, c'était son technicien ! Quand j'ai
vu ça, je me suis demandé à quoi ça servait. Je
me disais « quand le batteur va arriver, il va falloir tout recommencer ».
Il faut bien comprendre que chaque musicien a son propre son. Et bien non,
quand Simon Wright est venu s'asseoir derrière la batterie, ça
sonnait pareil, exactement la même frappe. J'en ai vu pas mal de batteurs
dans ma vie et chaque batteur a sa façon de taper, sa façon de
jouer qui est vraiment très personnelle. Et bien là, le technicien était
le clone du musicien. On n’a pas perdu de temps pour refaire tous les
réglages, c'était parfait.
On est loin semble-t-il du laisser-aller que l’on pourrait imaginer dans le rock’n’roll.
Oui, je le redis, ce sont avant tout des gens hautement professionnels. Ils
connaissent leur boulot, il n’y a rien à dire sur l’organisation,
j’ai rarement vu quelque chose de tel. Quand on a onze albums derrière
soi, on sait ce que c’est un studio. Mais quand même, à ce
point... C'était impressionnant quand on les a vu débarquer.
En 1987, on était encore jeune dans le métier et on avait été impressionnés
par le professionnalisme de ce groupe dont on connaissait par ailleurs la réputation
artistique.
Quelle équipe extraordinaire ! Tous les matins, c’était
la même routine. Les techniciens arrivaient bien avant les musiciens.
Ils changeaient toutes les valves des amplis – pour garder le grain – et
toutes les ampoules aussi. J’en ai récupéré pour
les donner à des groupes un peu moins riches ! Ils changeaient les cordes
des guitares – je ne sais pas si c'est bien de jouer avec des cordes
neuves mais c’était leur principe – et réaccordaient
tout.
Puis le groupe arrivait, et les séances d'enregistrement démarraient.
Pas très tôt le matin mais en revanche elles se poursuivaient
très tard dans la nuit. Eux se limitaient à dix, onze, parfois
douze heures par jour de travail réel. Car il y a évidemment
l’avant studio et l’après studio... on attend que tout le
monde aille se coucher pour fermer la maison... c’est comme si le groupe
partageait complètement notre vie pendant quelques semaines en fait.