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20 ans après... retour à Miraval (3)

A priori, fréquenter des vedettes, travailler dans la musique comme on dit, beaucoup de jeunes en rêve. Que pouvez-vous nous dire de plus sur le métier ?

Le métier va vraiment très mal. À cause d'Internet principalement. Plus grand monde n’achète de disque, surtout dans notre champ de musique. Nous avons un public de 12 à 25 ans, le CD est un peu cher à mon avis, et ni les maisons de disques ni nous, n'avons vu arriver le téléchargement gratuit. Et ça, ça tue notre commerce. Car c’est bien d’un commerce qu’il s’agit. Les grosses maisons de disques qui sont mes clientes, genre Universal ou Sony, gagnent beaucoup moins d'argent qu'à une époque et par conséquent, produisent beaucoup moins. Évidemment, beaucoup de disques sortent encore, mais certains se font « à la maison ». C’est bien joli, mais ça ne fonctionne pas pour tout. Certaines personnes se croient musiciennes parce qu'elles font de la programmation ! Mais la musique ça s'apprend ! D’autres se croient ingénieur du son parce qu’ils bidouillent en informatique... mais c'est un métier qu'on met des années à apprendre... et qu'on apprend toute sa vie.

Mais c’est vrai qu’à l’heure actuelle, ça va mal. Et dans le monde entier. Tous les studios ferment les uns derrière les autres, même les gros complexes. Nous, nous sommes des privés, nous ne sommes épaulés par aucune maison de disque. Et ces dernières ne veulent plus payer, même en baissant les prix à 915 € par jour comme ici. On a des frais importants, du personnel. Et ça a un coût, bien que les salaires diminuent d'une façon incroyable. Un ingénieur du son top niveau français était payé 6000 F (915 €) par jour autrefois. Pensez aux années de spécialisation de ces professionnels, mais surtout au fait que leur charge de travail est en dents de scie. Tous les techniciens sont des intermittents du spectacle et certains jeunes arrêtent carrément le métier d'ingénieur du son aujourd’hui. Un vrai gâchis quand on doit mettre sa passion de côté.

Mais j’ai confiance malgré tout, ça repartira, on aura toujours besoin de locaux pour enregistrer. Comment voulez-vous faire sonner une batterie dans une salle à manger ? Ou une guitare dans une salle de bains ? Il faut un espace adéquat et des gens compétents pour enregistrer des produits de qualité.

Miraval est désormais reconnu mondialement, comment votre réputation a-t-elle franchi les limites de la région ?

C'est la venue des Pink Floyd qui nous a donné un critère de qualité. Après des essais à Marseille, Roger Waters voulait poursuivre son travail dans le sud de la France. À l’époque, nous étions quasiment les seuls, le choix fut vite fait. Après, la bouche-à-oreille a fonctionné car « le métier », les producteurs, c’est un petit milieu.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle AC/DC est venu chez nous. Ils avaient fait les plus grands studios du monde, comme le Compass Point à Nassau – qui a d’ailleurs été détruit par un ouragan – et en ’87 nous étions déjà très connus dans le milieu professionnel. Et puis Miraval, c’est aussi trente années d’investissements, dont trois consoles dernier cri.

Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement du studio d’enregistrement ?

Ce qu’on nomme par le terme général de « studio » est en réalité composé de plusieurs parties. Les musiciens s’installent dans le grand local central, qui est en fait l’espace d’enregistrement principal. Ils se répartissent aussi dans les trois box vitrés entourant ce local. Cela permet d'isoler certains instruments. Cet isolement est nécessaire pour capturer, sur la piste qu'on enregistre, le son de l'instrument que l'on veut et pas celui du voisin. Voilà pour la partie « studio ».

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