HARD-ROCK MAGAZINE : Comment se porte Brian Johnson ces derniers
temps ?
Brian Johnson : Pas trop mal ! En fait,
ma préoccupation principale du moment, c'est bien sûr le nouvel
album, dont l'enregistrement est maintenant terminé.
Justement ! Ce nouvel album, vous l'avez enregistré … au studio Miraval, à environ 1 heure de Marseille, « In la belle France » ! Le studio se trouve aux abords d'un petit village, Leval.
Derrière les manettes, il y avait du français aussi ?
Il y avait deux ingénieurs du son : l'un est américain,
c'est Tommy Swift, originaire de New York, et l'autre est français, il
s'appelle Jean-Jacques. Je ne sais plus son nom. Les boys te le diraient. C'est
un foutu ingénieur du son, un grand ! Il nous charriait en nous
appelant les « rosbeefs », et nous, en retour, nous l'appelions
« frog legs ». C'était fantastique, il y avait
comme un « rapport » (dit en français) entre nous,
et l'équipe était très soudée.
Finalement, avec ce groupe, tu as tout connu : la mégacélébrité
de l'époque post-« Back In Black », cette magie
un peu perdue à travers « Flick Of The Switch »
et « Fly On The Wall ». Ce petit « creux »
a-t-il eu des retombées au sein du groupe ?
Well, le groupe n'y a jamais vraiment réfléchi et ne
s'est pas réellement préoccupé de savoir si oui ou non
ces albums avaient été appréciés de la critique
« Flick Of The Switch » était un album composé
de chansons qui formaient un tout ; aucun single n'en a d'ailleurs été
tiré, car nous ne le voulions pas. Mais pour ce qui est de nos propres
sentiments, ce sont deux albums que nous avons fait avec exactement le même
plaisir que pour les autres, même si les chiffres de vente en ont pris
alors un coup. Au contraire, ça nous a plutôt fait du bien, tout
en démontrant qu'AC/DC ne courait pas après la publicité.
D'ailleurs, nous avions refusé tout clip pour ces deux albums, pour ne
pas trop investir dans « cette chose » dans laquelle on
finit néanmoins tous par plonger ! C'est peut-être vrai que
l'atmosphère y était moins explosive que d'habitude, mais cela
ne nous avait pas empêché d'y mettre autant de cœur qu'à
l'accoutumée, et c'est le principal !
Aucune « remise en question » ne s'est donc opérée
parmi vous ?
Pas du tout : il semble simplement que les goûts varient
selon les époques, et qu'à ce moment-là, par exemple, le
monde craquait plus sur Michael Jackson, ce genre de trucs plus « soft ».
C'était la tendance générale, les gens en avaient alors
peut-être un peu marre du rock'n'roll … Mais cela ne nous a pas affectés,
au vu des concerts notamment, car les kids ont continué à venir,
et nous nous sommes donnés à 100% comme nous le faisons à
chaque show.
Alors AC/DC aujourd'hui, c'est « rage hard » ?
Sans aucun doute ! Je crois même que nous nous amusons encore plus.
Nous avions vraiment besoin de ce break de six mois, où nous avons cessé
toute tournée. Ca a été merveilleux ! Nous nous sommes
retrouvés avec Angus pendant les mois de Juin et Juillet, et il y a eu
comme une atmosphère toute neuve et fraîche entre nous, non pas
cette terrible pression de la part des médias qui s'est exercée
après le succès de « Back In Black », par
exemple. Avec ce nouvel album, ça a été magique du début
à la fin, l'emplacement du studio Miraval était idéal,
les gens là-bas étaient tellement chaleureux …
Les producteurs ne se nommeraient pas, par hasard …
Ils sont deux, George Young et Harry Vanda
La bonne vieille recette ! On refait ça en famille ….
Tout juste ! Et ça marche à la perfection !
On dirait, car sur trois des quatre titres que j'ai pu entendre, la
cadence m'a l'air d'avoir été bottée là où
il fallait !
Tout l'album est, je crois, de cette trempe.
Comment se fait-ce ? Vous vous êtes dit : « Allez,
passons la vitesse supérieure » ?
On a juste voulu revenir aux « tripes », repartir
sur la route avec un album bien costaud, réagir contre toute cette merde
qui se présente actuellement comme étant du hard-rock. On s'est
dit : « Hey ! Qu'est-ce que c'est que ça, qu'est-ce
qui arrive à notre musique favorite ? »
Parce que, quand même, pardon, vos précédents albums
« Flick On The Switch » et « Fly On The Wall »
n'ont pas été de ceux dont on a gardé un souvenir impérissable ;
z'étaient un peu mous du collier, non ?
Peut-être, oui. Mais nous n'en avons probablement pas pris conscience
lorsque nous les avons enregistrés ; alors que là … un morceau
comme « This Means War » (le quatrième de la demi-démo).
Fuck ! J'en suis fou !
C'est vrai, on se croirait revenu aux morceaux les plus sulfureux,
« Riff Raff », « Beating Around The Bush »
…
Il a été composé dans cet esprit, avec cette notion
de « passer la vitesse supérieure » ! Il y
a aussi le premier morceau, « HeatSeeker ». Je pensais
que « That's The Way i wanna rock'n roll », le deuxième,
serait le premier single tiré de l'album mais finalement ce sera « HeatSeeker »,
pour lequel nous tournons le clip ici, à Londres, en y faisant participer
des membres du fan-club. Nous devions choisir parmi trois ou quatre bons morceaux
pour les deux premiers singles, et ça a été très
dur. Si cela n'avait tenu qu'à moi, ils seraient tous sortis en même
temps !