Francis, on connaît tous ta passion pour AC/DC, mais quand as-tu entendu parler du groupe pour la première fois ? C’était en 1976, deux ans que le groupe existait mais le temps que cela arrive, que ça te tombe dessus ou que tu croises les gens qui ont écouté et qui te disent « tiens, toi qui aime les trucs qui envoie les watts, écoute plutôt çà ! (rires). La passion est vraiment venue lorsque je les ai vus sur scène en décembre 1979, là ça été une révélation. De voir un truc qui envoyait les watts comme cela, c’était extraordinaire. Une vraie découverte. Et pourtant j’avais vu plein d’autres groupes avant, Led Zep par exemple… Mais là, ça été une claque énorme. Beaucoup de fans les découvrant en live ont ressenti un choc non seulement musical mais aussi visuel (la folie d’Angus notamment). Ce fut ton cas ? Oui oui absolument. Choc musical, car ce show de Paris restera pour moi un concert emblématique de ce qu’est le rock’n roll. Et puis visuellement, Angus et son masque à oxygène qui reprend de l’air… Et puis le groupe a donné deux concerts ce jour là, alors que se tournait « Let There be Rock the Movie ». On dit souvent qu’AC/DC a repris le hard rock là où Led Zep l’avait laissé… Qu’en penses tu ? On peut dire la même chose de Led Zeppelin qui a électrifié le blues. Pour Led Zep, des accords peut être un peu plus élaborés, un univers plus « world music » aussi, que le groupe a bien exploré à travers Robert Plant et « Kashmir » avec ses couleurs orientales. AC/DC ilsne se sont jamais cachés, n’ont jamais tenté autre chose, ils font 3-4 et ils envoient la sauce, c’est du rock’n roll. Il y a plus de 28 ans que Bon Scott nous a quitté…Comment as-tu appris et vécu son décès, toi qui l’avait vu sur scène quelques semaines auparavant ? Sa disparition m’a d’autant marqué qu’après le concert de Paris au Pavillon je suis allé voir le groupe à l’Hammersmith Odeon de Londres, et il est mort quelques semaines plus tard. Ce fut un choc, vraiment. J’ai rendu de nombreux hommage à Bon, depuis le départ, à l’époque de Wango Tango. Il reste dans les étoiles, accroché au ciel, à l’image de Kurt Cobain ou de Jeff Buckley. Morts en pleine gloire, alors qu’ils font vivre des moments extraordinaires aux gens, et puis cela s’arrête. C’est une histoire d’amour, une histoire passionnelle. Collaborer à l'élaboration du coffret Bonfire en 1997 a du être pour toi un immense plaisir, non dénué d’émotion… Collaboration oui, mais cela va bien au delà, tu as raison. J’étais à Londres récemment pour le tournage du clip « Rock’n Roll Train ». J’ai revu plein de monde qui était auditeur de « Wango Tango », ou qui m’amenait des cassettes à l’époque comme Arnaud Durieux qui est devenu l’archiviste en chef du groupe pour Albert Productions. C’est lui qui m’a téléphoné à l’époque de la conception de « Bonfire ». Et puis Phil Lageat qui venait me voir un fanzine « Let there be light » sous le bras à RTL… Ou encore Samcdc qui écoutait « Zikweb » à la fin des années 90 et qui est un fan de Métal et d’AC/DC en particulier. Et nous nous sommes tous retrouvés dans un pub de Londres, avec les deux neveux de Bon Scott… Alors oui, quel symbole quand on m’a appelé pour me demander la bande du concert de 79, alors que la maison de disque voulait utiliser la version de « Bad Boy Boogie » mais qu’il y avait un pain au milieu. Je me suis retrouvé crédité assistant archiviste dans le livret, mais au delà j’ai pu faire vivre le groupe. Ce groupe qui a été important et qui l’est toujours… C‘est pour cela qu’on sera là pour la sortie du single et de l’album, qu’on était au tournage du clip et que l’on fera peut être une interview plus tard hé hé…. On apprend au printemps 1980 que c'est un dénommé Brian Johnson qui succèdera à Bon Scott. Avais-tu déjà entendu parler de lui auparavant ? Oui, dans Geordie. Je connaissais le gars et le groupe, et je l’ai diffusé dans Wango Tango. Qu'as-tu pensé du choix des frères Young ? Les bons choix riment avec durée… Il y a eu des albums que certains ont moins aimés. Personnellement, j’ai toujours trouvé quelque chose d’intéressant dans les disques d’AC/DC. On ne peut pas toujours être au même niveau de performance, il y a des moments où l’inspiration est moindre. L’apanage des grands c’est savoir se remettre en question, et le moment d’après, sortir un putain d’album… On est bien sûr resté suspendu à la mort de Bon Scott, mais franchement sur la longueur, quand je prends « Back in Black », « For those about to rock » et même des morceaux isolément dans des albums par forcément géniaux du début à la fin, et bien on est en 2008, et Brian est toujours là, avec sa casquette et son humour… Sa voix est faite pour chanteur le blues, le rock, et il amène une vraie fraîcheur, un vraie gaieté dans le groupe. Tu as souvent parlé de Bryan Adams comme successeur potentiel… Oui, c’est vrai. Je trouve qu’il a la voix cassée faite pour cela… Cette tessiture rock blues… Il a pris des chemins différents. En tous les cas, ce que je disais de Bryan Adams et d’AC/DC, j’étais pas si loin, quand on sait que le Warehouse Studio de Vancouver où les boys ont enregistré « Stiff Upper Lip » et « Black Ice » le petit dernier appartient à Adams (rires). |