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20 ans après... retour à Miraval (8)

Simplicité et humilité

Mais qui était donc responsable de cette alimentation qui fit tant plaisir à nos amis ? Ne cherchez plus, Highwaytoacdc.com les a retrouvées pour vous... elles sont deux, Agata et Gilda... et ces deux soeurs se souviennent avec émotion de ces deux mois passés à être aux petits soins pour AC/DC.


Gilda et Agata

Quel était votre rôle à Miraval lorsque AC/DC est venu y travailler ?

Agata : On s'occupait de tout le monde, le groupe et l’équipe, tous répartis à travers le domaine. Nous gérions la restauration, petits-déjeuners et repas, l’accueil, le ménage, nous étions à leur disposition pour leurs demandes.

Pas trop dur de s’occuper de vedettes internationales ?

Agata : Oh non, vraiment pas ! C’était tellement simple et familial. Cette ambiance sympathique était d’ailleurs celle que Miraval voulait donner aux artistes, à l’image de Patrice Quef, le gérant du studio – entre parenthèse, des patrons comme ça, j’en demande tous les jours. Et cette atmosphère correspondait aux gars d’AC/DC, tous tellement sympas et simples. Contrairement à ce que j’avais cru avant de les rencontrer, je n'étais pas du tout impressionnée. Ils étaient vraiment très gentils, d’une grande sincérité. Je me souviens particulièrement du bassiste et de Malcolm. Ma soeur et moi, on ne parlait pas du tout anglais mais on arrivait à se comprendre. On faisait des gestes quand on leur proposait des choses pour le petit déjeuner, et à force, on comprenait. J’essayais quand même d’apprendre des phrases par coeur en anglais, à tel point que je rêvais en anglais ! Et eux aussi essayaient de parler en français !

Les conditions de travail étaient-elles particulières ?

Gilda : C’est sûr que ce sont des gens qui vivent à l’envers. On se relayait pratiquement 24 heures sur 24 et j’étais de service de nuit. Ils finissaient parfois de travailler vers quatre heures du matin et vers deux heures le chanteur venait parfois chercher à manger. Et il avait droit aux lasagnes préparées par Agata. Il adorait ça. Tout comme ma minestrone, la soupe aux haricots, il en raffolait ! (rires)

Agata : Tous d’ailleurs adoraient notre cuisine semble-t-il. Je les revois quand ils venaient devant la cuisine, ils se tenaient tous par les épaules, se dressaient sur les talons pour montrer qu’ils étaient là et réclamaient à manger en rigolant. Moi je déconnais avec Malcolm : il sautait pour se mettre à ma hauteur ! Je le revois avec ses gros godillots aux pieds, et ses shorts. On aurait dit de vrais minots ! Mais jamais un mot plus haut que l’autre, jamais un geste grossier.

Gilda : le chanteur venait toujours me voir dans la cuisine, il disait qu’il ne voulait pas que je reste seule. Il buvait du lait avec du miel pour sa voix et il me piquait de la nourriture en riant avant même que le repas soit fini de préparer, comme à la maison. C’est vrai quand j’y repense, on vivait en intimité avec eux, sans le sens péjoratif du terme bien sûr. Mais toujours avec cette humilité, cette gentillesse, tellement polis, pas un geste déplacé.

Agata : Ils ne nous donnaient jamais aucun ordre. À comparer avec certains groupes moins célèbres qu’eux et qui se comportaient de façon hautaine, eux nous remerciaient en permanence... et d’une grande générosité. Quand ils sont partis, ils ont été merveilleux. Ils nous ont laissé un tas d’affaires qu’ils avaient acheté en ville, des médiators, des vêtements, des chaussures, des baskets. Pour nous !

Vous les « entendiez » travailler je suppose ?

Agata : Bien sûr, même si le studio est insonorisé ! Quand ils enregistraient, Patrice Quef me demandait d’arrêter l’aspirateur pour ne pas abîmer les bandes magnétiques ! Alors je me contentais de m’asseoir et de les regarder. On les badait, faut dire ce qui est.

Ça devait jaser dans le village non ? Les gens devaient vous envier ?

Agata : Les jeunes du village essayaient de venir à Miraval, même en traversant le domaine. Ils me disaient « essaye de nous faire entrer, présente-nous ! ». Il faut dire que le groupe sortait très rarement de Miraval, même pour aller sur la Côte. Les seules sorties, c’était au « Café des sports », quelquefois en centre ville, à Brignoles, pour aller voir les boutiques, acheter des vêtements de sport ou des jouets. On avait des amis qui nous disaient « on a vu AC/DC à Brignoles, vous êtes au courant ? ». Et nous, nous devions rester discrètes : « Ah bon ? Il y a AC/DC dans la région ? ». (rires)

Comment occupaient-ils leurs loisirs ?

Agata : Ce n’étaient pas de gros sportifs c’est sûr ! Ils avaient acheté des quads et partaient rouler à travers le domaine. Ils faisaient même des concours. Malcolm avait aussi une passion pour les jouets. Ils étaient tous allés dans Brignoles acheter pleins de jouets, pour leurs enfants sans doute. Mon fils qui avait deux ans et demi à l’époque, m’accompagnait souvent au domaine et les regardait. Pour l’anecdote, c’est d’ailleurs grâce à eux qu’il aime les oeufs au bacon !

Souvent, ils s’installaient dans le salon pour relaxer. Et ils chantaient à tue-tête, ensemble, une bonne humeur incroyable. Ils couraient à droite à gauche, toujours en train de rire, faisaient de folles parties de billard. C’était agréable pour nous de les voir comme ça parce que c’est un dur boulot. On faisait vraiment tout pour leur faire plaisir, que tout soit parfait. C’est vrai qu’on a passé de très bons moments. Moi je reste avec un souvenir merveilleux.

Gilda : ces gens, rien que par leur présence, ils vous mettaient à l’aise, alors qu’on s’attendait au contraire, à des monstres. Il faut venir y travailler à Miraval, ce n’est pas la porte à côté, et bien, du temps d’AC/DC, on adorait ça !

Agata : J’ai toujours un pincement au coeur quand j’y repense, cette époque me manque. A se remémorer ces souvenirs d’il y a vingt ans, je me dis qu’on a vécu des choses simples et extraordinaires à la fois.

Gilda : ce qu’il reste vingt ans après, c’est du bonheur ! Des gens chaleureux, du rire, de la simplicité et de l’humilité. Ce serait à refaire, on y retourne dès demain !

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