Enfin, ce samedi 8 Déc. 79 tant attendu est arrivé, je me réveille,
j'allume ma lampe de chevet sous laquelle trône depuis déjà
un bon moment le sésame pour mon premier concert et pas n'importe quel
concert; celui de mon groupe favori : AC/DC avec Bon Scott s'il vous plait.
La première mais malheureusement la dernière fois aussi où
je verrai Bon en chair et en os. Ce 8 Déc. se passe fébrilement
jusqu'à l'heure du départ. Mon pote, ma copine devenue mon épouse
depuis et moi même mettons les gaz direction Lille. 1/2 heure plus tard
nous arrivons devant les portes du Palais des Sports où environs une
centaine de personnes trépignent déjà d'impatience et de
froid. Il y a là quelques irréductibles en tenue d'Angus, chapeau
bas car la saison ne s'y prête pas. Environ 2 heures plus tard les portes
s'ouvrent, en une fraction de seconde c'est la ruée, la vache ! ça
pousse derrière, j'ai peur pour ma copine mais elle tient bon. Fouille
en règle des vigiles et course effrénée vers la scène.
Nous nous sommes retrouvés à peu près à 2-3 m de
cette scène légèrement sur la gauche. Mieux valait ne pas
être devant car elle était tenue par les plus excités, pour
ne pas dire les plus enivrés, les cadavres de cannettes de bière
amassés à l'entrée de la salle y étant sans doute
pour quelque chose.
De la prestation de Judas Priest, je n'en ai gardé que peut de souvenirs
si ce n'est la voix haut perchée de Rob Alforth. Il faut dire aussi que
le temps passant les souvenirs s'estompe. 27 ans ça commence à
faire long.
Le show des Judas Priest terminé nous attendons dans d'interminables
minutes aux sons des OH OHOHOHOHHHH!! et des Angus!! Angus!!. Nous sommes dans
le noir quand la basse commence à cracher les premiers accords de Live
Wire, puis c'est au tour de la Gretsh jusqu'au moment où les projecteurs
s'allument, braqués sur ce petit lutin en culotte courte, perché
sur une pile d'amplis. Mes poils se hérissent, des frissons me parcourent
le corps, yes!! c'est parti pour 1 heure 30 de bonheur total. Puis mon regard
se porte sur Bon Scott, enfin le voilà mon Dieu vivant, ce chanteur que
je vénère tant depuis déjà 4 années, depuis
ce fameux été 76 où mes oreilles sont tombées folles
amoureuses de cette voix si singulière au son de It's a long way to the
top, il est là à 3m devant moi, en chair et en os. Comment vous
expliquer, je ne trouve pas les mots...Il a fier allure mon Bon Scott, visiblement
en forme, souriant, le torse en avant, se dandinant d'un pas quelque peu maladroit,
il attaque à son tour, ouaahhh!, re-frissons dans le dos. Les morceaux
s'enchaînent, tous aussi impeccables les uns que les autres, le son est
excellent. Angus monopolise tous les regards en courant en long et en travers
et en headbanguant de la tête comme un épileptique sans jamais
lâcher une fausse note, incroyable, où va-t-il chercher toute cette
énergie, ce mec doit venir d'une autre planète. Bon le regarde
de temps en temps se démener comme un beau diable, un petit sourire satisfait
au coin des lèvres. Puis arrive Rocker jusqu'au moment où tous
les projecteurs s'éteignent; que se passe t'il ?, Angus aurait t'il fait
sauter les plombs ?. Apparemment non puisqu'on l'entend toujours jouer, tout
à coup des clameurs s'élèvent dans le public sur la droite
de la scène. Mais bien sûr!, c'est le moment du bain de foule d'Angus.
Un projecteur se rallume, braqué sur Angus qui attaque de plus belle
en solo perché sur les épaules d'un roadie. C'est la folie dans
le public, ça bouscule sévère autour de son passage. Angus
est là parmi nous, voûté sur sa guitare, dégoulinant
de sueur, des roadies lui frayent un passage sans ménagement dans la
foule hystérique jusqu'à remonter de l'autre coté de la
scène toujours à fond sur sa gratte. Vraiment impressionnant,
trop bien, il disparaît un court instant des projecteurs pour réapparaître
perché sur les épaules de Bon, le public exulte. Puis vient LTBR,
le concert arrive déjà à son terme. Bon nous remercie,
les lumières s'éteignent... définitivement. C'est passé
trop vite.
Bon est parti...pour toujours, mais ça je ne le savais pas encore.
Je le reverrai un an plus tard, toujours à Lille, mais cette fois ci
sur grand écran, un pincement au coeur et la larme à l'oeil.
Dur dur...