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Interviews & Articles

Article tiré de « LET THERE BE LIGHT » numéro 7 de Septembre 1994 :


L’article qui suit a été publié dans l’hebdomadaire allemand « POP/ROCK » aux alentours de Juin 1981, soit 15 mois après la mort de BON. Son auteur : MIKE GUNNING, journaliste hollandais et ami très proche du regretté chanteur d’AC/DC.

Il a été suffisamment été reproché à grand nombre de « Pro-BON SCOTT » de vouer un culte aveugle à ce dernier sans l’avoir pourtant jamais approché ou vu sur scène. Quel meilleur hommage pouvait-on donc rendre à BON que de publier dans ce numéro le témoignage d’un de ses fans, bien plus, d’un de ses amis ? Il est si difficle aujourd’hui de trouver des témoins privilégiés de cette époque bénie que nous aurions été bien bêtes de laisser passer une telle occasion.
Ajoutons que cet article nous a aussi séduit pour d’autres raisons : truffé d’anecdotes inconues mais authentiques, cet article relate les 2 derniers concerts niçois de l’ »Highway To Hell Tour » tout en nous confirmant ce qu’on savait déjà, à savoir le méga-professionnalisme de BON. Dévorez à votre tour cet émouvant reportage de MIKE GUNNING non sans avoir au préalable calé « Hell Ain’t A Bad Place To Be » comme musique de fond indispensable !!!


« Nice : le 14 Décembre 1979 »

Les membres d’AC/DC sont descendus à l’hötel MERIDIEN, qui est situé à nviron 50 mètres du « Théâtre de Verdure », la salle de concert où ils vont jouer aujourd’hui et demain. J’attends BON SCOTT dans le hall de l’hôtel. Bientôt, la porte de l’ascenseur s’ouvre et le chanteur d’AC/DC apparaît. Il porte un tee-shirt « Highway To Hell » et son manteau favori en peau de kangourou. Il m’invite à dîner. Avant de sortir, BON passe un coup de fil à ses amis CLIFF et PHIL. ANGUS et sa femme ELLEN préfèrent rester dans leur chambre. Quant à MALCOM, il dort comme un loir. PHIL, CLIFF, BON et moi-mêmes décidons alors d’aller manger une pizza et une salade.

Après dîner, il est grand temps de penser aux derniers préparatifs du show. Dans le « dressing-room » règne une joyeuse ambiance. BON, d’excellente humeur et toujours un verre à la main, me fait goûter une gorgée de son breuvage. Je trempe simplement mes lèvres dans son verre et recrache le tout aussitôt. J’ai la gorge en feu … Il me faudra 2 verres d’eau pour l’éteindre ! BON rigole et m’explique que je viens de goûter à sa boisson préférée, le « Rusty Nail » (Ndlr : « Clou Rouillé » en français), un mélange de cognac, de bacardi et de whisky. Pur !!! Dans les vestiaires, on rit si fort que les murs en tremblent. Les membres de JUDAS PRIEST (groupe de première partie), BON, ANGUS, MALCOM, CLIFF et PHIL s’entendent comme larrons en foire. Aucun différend n’aura opposé les deux groupes durant la totalité de la tournée française.

Peu après le concert d’AC/DC (qui fut fantastique), nous rentrons tous à pied à l’hôtel. Chacun a fait ses provisions de bière, vin, whisky et coca-cola.
C’est aujourd’hui l’anniversaire de CLIFF. Peter MENSCH, le manager d’AC/DC, a loué dans l’hôtel une salle de conférence afin que nous puissions faire la fête sans être dérangés. Dans cette pièce s’entassent, en tout et pour tout, une quarantaine de personnes : tous les roadies, des amis, quelques groupies, les mecs de JUDAS PRIEST et, bien sûr, le groupe au grand complet ainsi que Peter MENSCH. La quantité impressionnante d’alcool que chacun consomme produit bientôt son effet : ANGUS, pour rire, commence à lutter avec un roadie qui doit être au moins 3 fois plus grand et 5 fois plus lourd que lui. Et, quelques secondes plus tard, comme de coutûme dans ces fêtes déjantées, tous les invités roulent sur le sol, se bagarrant pour « de faux » et riant aux éclats comme des débiles.
J’aperçois BON allongé sur le sol. Soudain, le roadie énorme (avec lequel ANGUS a ouvert les hostilités) se laisse tomber de tout son poids sur BON et enfonce son genou dans la poitrine du chanteur d’AC/DC. Je suis sûr d’avoir entendu le bruit d’une côte qui se brise, mais BON ne réagit presque pas et ne semble pas ressentir la moindre douleur !
Aux environs de 3 heures du matin, BON et moi quittons la fête et parvenons à nous traîner l’un contre l’autre jusqu’à la chambre.


« Nice : le 15 Décembre 1979 »

Le réveil est un choc brutal … surtout pour BON ! Il parvient, non sans mal, à parler et me chuchote qu’il peut à peine respirer. Nous nous habillons et déjeunons ensemble. BON se tord de douleur lorsqu’il s’assoit à table : le moindre mouvement est comme une décharge électrique qui lui traverse le corps. Malgré cela, BON est toujours d’accord pour sortir faire quelques achats avec moi. Toutefois, à mi-chemin, il s’arrête et s’excuse : « Désolé MIKE, je n’en peux plus. Chaque pas me tue presque. Il faut que je m’allonge et que j’appelle un médecin ! » Nous rentrons donc à l’hôtel et attendons. Le docteur arrive un quart d’heure plus tard et je lui traduis ce que me dit BON. Il lui fait une piqûre contre la douleur et lui prescrit des cachets qu’il doit avaler dans une demi-heure. Le médecin, craignant les effets secondaires de ces cachets, m’explique également que BON ne doit pas boire d’alcool durant toute la journée. Mais, à peine a-t-il tourné le dos que BON commande un whisky-coca .. et qu’il commençe vraiment à se sentir mieux. Il appelle la chambre d’ANGUS et ELLEN et leur demande s’ils veulent venir faire quelques achats avec nous. Tandis que nous les attendons dehors, BON et moi descendons la rue jusqu’à la grève. A ce moment précis, les pensées de BON sont ailleurs. Il me parle de sa famille en Australie. Je ne l’ai encore jamais vu si sensible !

ANGUS et ELLEN ne sont toujours pas prêts lorsque nous revenons de la grève. Nous remontons dans nos chambres. Je demande à BON si je peux prendre quelques clichés de lui afin de tester mon flash (Je veux prendre des photos du prochain concert et je ne suis pas sûr qu’il fonctionne). BON acquiesce et prend la pose, assis, le verre de whisky à la main, ANGUS et ELLEN font enfin leur apparition et nous partons nous ballader dans le quartier commerçant de Nice pendant des heures. Il en ressort que BON est un dingue de chaussures. Il en achète trois paires et est heureux comme un gamin. Il n’oublie pas pour autant ses amis et sa famille en Australie : il achète des cadeaux et des cartes de vœux qu’il écrira plus tard, dans sa chambre.De retour à l’hôtel, BON et moi commandons des steaks et des bières qu’on nous apporte dans la chambre. Nous disposons encore d’une heure devant nous avant que ne débute le dernier concert de la tournée française. BON s’étend à moitié endormi sur son lit tandis que j’écoute « Radio Monté Carlo ». Le disc-jockey annonce le concert et passe« Shot Down In Flames ». BON ricane et dit en somnolant : « Ce soir, ça va rocker, si mes côtes tiennnent le coup … ».

Plus tard, dans les vestiaires, l’effet des cachets s’estompe. Vingt minutes avant de monter sur scène, BON traîne un long moment dans les vestiaires en se tenant la poitrine et gémit : « Mon Dieu, ça me fait si effroyablement mal ! J’ai bien peur que ce soir .. ». A ce moment-là, je peux parfaitement ressentir la profonde amitié qui règne dans le groupe. Tous sont bouleversés et n’arrêtent pas de demander à BON ce qu’ils peuvent faire pour l’aider. Lorsque le concert commence, BON attend, caché derrière la scène, en s’appuyant sur mes épaules. CLIFF entonne l’intro de « Live Wire ». Soudain, une lumière infernale baigne la scène.. Puis, comme piqué par une tarentule, BON se précipite sur scène en souriant, en hurlant, en saluant ses fans et, de toute sa puissance, il commençe à chanter « Well, if you’re lookin’ for trouble, I’m the man to see … ». C’est à n’y rien comprendre ! Je sais pourtant que BON ressent une terrible douleur à la poitrine. Mais il ne veut pas que ses fans s’en rendent compte. A partir de cette seconde, j’ai été émerveillé bien davantage encore par son Tempérament et sa Personnalité !

Le show terminé, nous passons encore un petit moment au bar de l’hôtel avant d’aller nous coucher. Tandis que nous passons devant la porte de la chambre de CLIFF, nous entendons un curieux bourdonnement. Nous ouvrons la porte : CLIFF joue sur son lit avec une voiture téléguidée qu’il a achetée pour son frère. Des heures durant, nous restons là, assis, à discuter « nanas », « musique », etc …


« Nice : le 16 Décembre 1979 »

Le lendemain est un Dimanche. AC/DC doit quitter la France ensoleillée pour rejoindre la brumeuse Angleterre. Après avoir fait nos bagages et mangé un rapide petit-déjeuner, nous grimpons dans le tour-bus qui nous conduit à l’aéroport. Je m’assois près de BON et lui traduis les compte-rendus journalistiques du show de la veille. BON trouve les critiques satisfaisantes et est content. Avant qu’il ne franchisse la douane à l’aéroport, il promet de me téléphoner lorsqu’ils enregistreront le nouvel album !

J’ai juste le temps de lui payer un café, de le remercier pour ce superbe week-end, de dire « au revoir » à ANGUS, CLIFF, PHIL et MALCOM .. que, déjà, ils se sont envolés. Ce fut la dernière fois que je vis BON SCOTT, 65 jours plus tard, il était mort !

 

Merci à Philippe Lageat, rédacteur en chef du Fanzine Let There Be Light et du magazine ROCK HARD
Transcription : Yop
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