Peux-tu nous dire un mot sur votre grand retour live au Japon après
19 ans d'absence ?
C'est marrant, avant de monter sur scène pour le premier show à
Tokio, on nous a dit : "souvenez vous qu'ici le public est très
calme, reste assis et n'applaudit qu'à la fin des morceaux. Il est très
poli". Quel ramassis de conneries ! Comme partout ailleurs dans le monde,
le public a pété les câbles dès que nous avons joué
la première note ! (rires) Sinon, j'ai noté que le pays avait
énormément changé. Ne serait-ce qu'au niveau démographique.
Incroyable le nombre de gens qu'on voit dans la rue, une vraie fourmillière.
Où qu'on aille, il y a du monde, partout. Lorsque nous nous sommes rendu
au Japon pour la première fois, en 1981, nous avons pris le train pour
aller de Tokyo à Nagoya, je me souviens être passé devant
le mont Fuji : il n'y avait là que des champs et de petits villages à
perte de vue. Aujourd'hui, la ville s"est étendue jusque là.
Il y a des habitations et des bâtiments partout, c'est la folie. Sans
parler de cette brume marron qui flotte dans l'air, ces nuages de pollution...
Il y a tellement d'usines là-bas. Beurk, je n'ai jamais rien vu de tel.
C'est bien simple, Los Angeles à franchement l'air clean à coté
de Tokyo. C'est dire... Pour le reste, c'est un pays fantastique et remarquable
pour son paradoxe tradition/modernité. Il ont des tas de trucs hyper
modernes qui n'arriveront en Europe que d'ici quelques années, ces monstres
minuscules avec des écrans de télé, etc...
Sur votre récente tournée d'été vous avez joué
de titres qu'on ne s'attendait pas à voir dans votre setlist : "Problem
Child", "Up To My Neck In You", What Do You Do For Money Honey",
"Gone Shooting", etc. Les avez-vous joués pour "remercier"
vos fans ls plus fidèles ?
Oui, absolument. Comme tu le sais, nous avons joué à Paris un
titre que je n'avais chanté auparavant, "Ride On". J'étais
terrifié à l'idée de le jouer live. Malcolm m'a demandé
:
- "Ca te dit, Brian ?"
- " J'adorerais... mais je ne pourrais jamais la chanter comme Bon (Scott)
car je n'ai pas le même type de voix."
Et Mal m'a répondu : "chante la comme tu le sens". Nous n'avaons
joué ce morceau qu'en France car le public, chez vous, l'adore plus que
quiconque au monde. Et il se trouve que c'est également mon titre préféré
d'AC/DC. Putain, l'émotion était palpable lorsque nous l'avons
joué. C'était un moment tel que nous ne voulions pas nous arrêter.
J'aurais bien continué à chanter "Riiiide Oooon" comme
cela pendant des heures. Tout le public reprenait le refrain en choeur. J'étais
quasiment en larmes quand j'ai quitté la scène. Gé-ni-al
! J'avais la chair de poule... Et John Lee Hooker nous avait quitté la
veille. C'était aussi un hommage qui nous lui rendions. Quelle soirée
! Nous avons immortalisé ce concert en vidéo. Nous avions déja
décidé de filmer le show de Munich pour le DVD mais Malcolm, qui
a du flair et qui sentait que le concert parisien allait être spécial
a demandé que ce dernier soit également filmé. Et je suis
trop contant qu'il ait eu cette idée. Bref, nous avaons ça sur
bande et j'éspère qu'un jour, nous le sortirons d'une manière
ou d'une autre. C'était tellement spécial... Au fait, quand j'y
repense, il faut que je dise quelque chose au public français au nom
de Malcolm, lorsque nous sommes revenus dans les loges, Malcolm était
vraiment emmerdé car il avait oublié de mettre le maillot de foot
de l'équipe de France pour jouer l'ultime appel, il était d'autant
plus déçu que, lorsque nous étions au backstage
avant de jouer le morceau, il était venu nous voir un par un :
-"N'oublie pas ton maillot ! N'oublie pas ton maillot ! Etc."
- "Ouais, ouais, c'est bon, je l'ai !"
Il était tellement énervé à l'idée qu'on
puisse oublier nos maillots... qu'il a oublié le sien !! (fou rire).
Et il n'a pas réalisé jusqu'à ce qu'on remonte sur scène
: "Et merde !". Par la suite, tous les fans qu'on a croisés
nous ont demandé pourquoi Malcolm avait été le seul à
ne pas porter le maillot : "il n'aime pas l'Equipe de France ? C'est quoi
son problème ?" (rires). Cette question va lui être posée
jusqu'à la fin de ses jours, je crois... Le truc avec Malcolm, c'est
qu'il est toujours en train de réfléchir car il veut que tout
soit parfait. Alors, franchement, ça m'a fait pisser de rire. J'en rigole
encore d'ailleurs !
Avant la tournée, vous avez également répété
des titres comme "Touch Too Much", "Can't Stand Still",
"Let's Get It Up", "Given The Dog A Bone", etc., des morceaux
que vous n'avez malheureusement pas joués par la suite. Après
l'expérience Stade de France ("Ride On") et les diverses
surprises à Munich ("Shot Down In Flames") et Cologne ("Gone
Shootin"), ne pensez-vous pas désormais que le fait de changer un
ou deux titres de la set-list chaque soir est quelque chose de terriblement
excitant tant pour vous que pour vos fans ?
C'est plus délicat qu'il n'y paraît car il n'y a pas que le
groupe sur scène. Il y a également toute l'équipe lumière
(qui est entièrement informatisée) ainsi que les techniciens son
et nous ne pouvons nous permettre de ne pas tenir compte de ces gens-là.
Je ne dit pas que ce n'est pas possible... C'est tout à fait jouable.
Mais il faut faire des choses dans les règles et ne pas foutre la pagaille
à la première occasion.
Ceci dit, il est tout à fait possible d'improviser puisque vous l'avez
fait à Madrid le 11 décembre 2000 en décidant, pendant
le set, de jouer "Sin City" au culot...
Oui, je me souviens. Je ne savais même pas, en montant sur scène,
que nous allions la jouer. Jamais je n'oublierais. Au milieu du show, voilà
Malcolm qui me dit que nous alions improviser sur "Sin City". Paniqué,
je lui réponds que je n'ai pas chanté ce titre depuis 10 ans et
que je ne me souviens même pas des paroles... Et Mal me sourit et glisse
: "Bah, on s'en fout, on va la jouer quand même !". Du coup,
me voilà en train de chanter en yaourt et d'improviser de nouvelles paroles.
Comment Mal a-t-il pu me faire ça ? Je lui jette un coup d'oeil pendant
le morceau et je m'aperçois qu'il a ce petit regard malicieux qui en
dit long. Clairement, il est en train de prendre son pied à me voir patauger
! Petit bâtard ! On s'est bien marrés après coup, dans les
loges. Du coup, le lendemain après-midi, j'ai réécouté
le titre à l'hôtel histoire de me rafraîchir la mémoire
et le soir, lorsque nous avons remis ça, j'étais au point cette
fois. Je me souviens avoir annoncé le morceau de la manière suivante,
histoire de me moquer de moi-même : "Vu le désastre d'hier,
voilà "Sin City Part
2" ! "
Parlons du nouveau DVD que vous avez filmé à Munich. Pourquoi
ne pas avoir choisi le concert de Prague (comme originellement prévu)
ou celui de Paris ?
Honnêtement, je suis bien incapable de répondre à cette
question. Peut-être est-ce tout simplement dû au fait que le stade
de Munich est une merveille d'architecture. Ou encore le fait que les emplois
du temps de l'équipe de tournage et de l'ingé-son coïncident
avec cette date. Oui, je pense que ce choix a été fait de manière
à faciliter le côté technique de l'affaire. (Ndlr : En fait,
renseignements pris auprès de Malcolm, Munich a été choisi
parce que le concert a été le premier complet de l'ensemble des
dates d'été. Le groupe voulait jouer devant un stade archi-bondé.
La prochaine fois, en France, il faudra qu'on achète nos billets plus
rapidement...)