Dick Barnatt, photographe, (juin 2010) pour H2ACDC.COM
Ma carrière de photographe a commencé dans une agence de pub appelée TRP et basée à Londres. J'y suivais une formation d'illustrateur parallèlement à mon boulot et je gagnais cinq livres par semaine lorsque l'on m'a proposé un poste payé sept livres et demie au service photographies... J'ai donc vendu mon âme à la photo pour deux livres et demie...
Quand je bossais pour TRP, j'ai rencontré l'homme qui allait devenir mon mentor. C'est même lui qui m'a vendu mon premier appareil photo. Trois ans après avoir quitté TRP, nous avions tous les deux suivi nos routes respectives mais un soir, à un concert de Rory Gallagher à Croydon, nos chemins se sont recroisés et il m'a proposé de devenir manager de son studio, chose que j'ai faite pendant un an avant qu'il ne parte pour les USA.
Son nom était.. Fin Costello. Et Fin est devenu l'un des photographes rock les plus connus dans le monde. Je me réjouis d'être encore en contact avec lui aujourd'hui.
Oui, la photographie rock diffère des autres types de photographies. Déjà, tu dois utiliser du matériel simple et pratique, car la seule lumière que tu possèdes, est celle de la scène. Pour les premières photos que j'ai prises, j'ai utilisé la technique du "fill in" au flash (1) parce qu'il n'y avait pas beaucoup de lumières dans cette salle de concert. L'autre technique est évidemment, de bien observer la manière dont les artistes se meuvent et d'attendre le bon moment.. Pour le reste… un bonne part de chance...
J'ai été le premier à photographier AC/DC en Europe car je travaillais pour Atlantic Records à l'époque. Au service presse, il y avait cette fille... Coral Browning et son frère Michael était le manager du groupe. La première fois qu'ils sont venus, on m'a demandé de les photographier live et de faire quelques photos promos avec eux. Mon studio se trouvait à Lancaster Gate et Michael m'a contacté pour savoir si je pouvais l'aider à trouver un bureau à Londres. Le mien ne suffisait pas car il y avait pas mal de passage dans mon studio à l'époque. Je me souviens qu'un jour Alice Cooper, maquillé, est allé chercher un sandwich en face. Au moins, il n'avait pas pris le serpent avec lui... Michael a trouvé un bureau pour lui et le groupe à Shepherds Market London, peu de temps après que sa femme accouche. Je suis à cette occasion allé à l'hôpital immortaliser le moment.
En fait, ce n'était en rien créatif. C'était juste inspiré de la réalité. Peu importe où je le croisais, Angus buvait toujours du lait. Il doit aujourd'hui avoir des os en béton ! en tous cas, pour moi, ça explique sa forme actuelle.
Non, jamais. Ma première impression fut que j'avais devant moi une belle bande d'australiens sympathiques. C'était des gars sympas, partants pour beaucoup de choses, particulièrement Mark.
Il n'y avait pas d'égo à gérer et les sessions photos que nous avons faites ensemble se sont toujours déroulées dans une ambiance de bonne rigolade.
Pour moi, surtout un choc visuel. Ils étaient remplis d'énergie, c'en était même souvent difficile d'arriver à les photographier. Les salles étaient petites, les lumières pourries... dans les grands stades aujourd'hui... ça doit être bien plus facile.
Un Nikon 35mm. J'ai changé pour Olympus quelques années plus tard après qu'on m'ait volé mon matériel à un concert de Sid Vicious.
Non, je n'ai pas eu le sentiment qu'ils allaient devenir si grands si vite. A l'époque, je passais pas mal de temps avec les Heavy Metal Kids qui étaient également un bon groupe et donnaient de bons shows, mais ils n'ont jamais vraiment percé, bien que Gary Holton est un acteur connu aujourd'hui à la télé anglaise.
Les gars d'AC/C étaient bruts et solides, et plus que tout, c'étaient de très gros bosseurs. Ils ont forcés leur destin.
Pour moi, Bon Scott était quelqu'un de simple, sans égo, toujours en train de sourire et de déconner. J'ai un souvenir de lui backstage demandant au petit copain d'une fille comment il avait trouvé le show. Le gars n'a pas été particulièrement sympa dans sa réponse et je connais un grand nombre de rock stars hautaines qui l'auraient immédiatement dégagé. Bon lui a répondu "each to their won mate" (chacun ses goûts mon pote) et lui a offert une bière. Bon était à la fois quelqu'un qui pouvait boire et faire la fête, mais était très loin d'être idiot ou hors de contrôle.
Je n'ai pas beaucoup d'objets souvenirs mais j'ai des images en tête que je garderai toute ma vie. Le meilleur sûrement, c'est d'avoir rejoint la scène avec Led Zeppelin au Earls Court. Je rejoignais le coin des photographes et ils rejoignaient la scène. Au moment où ils commençaient à monter sur scène, j'ai senti les applaudissements me transpercer. Pour les mauvais… je me souviens être tombé en panne plusieurs fois à l'étranger, mais rien de bien grave.
J'essaie simplement de saisir le plus intéressant, le bon moment, le bon détail.
Avant, pas le choix.. c'était du noir et blanc pour les magazines de musique. Puis la couleur est venue petit à petit, jusqu'à totalement s'imposer. Et puis aujourd'hui, il est tellement facile de convertir de la couleur en noir et blanc avec le numérique...
As-tu déjà été dans une situation de frustration où, alors que tu en étais dépourvu, tu aurais aimé avoir ton appareil avec toi ?
Un million de fois je pense.
J'ai été secoué. Avec du recul je me dis que c'est vraiment dommage qu'il ait raté le grand succès. Bon était plus qu'une rock star qui a bu quelques coups de trop. C'était un vrai, authentique mec bien.
Je n'y ai pas trop réfléchi. J'ai toujours trouvé que Bon sonnait comme Dan McCafferty de Nazareth. Que dire aujourd'hui... il est évident que Brian était le bon choix.
Je n'ai pas vraiment d'albums préférés. J'ai toujours aimé les premiers albums qu'ils m'ont donné, les copies australiennes et j'ai toujours adoré "The Jack", terme que je ne connaissais pas. Je sais que certaines de mes photos ont été utilisées dans des livrets officiels mais je n'ai pas ces copies là. J'ai toujours gardé mes copies australiennes.
Mes projets actuels concernent les voyages. Je viens de finir un livre sur le Transsibérien express.
Je dois pouvoir vous trouver ça….
Je voudrais évidemment les remercier, c'est en grande partie grâce à eux que je continue à vendre mes clichés d'AC/DC à des magazines du monde entier !
(1) : Le « fill-in » au flash désigne une technique précise : mêler la lumière disponible et la lumière fournie par le flash de manière peu visible, de manière à compenser une luminosité un peu faible ou un contraste trop violent entre le sujet et l'arrière-plan avec un résultat naturel. Cette technique permet d'éclairer convenablement un sujet sur un fond sombre qui nécessiterait autrement un temps d'exposition trop long.