Stiff Upper Lip
Sur Can't Stand Still, c'est Malcolm qui a enregistré la partie solo !
Il souffle dans l'AC/DC du milieu des années 90 comme un parfum old-school, bien amorcé par Ballbreaker, et confirmé, 1 an plus tard par la sortie du coffret Bonfire. Tanés depuis des années par les fans, les frères Young se décidèrent enfin à rendre aux trésors enfouis dans les coffres d'Albert Production, le sort qu'ils méritaient tant. Si Bon n'a jamais été oublié ni par le groupe, ni par les fans, sa présence avait rarement été aussi présente, en témoigne la place faite à Highway to Hell dans la setlist du Ballbreaker Tour.
Dans cette optique, la nomination de George Young à le tête de la production du prochain album fut presque naturelle. Et pourtant, si crédit il lui était donné sur Flick Of the Switch, et manettes rendues pour le furtif Who Made Who et Blow Up Your Video, on peut considérer qu'en cet été 1999, celà faisait plus de vingt ans que le grand frère n'avait pas entièrement supervisé l'enregistrement d'une dizaine de nouvelles compositions. C'est aux Warehouse Studios de Vancouver (studio appartenant à Bryan Adams... sisi), que l'équipe, tout analogique devant, choisît de s'enfermer pendant trois mois. De parole de Brian Johnson, la qualité d'un album d'AC/DC se jauge à la quantité de fumée stagnante dans le studio, et toujours de son propre aveu: "Stiff Upper Lip is a 135 000 cigarette album..."
L'album s'ouvre sur la chanson éponyme, riff que l'on doit à la Chuckberrite aigue dont souffrent les frères Young depuis leur plus jeune âge, comme expliqué par Angus lors du Australian Guitar TV show en 2001. Le plaisir est d'ailleurs immédiat et la production très vite annoncée. Dans la continuité de Ballbreaker, l'accent est mis sur le côté cosy et brûlant et les premières notes sonnent comme un retour à la maison, à l'essentiel. Phil est en avant et son plaisir évident sur un album qu'il déclarera comme l'un de ses préférés. Quelle performance.. Et cet album peut à lui seul mettre un terme à beaucoup de débats sur la section rythmique du groupe... Stiff Upper Lip s'avère vite être un des albums les plus bluesy d'AC/DC et si Angus se retrouvait étrangement en retrait sur Ballbreaker, il s'en donne à coeur joie sur Stiff Upper Lip, comme sur ce solo de « Hold Me Back », grand de simplicité, fort de blues, évident de groove et pourtant impossible à égaler. Que dire de celui de « Can't Stand Still », qui, fait rare, est réalisé par Malcolm, preuve une nouvelle fois que le premier de ses inconditionnels n'est autre que son frère. La voix de Brian bénéficie de la vista du grand frère George et est parfaitement mise à l'honneur.
Les thèmes abordés sont inchangés (paroles d'Angus & Malcolm), sexe, rock'n'roll, et autres titres inspirés d'anecdotes comme « House of Jazz », expression sortie par Malcolm à son frère à son entrée dans une chambre d'hôtel de Los Angeles aux allures de grand fourre-tout déluré. Chose assez rare, deux chansons illustrent un certain parti pris dans des faits de société, « Satellite Blues » & « Safe in New York City », cette dernière ayant été censurée à la radio américaine après les événements du 11 Septembre 2001… On comprends aisément pourquoi. Mais cette fois ci pour des raisons inexpliquées, « Cyberspace » ne fera pas partie de « Stiff Upper Lip » mais on la retrouvera par exemple en face B du CD-Single Safe in New-York City en Europe ou du CD Single Japonais Stiff Upper Lip.
La pochette est dans la lignée de celle de Ballbreaker, c'est à dire de l'AC/DC pur et simple. Angus, statufié en ville, point levé et duckwalk en marche. La statue (renommée Junior ensuite dans la tournée) deviendra un élément scénique important de la tournée qui suivra. Plusieurs clips seront tournés dont le principal, « Stiff Upper Lip », contenant un clin d'oeil sympathique à » It's a Long Way To The Top » (« Satellite Blues » et « Safe in New-York City » auront également leurs clips).
Quant au nom de l'album... c'est une idée d'Angus, qui déclarera avoir toujours trouvé que les stars de Rock'n'roll avaient cette manie de gonfler les lèvres à la façon de Brigitte Bardot… Comme lui-même sur Highway To Hell ?
Stiff Upper Lip sort en France le 25 février 2000 et se vendra à environ 250 000 exemplaires durant l'année. Les fans français auront droit à une séance de dédicace au Virgin Megastore de Paris, une interview... et un live à l'émission de Canal + Nulle Part Ailleurs. Stiff Upper Lip confirme le retour d'AC/DC à des bases plus blues et rock'n'roll, retour amorcé par Ballbreaker dès 1995. Mais plus que son prédécesseur, il bénéficie d'une production parfaite signée George Young. Il ne faut d'ailleurs pas plus de quelques secondes pour tomber sous son charme...