Lors des vacances d’été 1976, Jean-Paul, alors âgé
de 16 ans, se retrouve dans la banlieue londonienne chez son correspondant anglais
! Jusque là, rien de bien extraordinaire me direz-vous ! A ceci près
que George (le correspondant anglais !) a un grand frère qui titille
la « guitrique électare » J, et, par conséquent, s’intéresse
un tant soit peu à la musique teintée de rock !
Ce grand frère a pour habitude de fréquenter régulièrement
le célèbre Marquee de Londres, là où divers groupes
de rock évoluent sur scène ! Ce lundi soir là, le «
grand frère » propose à Jean-Paul et George de l’accompagner
pour découvrir un groupe dont on lui a parlé à maintes
reprises, et qui, soit disant, déménage un maximum ! De plus,
le « grand frère » précise que ce groupe a obtenu
ce que l’on appelle une « résidence » au Marquee !
C’est à dire que le groupe vient jouer régulièrement
à un jour précis de la semaine ! Vu la difficulté d’être
un « habitué hebdomadaire »de cette scène londonienne,
la qualité inhérente à ce combo doit être évidente
! Au début réticents, nos deux compères acceptent finalement
l’invitation et se retrouvent moins d’une heure plus tard , assis
à une table au sein de ce fameux Marquee. Jean-Paul avouera s’être
senti mal à l’aise dans les premiers instants ! La réputation
des anglais à ingurgiter des quantités astronomiques de bières
s’avérait exacte ! Bref, notre français exilé observait
tout ce microcosme évoluer autour de lui quand soudain, un bruit venu
d’outre tombe le tira de sa positon d’observateur ! Le fameux groupe
dont on avait parlé au frère de George était là,
sur scène, et, bien qu’AC/DC lui était totalement inconnu,
Jean-Paul compris tout de suite qu’il se produisait quelque chose pour
le moins unique !
Ce qui peut paraître surprenant, (voire anodin) c’est que le premier
choc visuel fut pour Jean-Paul, non pas les prestations d’Angus et Bon,
mais les bottes que
Malcolm portait ce soir là ! D’ailleurs, Jean-Paul ne serait pas
étonné que celles-ci soient les mêmes que celles que l’on
peut voir sur la photo au dos de la pochette « High Voltage » (version
européenne). Bref, toujours est-il que notre petit français était
là, assis à une table, découvrant sur une scène
anglaise, un groupe presque inconnu en Angleterre, mais numéro 1 en Australie….
Mais ça, une majorité du public semblait l’ignorer !
Aujourd’hui, pour Jean-Paul, ses souvenirs sont un peu lointains.. mais
quelques détails persistent dans sa mémoire et l’incitent
à porter un jugement sur la formule actuelle d’AC/DC ! Selon lui,
en 1976, le groupe était habité d’une spontanéité
lui faisant cruellement défaut aujourd’hui où tout semble
calculé d’avance ! «Aujourd’hui, il n’y a plus
de place pour le hasard dans les concerts du groupe ! » ! Preuve en est
que ce soir là, Angus a cassé une corde de sa guitare en plein
milieu d’un chorus semblant improvisé ! (1) Les
autres membres du groupe, notamment Malcolm et Bon, se sont livrés à
un échange ressemblant à un duel de plans rythmiques et de vocalises
! « C’est peut-être con à dire, mais j’imagine
mal un tel scénario, une telle spontanéité aujourd’hui
! ».
Ce qui a frappé Jean-Paul, c’est également la vitesse d’exécution
du strip tease d’Angus effectué sur « Baby, please don’t
go » ! Notre français exilé se souvient parfaitement de
ce morceau puisqu’il connaissait déjà ce standard de Blues,
trouvant hallucinant et original de le voir interprété à
un tempo aussi débridé ! Rapidité du « strip »,
car ici, en deux minutes, tout était réglé….. contrairement
à maintenant où Angus joue avec le public pendant une bonne quinzaine
de minutes !
Enfin, comment ne pas se souvenir de Bon Scott ! « Ce mec là, il
semblait sorti tout droit d’un quartier mal famé ! Paradoxalement,
malgré son air sympathique, il faisait presque peur, tellement il en
imposait ! ».
Ce que Jean-Paul retient surtout de ce concert, c’est l’osmose parfaite
entre cinq musiciens, une hargne, parfois sauvage et pour le moins inédite
dans le monde du rock… et malheureusement, un public parfois indifférent
! Combien d’entre eux se souviennent d’avoir vu le groupe à
ses débuts ? Jean-Paul a eu du mal à trouver le sommeil ce soir
là ! Il était convaincu d’avoir eu le privilège d’assister
à un événement exceptionnel ! Privilège que beaucoup
lui envieraient par la suite !
Quelques jours plus tard, Jean-Paul est rentré à Paris !