Let There Be Light : On n'a pas su grand chose du concert de Moscou. Pouvez-vous
nous en dire quelques mots ? On a été mis au courant trop tard
et avec les problèmes de visas
Malcolm : On n'a pas eu beaucoup de temps nous non plus ! (rires). On
a su que le concert de Moscou allait avoir lieu 7 à 10 jours seulement
avant l'événement.
Angus
: Heureusement que tout cela s'est décidé rapidement, car si je
l'avais su plus tôt, j'aurais été très nerveux. Il
y avait tellement de monde
.
Malcolm : Le pays lui-même est très pauvre. Tout ce qu'on
peut lire dans les journaux est vrai. Ils ne mentent pas. Quand tu te rends
là-bas, tu constates, de tes propres yeux, que c'est un véritable
gâchis. Mais les Kids étaient exceptionnels. Ils fabriquent leurs
propres pochettes d'albums et leurs posters. Ils se les dessinent car ils ne
peuvent pas avoir les vraies pochettes. (Malcolm, visiblement très touché,
insiste)
. Ils les dessinent eux-mêmes ! Tu es obligé de
te sentir désolé pour eux. Ils n'ont que des cassettes pirates
mais pas de " vrais " pirates ! Non, simplement des copies
de copies de copies d'albums officiels. Ils n'ont rien
. Ils n'ont même
pas de walkmans pour écouter quoi que ce soit.
On parle de la sortie d'une cassette vidéo filmée à Moscou
par la Time Warner et qui contiendrait des titres d'AC/DC ? (Ndlr : Rappelons
que l'interview a lieu le 7 Octobre 1992).
Malcolm : Ouais, il y aura peut-être aussi quelques extraits d'interviews.
Stewart : Elle contiendra 4 morceaux d'AC/DC. C'est très bien
ficelé. Ca va s'appeler " Let There Be
", euh, non,
" For Those About To Rock ".
Malcolm : C'est pas mal du tout.
Savez-vous précisément combien de spectateurs il y avait ce jour-là
car les chiffres varient dans les journaux ?
Malcolm : Je ne sais pas. Personne ne sait. Personne n'a pu compter,
il y avait trop de monde. C'était énorme (pas comme à Donington
où il y avait des barrières) et c'était gratuit. Les Kids
venaient de partout. La foule s'étendait sur plus d'un mile ou un mile
et demi (Ndlr : environ 2 km). Sur scène, on n'en voyait pas la fin.
Angus : Je crois me souvenir que, tôt le jour du concert, un militaire
m'a dit qu'il y avait 800 000 personnes. Pour moi, on peut dire 800 000. Si
l'on considère le nombre de spectateurs, il s'agit du concert le plus
important qu'on ait jamais donné.
Malcolm : Sur place, il y avait pas mal de cameramen anglais qui disaient
(Malcolm prend un accent épouvantable) : " J'ai déjà
assisté à des matchs de foot au milieu de 100 000 spectateurs
". Nous avons donc eu des chiffres qui oscillaient, selon les sources,
entre 100 000 et 2 millions ! (rires). Il s'agit en tout cas de la foule la
plus dense devant laquelle nous ayons jamais joué, de loin !
Il paraît que vous êtes entrés dans le " Guinness Book
des Records " avec ce concert ?
Malcolm : Je ne le savais pas. Par contre, je connais bien la compagnie
qui s'occupait du son. Le système d'amplification était le plus
puissant jamais utilisé lors d'un festival en plein air. C'était
un véritable four à micro-ondes : les câbles avaient une
telle puissance et étaient si longs que les sons étaient comme
passés au four à micro-ondes lorsqu'ils parvenaient au fond de
l'enceinte.
Angus : On aurait pu y faire cuire de la nourriture ! (rires)
Suite au concert de Moscou, vous vous êtes rendus en Australie. Là
aussi, l'ambiance a dû être dingue ?
Malcolm : C'est le cas à chaque fois que nous y allons. Cela faisait
trois ans qu'ils ne nous avaient pas vus.
En avez-vous profité pour voir la famille ?
Malcolm : Oui, nous avons revu les parents de Bon et son ex-femme à
Perth. Ils viennent toujours nous rendre une petite visite. Chick, le père
de Bon, aime venir nous dire Bonjour à l'hôtel, mais il ne vient
pas aux shows.
Angus : La mère de Bon vient toujours aux concerts. Les enfants,
les neveux, les frères
. Toute la petite famille vient. (rires)
Et avez-vous revu Phil Rudd ?
Angus : Oui, il avait l'air en pleine forme, il respirait la santé.
Il est venu nous voir au Show d'Auckland (Ndlr : Phil habite à Rotorua).
Malcolm : Nous l'avions invité. C'était la première
fois que nous jouions en Nouvelle-Zélande. Nous lui avons donc passé
un coup de fil.
Il est toujours branché " hélicoptères " ?
Angus : Il nous a dit qu'il possédait toujours la compagnie d'hélicoptères,
mais que ça lui occasionnait trop de problèmes. (rires)
Malcolm : Il possède un studio d'enregistrement. Ca lui permet
de garder un pied dans le " business ".
Vous restez proches de lui ?
Malcolm : Nous ne restons pas en contact en permanence, loin de là.
Nous vivons chacun de notre côté mais, à l'occasion, on
essaie toujours de se rencontrer. Il arrive qu'on ne se voie pas pendant un
bail.
La Tournée Australienne s'est achevée en Octobre 1991. Or, nous
sommes en Octobre 1992. Qu'avez-vous fait durant ces 12 mois ? Vous avez pris
des vacances ?
Malcolm : Des vacances ??? (rires). Si on peut appeler ça des
vacances
Angus et moi continuons à écrire des chansons.
Le mois dernier, George nous a parlé d'un de ces titres inachevés
qui a pour nom " Hard On". Il nous a dit : " Hard On est la meilleure
chanson d'AC/DC que j'aie jamais entendue ! ". (Les 2 frères semblent
très surpris de l'indiscrétion de George).
Malcolm
: C'est une chanson extra, mais nous ne l'avons jamais terminée. Nous
avons simplement enregistré une Bonne démo. On a commençé
le travail de pré-production de " The Razor's Edge " avec George.
Dans un premier temps, nous sommes allés à Dublin. Mais George
avait de gros problèmes personnels et il a fallu qu'il rentre chez lui
précipitamment. Ca a été une période difficile pour
lui
Les mauvais ennuis au mauvais moment. Il nous a dit : " Faites
ce que vous voulez, les gars. La balle est dans votre camp ". On a réfléchi
pendant un moment : les Fans attendaient le nouvel album. Nous étions
réunis tous les 5 (c'est pas évident de nous avoir tous ensemble).
Alors on s'est envolé pour Vancouver où on a retrouvé Bruce
Fairbairn. Mais, entre temps, on a enregistré un Bon nombre de titres
sur maquette, et, malheureusement, " Hard On" n'a jamais pu être
terminée.
A-t-on des chances de la voir figurer sur le prochain album studio ?
Malcolm : Ca m'étonnerait, mais on ne sait jamais. Si elle s'harmonise
bien avec les nouveaux titres, quelque chose pourrait bien en sortir.
Angus : C'était une Bonne chanson, et lorsque nous l'avons composée,
nous l'avons fait dans un certain nombre de " clés ". Nous
avons ensuite essayé différentes " clés " pour,
finalement, n'en retenir qu'une. Mais ça ne correspondait pas à
la Bonne portée (vocale) de Brian. Certaines " clés "
lui réussissent mieux que d'autres, et si on avait essayé de jouer
" HARD ON " sur la portée favorite de Brian, le résultat
aurait été bien meilleur. George a raison, c'est une super chanson,
mais on ne veut pas la gâcher. On veut en tirer le meilleur, c'est pourquoi
on l'a mise de côté et on ne l'a finalement pas retenue. Maintenant,
on peut toujours la retravailler et la retranscrire avec une autre " clé
". Mais à l'époque de " The Razor 's Edge ", on
a été pressés par le temps. Le dernier jour de studio,
on devait l'enregistrer et on s'est dit : 'Ca a beau être une Bonne chanson,
ça serait cruel de lui faire une injustice en l'enregistrant à
la va-vite ". On la conserve donc bien précieusement, et si on en
a envie, on la retravaillera comme cela a déjà été
le cas avec certains morceaux d'anciens albums.
Malcolm : Le groupe doit être satisfait de ses compositions à
100 %. Lorsque tu es chez toi, tu peux t'asseoir et enregistrer la démo
que tu veux. Mais quand tu essaies de la jouer avec le groupe lors de répétitions
ou de séances de pré-production, ça ne sonne plus du tout
pareil. On joue trop fort (rires) ! En studio, ton morceau est passé
à la loupe, au peigne fin, avant d'être définitivement enregistré.
Et c'est là que tu réalises toutes ses imperfections.