Les membres dAC/DC sont descendus à lhötel MERIDIEN, qui est situé à nviron 50 mètres du « Théâtre de Verdure », la salle de concert où ils vont jouer aujourdhui et demain. Jattends BON SCOTT dans le hall de lhôtel. Bientôt, la porte de lascenseur souvre et le chanteur dAC/DC apparaît. Il porte un tee-shirt « Highway To Hell » et son manteau favori en peau de kangourou. Il minvite à dîner. Avant de sortir, BON passe un coup de fil à ses amis CLIFF et PHIL. ANGUS et sa femme ELLEN préfèrent rester dans leur chambre. Quant à MALCOM, il dort comme un loir. PHIL, CLIFF, BON et moi-mêmes décidons alors daller manger une pizza et une salade.
Après dîner, il est grand temps de penser aux derniers préparatifs du show. Dans le « dressing-room » règne une joyeuse ambiance. BON, dexcellente humeur et toujours un verre à la main, me fait goûter une gorgée de son breuvage. Je trempe simplement mes lèvres dans son verre et recrache le tout aussitôt. Jai la gorge en feu Il me faudra 2 verres deau pour léteindre ! BON rigole et mexplique que je viens de goûter à sa boisson préférée, le « Rusty Nail » (Ndlr : « Clou Rouillé » en français), un mélange de cognac, de bacardi et de whisky. Pur !!! Dans les vestiaires, on rit si fort que les murs en tremblent. Les membres de JUDAS PRIEST (groupe de première partie), BON, ANGUS, MALCOM, CLIFF et PHIL sentendent comme larrons en foire. Aucun différend naura opposé les deux groupes durant la totalité de la tournée française.
Peu après le concert dAC/DC (qui fut fantastique),
nous rentrons tous à pied à lhôtel. Chacun a fait
ses provisions de bière, vin, whisky et coca-cola.
Cest aujourdhui lanniversaire de CLIFF. Peter MENSCH, le manager
dAC/DC, a loué dans lhôtel une salle de conférence
afin que nous puissions faire la fête sans être dérangés.
Dans cette pièce sentassent, en tout et pour tout, une quarantaine
de personnes : tous les roadies, des amis, quelques groupies, les mecs de JUDAS
PRIEST et, bien sûr, le groupe au grand complet ainsi que Peter MENSCH.
La quantité impressionnante dalcool que chacun consomme produit
bientôt son effet : ANGUS, pour rire, commence à lutter avec un
roadie qui doit être au moins 3 fois plus grand et 5 fois plus lourd que
lui. Et, quelques secondes plus tard, comme de coutûme dans ces fêtes
déjantées, tous les invités roulent sur le sol, se bagarrant
pour « de faux » et riant aux éclats comme des débiles.
Japerçois BON allongé sur le sol. Soudain, le roadie énorme
(avec lequel ANGUS a ouvert les hostilités) se laisse tomber de tout
son poids sur BON et enfonce son genou dans la poitrine du chanteur dAC/DC.
Je suis sûr davoir entendu le bruit dune côte qui se
brise, mais BON ne réagit presque pas et ne semble pas ressentir la moindre
douleur !
Aux environs de 3 heures du matin, BON et moi quittons la fête et parvenons
à nous traîner lun contre lautre jusquà
la chambre.
Le réveil est un choc brutal surtout pour BON ! Il parvient, non sans mal, à parler et me chuchote quil peut à peine respirer. Nous nous habillons et déjeunons ensemble. BON se tord de douleur lorsquil sassoit à table : le moindre mouvement est comme une décharge électrique qui lui traverse le corps. Malgré cela, BON est toujours daccord pour sortir faire quelques achats avec moi. Toutefois, à mi-chemin, il sarrête et sexcuse : « Désolé MIKE, je nen peux plus. Chaque pas me tue presque. Il faut que je mallonge et que jappelle un médecin ! » Nous rentrons donc à lhôtel et attendons. Le docteur arrive un quart dheure plus tard et je lui traduis ce que me dit BON. Il lui fait une piqûre contre la douleur et lui prescrit des cachets quil doit avaler dans une demi-heure. Le médecin, craignant les effets secondaires de ces cachets, mexplique également que BON ne doit pas boire dalcool durant toute la journée. Mais, à peine a-t-il tourné le dos que BON commande un whisky-coca .. et quil commençe vraiment à se sentir mieux. Il appelle la chambre dANGUS et ELLEN et leur demande sils veulent venir faire quelques achats avec nous. Tandis que nous les attendons dehors, BON et moi descendons la rue jusquà la grève. A ce moment précis, les pensées de BON sont ailleurs. Il me parle de sa famille en Australie. Je ne lai encore jamais vu si sensible !
ANGUS et ELLEN ne sont toujours pas prêts lorsque nous revenons de la grève. Nous remontons dans nos chambres. Je demande à BON si je peux prendre quelques clichés de lui afin de tester mon flash (Je veux prendre des photos du prochain concert et je ne suis pas sûr quil fonctionne). BON acquiesce et prend la pose, assis, le verre de whisky à la main, ANGUS et ELLEN font enfin leur apparition et nous partons nous ballader dans le quartier commerçant de Nice pendant des heures. Il en ressort que BON est un dingue de chaussures. Il en achète trois paires et est heureux comme un gamin. Il noublie pas pour autant ses amis et sa famille en Australie : il achète des cadeaux et des cartes de vux quil écrira plus tard, dans sa chambre.De retour à lhôtel, BON et moi commandons des steaks et des bières quon nous apporte dans la chambre. Nous disposons encore dune heure devant nous avant que ne débute le dernier concert de la tournée française. BON sétend à moitié endormi sur son lit tandis que jécoute « Radio Monté Carlo ». Le disc-jockey annonce le concert et passe« Shot Down In Flames ». BON ricane et dit en somnolant : « Ce soir, ça va rocker, si mes côtes tiennnent le coup ».
Plus tard, dans les vestiaires, leffet des cachets sestompe. Vingt minutes avant de monter sur scène, BON traîne un long moment dans les vestiaires en se tenant la poitrine et gémit : « Mon Dieu, ça me fait si effroyablement mal ! Jai bien peur que ce soir .. ». A ce moment-là, je peux parfaitement ressentir la profonde amitié qui règne dans le groupe. Tous sont bouleversés et narrêtent pas de demander à BON ce quils peuvent faire pour laider. Lorsque le concert commence, BON attend, caché derrière la scène, en sappuyant sur mes épaules. CLIFF entonne lintro de « Live Wire ». Soudain, une lumière infernale baigne la scène.. Puis, comme piqué par une tarentule, BON se précipite sur scène en souriant, en hurlant, en saluant ses fans et, de toute sa puissance, il commençe à chanter « Well, if youre lookin for trouble, Im the man to see ». Cest à ny rien comprendre ! Je sais pourtant que BON ressent une terrible douleur à la poitrine. Mais il ne veut pas que ses fans sen rendent compte. A partir de cette seconde, jai été émerveillé bien davantage encore par son Tempérament et sa Personnalité !
Le show terminé, nous passons encore un petit moment au bar de lhôtel avant daller nous coucher. Tandis que nous passons devant la porte de la chambre de CLIFF, nous entendons un curieux bourdonnement. Nous ouvrons la porte : CLIFF joue sur son lit avec une voiture téléguidée quil a achetée pour son frère. Des heures durant, nous restons là, assis, à discuter « nanas », « musique », etc
Le lendemain est un Dimanche. AC/DC doit quitter la France ensoleillée pour rejoindre la brumeuse Angleterre. Après avoir fait nos bagages et mangé un rapide petit-déjeuner, nous grimpons dans le tour-bus qui nous conduit à laéroport. Je massois près de BON et lui traduis les compte-rendus journalistiques du show de la veille. BON trouve les critiques satisfaisantes et est content. Avant quil ne franchisse la douane à laéroport, il promet de me téléphoner lorsquils enregistreront le nouvel album !
Jai juste le temps de lui payer un café, de le remercier
pour ce superbe week-end, de dire « au revoir » à ANGUS,
CLIFF, PHIL et MALCOM .. que, déjà, ils se sont envolés.
Ce fut la dernière fois que je vis BON SCOTT, 65 jours plus tard, il
était mort !