L’influence,
l’importance de George Young sur AC/DC n’est plus à démontrer…
preuve en est cette interview…
Morceaux choisis…
LTBL : Peux-tu nous parler du tout premier concert d’AC/DC ?
George Young : Je crois que c’était au Chequers ou à l’Opera
House de Sydney . Il y a eu un grand concert à l’Opera House avec
quelques-uns de nos amis musiciens. Malcolm, Angus et leur nouveau groupe AC/DC
y ont joué. Ce fut une grande expérience pour eux. Le concert
a d’ailleurs été enregistré.
LTBL : A l’époque Angus portait déjà son
uniforme ?
George Young : Oui. Quelqu’un a dit une fois lors d’un concert :
« Hé, ce gars ressemble à un schoolboy. Il est si petit
et si maigre ! ». Du coup, Angus s’est dit : « Je ressemble
à un schoolboy, je vais me fringuer en schoolboy ». C’était
une sorte de « fu** you » de provocation.
LTBL : On a aussi parlé d’Angus déguisé
en gorille et en Zorro ?
George Young : Ouais, il l’a fait une fois ou deux, juste pour le…
« fun ».
LTBL : Le premier strip-tease d’Angus a eu lieu à Reading
?
George Young : Non, Angus le faisait déjà en Australie, dès
le début. Il l’a toujours fait. Encore une fois, c’était
de la provoc’.
LTBL : Durant leurs tous premiers concerts, que jouaient-ils ?
George Young : Du rock’n’roll !!!
LTBL : Des reprises ?
George Young : Non, pas tant que ça. Une ou deux, « Baby Please
Don’t Go », « School Days », un ou deux titres de Chuck
Berry… Avant d’être AC/DC, oui, ils faisaient énormément
de reprises lors de jam-sessions. Mais en tant qu’AC/DC, ils reprenaient
juste « Baby Please Don’t Go » et « School Days ».
LTBL : On raconte que tu as joué de la basse avec AC/DC…
George Young (modeste) : Je leur ai donné un petit coup de pouce. Ils
m’appelaient de temps en temps : « George, viens nous rejoindre
au club ! » « Pourquoi ? » « On vient de virer notre
bassiste ». Alors je
les rejoignais au club pour tenir la basse. Parfois c’était : «
George, on a viré notre batteur. Viens le remplacer ! »
LTBL (très surpris) : Tu as joué de la batterie avec
AC/DC ???
George Young : Ouais. Un soir, en 74-75, j’ai même fait office de
chanteur : Bon était malade et j’ai dû prendre sa place le
temps d’un concert.
LTBL : Et quelle a été la réaction du public ?
George Young (fait la grimace) : Je chante très mal, vous savez. Ils
ont aimé le groupe mais pas le chanteur ! (rires).
LTBL : Tu as également joué de la basse sur le premier
album australien d’AC/DC, « High Voltage » ?
George Young (surpris) : Un petit peu… mais qui vous l’a dit ?
LTBL : On l’a lu dans certains magazines. Qui joue la basse sur
les autres morceaux ?
George Young : c’est Rob Bailey. Il y a deux bassistes sur cet album :
Rob et moi. Je me souviens avoir joué sur le titre « High Voltage
». Le groupe était très occupé à l’époque.
Ils jouaient partout, et Dieu sait si l’Australie est un grand pays. Aussi,
quand ils revenaient à Sydney, ils n’avaient pas beaucoup de temps
pour rester en studio. Ensuite, ils se rendaient à Brisbane ou à
Melbourne, et je restais seul avec les bandes « master »…
or la basse était parfois un peu faible. Je refaisais donc certaines
parties moi-même.
LTBL : Te souviens-tu du premier concert d’AC/DC en Angleterre
?
George Young : C’était dans un pub qui s’appelait le “Red
Cow”. C’était un pub célèbre pour ses concerts
de rock, mais il était tout petit. Il était très prisé
par les gens qui aimaient le rock’n’roll. Et quand AC/DC y a joué,
le public n’avait jamais entendu parler du groupe… Il y avait peut-être
20 personnes dans le pub. Ces dernières ont regardé AC/DC jouer
pendant une demi-heure, elles ont téléphoné à leurs
potes, et, à la fin de la soirée, le pub était bourré
à craquer. A l’époque, j’étais en Australie,
mais un copain à moi y était et il m’a appelé après
le concert !
LTBL : Toi, tu avais joué avec les Easybeats, Alex était
en Europe… Il y avait déjà pas mal de musiciens dans la
famille Young. A l’époque, qu’est-ce que tes parents pensaient
de la carrière naissante d’Angus et Malcolm ?
George Young : Oh ! ils laissaient tomber. Quand Alex s’est mis à
la musique, ils disaient : « Oh non, non ! ». Quand ça a
été mon tour, ils disaient : « Oh non, non ! » Et
quand Malcolm et Angus l’ont fait, ils se sont dit : « C’est
la vie ! » (en français dans le texte !)
LTBL : En 1977, Harry Vanda et toi avez produit « Let There Be
Rock ». A ce sujet, la légende veut que, au cours d’un solo,
l’ampli d’Angus ait pris feu et que tu lui aies ordonné de
continuer à jouer ?
George
Young : Ouais, c’est exact. Vous savez, quand AC/DC entre en studio, on
leur dit : « C’est bon, commencez à jouer ! ». Mais
quand on leur dit « stop ! », ils ne s’arrêtent pas
! Malcolm et Angus aiment la puissance à l’état brut. Leur
problème n’est pas de savoir si le son est parfait, du moment que
le feeling est présent… ça doit venir du cœur. Et si,
par hasard, le son des bandes matrices est techniquement mauvais (car la bande
n’est pas bonne…etc) ils s’en fichent tant que la musique
elle-même est bonne.
LTBL : Angus bouge-t-il autant en studio que sur scène ?
George Young : ça dépend. Au début, Angus enregistrait
ses solos debout, il n’aimait pas jouer assis. Aujourd’hui, ça
n’est vraiment pas systématique.
LTBL (très curieux) : Pour « Blow Up Your Video »,
toi et Harry avez enregistré 17 ou 18 titres d’AC/DC. Or, seuls
13 d’entre eux sont sortis . Peux-tu nous citer les 5 chansons restantes
?
George Young : C’est une question difficile. C’est trop vieux, j’ai
du mal à m’en souvenir. Il faudrait que je réfléchisse.
(Long blanc). Malcolm et Angus ont écrit une super chanson, un titre
fantastique qui a pour nom… « Hard On » !… Hard on «
rock »… Fantastique ! Fantastique !
LTBL : A-t-elle été enregistrée ?
George Young : Seulement à moitié. Elle a été écrite
il y a 2 ans… Il s’agit de la meilleure chanson que j’aie
jamais entendue. C’est rock’n’roll, grossier, puissant…
magique !
[…]
LTBL : Te souviens-tu de la première vraie guitare de Malcolm
?
George Young : Harry Vanda avait acheté une Gretsch à Londres.
Il n’aimait pas son son, et quand on est rentrés en Australie,
il l’a offerte à Malcolm. Malcolm était ravi. Il l’a
toujours.
LTBL : Et Angus ?
George Young : Il a eu toutes sortes de guitares bon marché. Mais sa
première « vraie » guitare fut une Gibson SG.
LTBL : Sais-tu comment est venu le nom « AC/DC » ?
George Young : Je ne sais plus exactement. Mais l’idée vient probablement
de notre sœur Margaret. Elle avait une machine à coudre, et sur
la prise était inscrit « AC/DC ». C’est quelque chose
comme ça…
LTBL : Le nom « AC/DC » sonnait très glamour, très
bisexuel à l’époque. On a une vidéo de 74, «
Can I Sit Next To You Girl », où l’on peut voir Malcolm avec
des platform-boots et des fringues en satin…
George Young : Ouais, c’est un mec de la maison de disques qui lui a dit
: « Il faut que vous ayez un look spécial. Vous ne pouvez pas porter
des jeans et des tee-shirts ! ». Malcolm était effondré,
il ne voulait pas. Mais le gars les a un peu forcés. Je crois d’ailleurs
qu’il s’agit là de la dernière chose qu’il ait
faite avec le groupe ! (rires)
LTBL : Ensuite, ils ont rencontré Bon…
George Young : Ils se sont rendus à Adélaïde pour faire quelques
concerts. Le promoteur avais mis un chauffeur à leur disposition. Ce
chauffeur, c’était Bon. Il a eut donc l’occasion de voir
plusieurs shows, et
il a dit : « J’aime le groupe, mais le chanteur est vraiment merdique
». Après 2 ou 3 concerts, les Boys ont demandé à
Bon : « Tu crois que tu peux faire… mieux ? », et Bon leur
a répondu : « Ouais, sûr ! ». Il a donc participé
à une jam-session et Dave Evans a été mis à la porte.
LTBL : Et en ce qui concerne Phil ?
George Young : AC/DC avait joué à Melbourne, et leur batteur Peter
Clack était tombé malade, très gravement malade, à
tel point qu’il a dû quitter le groupe. Phil avait vu AC/DC en concert,
et il a entendu dire qu’ils cherchaient un batteur. Alors il s’est
rendu là où le groupe habitait, avec son kit de batterie, ses
baguettes, et il leur a déclaré : « Je suis votre nouveau
batteur ». Il s’est assis derrière son kit et il leur a montré
de quoi il était capable.
LTBL : Sais-tu pourquoi il a quitté le groupe en 1983 ?
George Young : Phil, euh…
LTBL : Question cruciale ?
George Young : Non, non… C’en était trop pour lui, je suppose.
Phil est un gars super, un type vraiment adorable. Et il est normal, quelqu’un
de simple, comme vous et moi… Et du jour au lendemain, il est devenu une
star. La mort de Bon l’a aussi beaucoup changé. Phil a été
très bouleversé. Tout le monde l’a été. Mais
Phil avait un cœur gros comme ça… Après la mort de
Bon, ça a été comme un coup de massue pour lui.
LTBL : On raconte qu’il s’est mis à boire plus que
de raison ?
George Young : Si Phil ne s’était pas arrêté, il aurait
pu en mourir. Je crois que la décision de son départ a été
prise d’un commun accord. Ils lui ont probablement dit : « La musique,
c’est important. AC/DC aussi. Mais le plus important, c’est toi,
ta santé ».