- Que t'a inspiré Bon Scott dans les 30 premières secondes
où tu l'as vu?
J'étais assez terrifiée, il me semblait assez menaçant..
jusqu'à ce qu'il serve deux verres de vin, s'approche de moi et m'en tende
un en se présentant. Quand j'ai vu la petite lumière dans ses yeux
et son sourire si particulier, j'étais conquise.
- Quels souvenirs conserves-tu de cette fameuse
tournée US de 1977 ? Quelle
alors était la réaction du public américain ?
J'ai gardé une sorte de Badge que Barry Taylor, un de leurs Rodies m'a
donné. C'était le seul objet de merchandising qu'il avait sur lui.
J'ai également l'affiche de leur concert au Stone Hearth à Madison – Wisconsin
le 16 Août 1977. Le prix de la place était seulement de 3$. J'ai également
gardé 33 cartes postales et lettres que m'a envoyées Barry.
Les deux fois que je les ai vus sur scène lors du LTBR tour de 1977, ils
ont vraiment été incroyables, la foule était bluffée.
C'est toujours rigolo de croiser aujourd'hui quelqu'un qui a assisté à un
de ces shows.
- Comment le groupe se positionnait-t'il par rapport à l'émergence
du mouvement Punk ?
À l'opposé. Ils se considéraient comme un groupe de Rock,
de A à Z. Quand je les ai interviewés en 1977, j'ai commis l'erreur
de leur demander ce qu'ils pensaient du Punk. Ils détestaient ça
mais ont répondu très ironiquement qu'ils adoraient. Malcolm a
ajouté que ça avait quelque chose de … magique.
- Confirmes-tu la sensation de virage décisif amorcé par HTH sur
le marché américain ?
Oui, c'est indéniable. Bien que mon album préféré soit
Powerage, Highway To Hell a de suite beaucoup plus pris sur le marché américain.
Il sonnait plus commercial, des chansons comme Highway to Hell ou Girls Got Rhythm
sont rapidement entrés dans les têtes et sont vite devenues des
incontournables. Ca a constitué le tremplin, c'est certain.
- Selon certains de ses écrits, Bon semblait véritablement épuisé à la
fin de la tournée US de 79, as-tu eu certaines de ses confessions?
J'étais consciente à cette époque-là, qu'ils étaient
tous rincés. La dernière fois que j'ai vu Bon sur scène,
c'était à L'Aragon à Chicago en Octobre 1979 et ce soir
là, j'ai pris le parti de ne pas aller les rejoindre backstage. Je savais
qu'ils étaient épuisés et qu'ils avaient tous envie de faire
une pause avant l'enregistrement de leur nouvel album à Londres.
- Qui était Bon Scott hors de scène
? Et Angus ?
Bon Scott était l'une des Rock Star la plus gentille et polie que vous
puissiez imaginer rencontrer. Il ne se prenait pas au sérieux et n'attendait
aucun traitement de faveur particulier. Ce que je préférais chez
lui, c'était sa manière de toujours vouloir faire rire les autres,
quoi qu'il fît. C'est aussi vrai pour Angus, à la différence
près qu'Angus est beaucoup plus assagi en dehors de la scène, presque
discret. Angus a un très grand sens de l'humour, il adore être ironique
et sarcastique.
- As-tu des anecdotes que tu n'as jamais révélées
?
Le soir où je les ai vus au Riverside Theatre de Milwaukee, ils ouvraient
pour UFO. Après le show, Angus ma sœur et moi étions assis dans
une des loges quand Bon a frappé à la porte avec un plateau dans
les mains. Il y avait une douzaine de gobelets en plastic dessus contenant du
Raifort. Il s'était coupé en se rasant et s'était débrouillé pour
mettre une goutte de sang dans chacun des gobelets. Quand il a vu ma sœur, il
lui a présenté le plateau en lui disant « Madame désirerait-elle
un Hors D'œuvre* (*en français dans le texte) ? » Elle baissa les
yeux pour regarder, les releva et lui répondit : « Non merci Bon.
Par contre, tu vas bientôt avoir besoin d'une transfusion car ton sang
se coagule ». Ca a fait exploser de rire Bon qu'on a entendu se marrer
jusqu'au fond du couloir.
- Comment définirais-tu la relation entre Angus & Malcolm ? Quel est
le rôle de chacun ?
Angus & Malcolm sont très proches. Malcolm est le moteur d'Angus sur
scène, il le pousse dans ses retranchements. Non seulement ils partagent
des idées et une notion de la musique mais en plus, ils se comprennent
les yeux fermés. Ca va même au-delà de la fraternité.
Je pense qu'ils sont psychologiquement connectés. En plus, jamais vous
n'entendrez l'un médire sur l'autre. Ils ne se sont jamais disputés
et sont toujours restés une véritable équipe.
- Tu déclares sur ton site: "Knowing AC/DC made writing this book even
harder because they have always valued their privacy" - si la discrétion
est toute à leur honneur en ce qui concerne leur vie privée, ne
trouves-tu pas que leur mutisme soit exagéré envers leur fan? A
l'époque d'Internet notamment, ne devraient t'ils pas plus communiquer
avec eux ?
Je pense que sauf s'ils ont un album à promouvoir, ils estiment que leurs
vies privées n'ont strictement rien à voir avec la musique. Bien
qu'ils soient aujourd'hui de véritables icônes, ils ont toujours
mis un point d'honneur à rester discrets sur leurs vies privées
et à ne jamais oublier d'où ils viennent. Ce point là les
rapproche peut-être plus de leurs fans qu'une omniprésence dans
les media ou le milieu. Tels que je les connais, je pense qu'ils ne se rendent
même pas compte que ce qu'ils font en dehors de la musique puisse intéresser
quelqu'un.
- Humainement parlant, pouvait et peut encore différencier AC/DC de la
majorité des groupes qu'elle a eu l'occasion de côtoyer ?
J'ai rencontré des centaines de musiciens pendant toutes ces années
et les membres d'AC/DC sont les personnes qui ont le plus gardé les pieds
sur terre. Dans mon livre « Pyro », Pete, qui est l'artificier des
cannons sur scène parle de ça. Il dit qu'ils ont toujours été très
aimables avec les Roadies, s'intéressant à leurs problèmes,
discutant avec eux. Même s'ils sont aujourd'hui d'énormes stars,
je peux toujours chambrer Angus et Malcolm sur leurs premiers concerts ici. Ils
ont pas oublié leurs racines et c'est très appréciable.
- En 77, ACDC était vraiment un groupe hors
norme, novateur et attractif ! Pourquoi selon toi ?
Ils ont apporté une touche d'humour au Rock'n'Roll, particulièrement à travers
les paroles de Bon. Ils dégageaient également une énergie
impressionnante sur scène. Des groupes comme Led Zeppelin ou Black Sabbath
prenaient leurs musiques très au sérieux. AC/DC prend aussi sa
musique au sérieux mais quand arrivait la scène, ils voulaient également
montrer que le Rock'n'Roll, c'est surtout un bon moment. Et puis ce sont toujours
les premiers à rire d'eux-mêmes.
- Peut-on dire que le groupe a redonné un
nouveau souffle au Hard Rock ?
Je crois que oui. A l'époque, le Hard Rock pesait lourd dans le business,
AC/DC a débarqué et a donné un grand coup de pied dans le
concept. Ils ont replacé l'énergie originelle du Rock'n'Roll au
centre de toutes les considérations, y ont apporté une touche d'humour
et ont remis la priorité sur la musique, et pas sur le look des musiciens.
- Comment as tu réagi à la mort de
Bon ?
J'ai été vraiment choquée. Comme je l'explique dans mon
livre, j'écoutais une chanson d'AC/DC à la radio en conduisant
quand l'animateur a dit « cette chanson est un hommage à Bon Scott,
décédé hier à Londres à l'arrière d'une
voiture ». Je n'arrivais pas à le croire. C'était comme perdre
quelqu'un de ma famille. J'aimais vraiment Bon. Tout ce que j'ai eu la force
de faire c'est mettre ma voiture sur le bas-côté et pleurer.
- Quelle fut ta réaction à la première écoute de
BIB ? Brian t'a t'il semblé un bon choix ?
J'ai fait exprès de ne pas écouter BIB jusqu'à ce que je
vois le groupe en live à Madison – Wisconsin le 14 Septembre 1980. Je
savais que s'ils avaient choisi Brian, c'est que c'était la bonne personne
mais je n'en étais pas intimement persuadée jusqu'à ce que
je vois le groupe en live ce soir là. Quand j'ai entendu ce que ça
donnait, je ne me suis plus fait de soucis. Maintenant que je connais Brian,
je me dis qu'il est né pour remplacer Bon. Il a un point commun avec Bon
: c'est un sacré personnage. Quand on est allé le voir en Floride
cinq jour après le show de Toronto 2003, on lui a demandé de prendre
une photo avec lui. D'abord il a dit « non, dégagez » puis
s'est marré en disant qu'il déconnait. Quand il a enroulés
des bras autour de mon fils et de ses copains pour la pause photo il leur a dit « j'espère
que ça ne vous fait rien que je vous enlace… ? Votre mère ne s'est
pas gênée elle ! » Cette vanne aurait pu sortir de la bouche
de Bon.
- Comment vois-tu aujourd'hui l'avenir du groupe ?
je vois AC/DC demeurer l'un des plus gros groupes de Rock de l'histoire. J'espère
qu'ils vont nous gratifier d'un nouvel album l'année prochaine, mais même
s'ils ne le font pas… ils resteront de toute façon parmi les plus grands
groupes ayant jamais existé.
- Comment expliques- tu leur inactivité depuis 2003 et les délais
si longs entre leur album ?
Angus et moi avons le même âge et les quatre autres sont plus vieux.
Je crois qu'ils ont gagné le droit de se reposer et de le prendre un peu
plus à la cool désormais. J'ai bien étudié leur histoire
et je me suis rendu compte à quel point les sept premières années
de leur carrière ont dû être difficiles. Je comprends aisément
qu'ils aient envie de prendre un peu de repos et de bon temps désormais.
- Susan, nous offrirais-tu la publication d'une
de tes photos personnelles inédites
avec le groupe ?
Voici une photo d'Angus lors du Stiff Upper Lip Tour. Ce soir là, je lui
ai donné une copie d'une photo de lui prise sur scène lors de leur
concert à Madison – Wisconsin en 77. On s'est marrés en voyant à quel
point il était jeune sur la photo. Je lui ai dit qu'il n'était
en fait même qu'un bébé à cette époque. Il
m'a répondu que ça allait mettre un coup au moral de sa femme quand
elle verra la photo !
- Un petit un message particulier à passer à highwaytoacdc.com
?
je dirais que les fans d'AC/DC ne pouvait pas choisir un meilleur groupe à aimer.
Non seulement, c'est un des plus grands groupes au monde, mais en plus ils sont
parmi les personnes les plus gentilles, marrantes et adorables que vous puissiez
rencontrer. Bon Scott inclus !