Interview de Michel Barbieux …1980 | Highway To ACDC : le site francophone sur AC/DC

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Interview de Michel Barbieux …1980

H2 reprend le fil de ses archives-photos et de ses traditionnelles interviews de photographes ayant eu la chance de shooter le groupe. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Michel Barbieux qui était présent, appareil photo en main sur les tournées Highway To Hell et Back In Black…

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HighwayToACDC : Comment votre carrière de photographe a-t-elle débuté ?

Michel Barbieux : Ne parlons pas de carrière, c’est resté un hobby, même si j’ai brièvement pensé en faire un métier. Les commandes consistaient surtout en prise de vues pour des organismes de formation ou en photos d’objets pour catalogues et illustrations, à la fois peu intéressantes et peu rémunératrices. En restant amateur, on a moins de temps, mais on fait les photos qu’on aime. Je vendais juste mes tirages de photos de concerts à un stand spécialisé des puces de Saint-Ouen.

H2 : En concert justement, quel est l’artiste ou groupe qui vous a le plus marqué ?

14.jpg MB : J’ai commencé à photographier en concert fin ’78. C’était Rory Gallagher, porte de Pantin. Il est difficile de faire un choix parmi les artistes ou groupes très différents que j’ai approchés, mais j’ai une tendresse particulière pour Rory Gallagher. Il donnait tout au public, sans retenue… C’était passionnant, mais ce n’étaient pas les concerts les plus spectaculaires.
D’un point de vue visuel et non musical, AC/DC évidemment ! C’est la démesure et des éclairages sophistiqués.
Les Cramps… C’était plus intimiste, mais c’était un bordel sacrément intéressant à photographier.
Et certains groupes en faisaient plus pour la photo que pour la musique ! Les Plasmatics, par exemple.
Pour d’autres, l’éclairage était tellement pourri qu’il fallait un flash pour voir quelque chose, ce qui ne permettait pas de restituer l’ambiance du concert.

H2 : Quelles sont les meilleures séances de photos que vous avez pu réaliser avec des légendes de la musique ?

MB : Les meilleures, je ne sais pas, les pires, ce serait plus facile... Sur la durée, j’ai bien aimé Higelin, même si c’est moins ma tasse de thé sur le plan musical. Je l’ai photographié en concert de 1980 à 2007. Avec un souvenir spécial du 13 janvier 1982, au Cirque d’Hiver. Il en parle dans ses mémoires : c’est le jour où il s’est foutu à poil sur scène à la demande d’un spectateur. Il se trompe juste d’une journée, c’était bien le 13 janvier, j’en ai la preuve.

H2: De manière générale, en quoi la photographie rock diffère-t-elle de la photographie en général ?

MB : C’est qu’on ne choisit pas grand-chose ! Les artistes ne posent pas pour vous, et les éclairages étaient imprévisibles d’un spectacle à l’autre… et imprévisibles d’un instant à l’autre ! Maintenant, la technique est beaucoup plus facile... à condition qu’on vous laisse entrer avec votre matériel !
Et puis, il fallait se battre pour être bien placé. Mes appareils ont pris pas mal de coups de tête – il y a des têtes qui diraient qu’elles ont pris pas mal de coups d’appareil ! C’était du solide à l’époque.

H2 : Quel matériel utilisiez-vous à cette époque ? Vus préfériez la couleur ou le noir et blanc ?

20200428154808-d0cc088e-xl.jpgMB : En général, deux reflex autour du cou : un Ricoh Singlex rustique, avec une pellicule N&B 400 asa, Tri-X ou HP5. Les fanas actuels de l’argentique sauront de quoi je parle… Et un Olympus OM2 ou OM4 avec un 50mm et une pellicule couleur, plus un flash au cas où.
Le noir & blanc était plus facile à traiter dans mon studio. Les tirages couleur, c’était possible mais fastidieux. Ils étaient donc faits à l’extérieur, sans recadrage ni retouche, ce qui est peu satisfaisant.

H2 : Comment avez-vous eu l’opportunité d’être présent le 9 décembre 1979 pour le concert de 16 heures d’AC/DC ? Étiez-vous accrédité par journal ou en tant que photographe indépendant ? Ou même juste en photographe amateur, car il me semble que vous n’êtes pas placé très près de la scène ?

MB : En amateur, vous l’avez compris. Mais suffisamment près quand même pour que mes oreilles s’en souviennent encore aujourd’hui. Ces années de concerts m’ont laissé de sacrés acouphènes. On ne mettait pas de boules Quiès, et il fallait que je sois le plus près possible de la scène, à droite ou à gauche, donc le plus près possible du bruit.

H2 : Le second concert de cette journée a été filmé. Vous souvenez-vous si les caméras fonctionnaient lors du concert de 16 heures ? Quels souvenirs gardez-vous de ce concert, car très souvent nous parlons du concert du soir, mais très rarement de celui de l’après-midi.

MB : Pour les caméras, non, je ne me souviens pas. Quand on photographie, les souvenirs se retrouvent filtrés par les photos, on a tendance à oublier ce qui ne se voit pas. Mes souvenirs sont donc sur mes photos.
Sinon, je crois que j’y suis allé avec mon jeune frère, qui avait 17 ans à l’époque. Ça a dû lui plaire, Jean-Marc est aujourd’hui co-rédacteur en chef de Tracks sur Arte.

H2 : Un an plus tard, vous retrouvez le groupe AC/DC au Bourget, le 29 novembre 1980. Là encore, vos clichés sont extraordinaires, on peut y découvrir tellement de détails ! Vous utilisiez le même matériel photographique ?

MB : Oui tout à fait. Et d’ailleurs, je profite de l’occasion que vous me donnez pour lancer un appel : si quelqu’un a retrouvé un carnet complet de tickets restaurants à la fin du concert du 29 novembre 1980, c’est le mien ! Il est tombé de ma poche, sans doute pendant que j’essayais de changer de film. Il faut dire que ça remuait pas mal !

En tout cas – même si je ne retrouve pas mes tickets resto ! – merci de votre appréciation sur ces quelques photos que j’ai numérisées pour moi-même et mise sur mon site, si longtemps après...

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Autres photos de M.Barbieux :

1980/11/29 - FRA, Paris, Le Bourget - la Rotonde

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Interview de Michel Barbieux réalisé par Yves Robert-Dumoulin pour HighwayToACDC, par courriel , le 4 mai 2020.





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