Barry Harris, " assistant engineer " sur Flick of the switch
- Je venais juste de finir d’aider Hugh Padgham (Genesis, The Police) pour le mixage de l’album Hall and Oates d’H2O et le responsable du studio m’a informé qu’AC/DC arrivait et m’a demandé si je voulais également leur donner un coup de main. J’ai évidemment sauté sur l’occasion.
J’ai principalement aidé Tony dans les tâches manuelles inhérentes au processus de mixage à cette époque où rien n’était automatisé. Il fallait plusieurs paires de mains pour changer les effets, les volumes et autres paramètres pendant le mixage d’une chanson complète. Mais au cours du processus, je me suis également retrouvé à devoir re-enregistrer toutes les pistes vocales.
- Malcolm, Angus Cliff et Brian étaient tous là. Ainsi que la femme de Cliff. Après avoir enregistré avec Mutt, Malcolm et Angus savaient exactement ce qu’ils ne voulaient pas pour cet album. Pour moi, il n’y a jamais eu une paire de génies musicaux telle qu’Angus et Malcolm et Mutt a eu une approche assez opposée à la leur. La base pour AC/DC c’est de ne pas dénaturer alors que Mutt est un perfectionniste maladif avec la réputation de pousser les artistes dans leurs derniers retranchements en studio. On connait tous l’histoire avec Def Leppard..
C’était donc probablement allé un peu trop loin pour eux avec Mutt et ils voulaient revenir à certains basiques.
- A peu près au milieu du processus de mixage, ils ont en effet demandé à George de venir (Harry n’était pas là) pour venir prêter une oreille. C’est là que, pour moi en tous cas, tout le processus a changé. Ils ont décidé de refaire toutes les pistes vocales et de parfaire les paroles. Pendant que Tony travaillait dans le studio A, George et moi nous nous sommes occupés de Brian dans le studio B. Brian a re-écrit certaines paroles à la volée et George le guidait dans son chant. On finissait une chanson, on la faisait passer à Tony, et on enchainait avec la suivante. Je vous mentirais si je ne vous disais pas que j’avais parfois du mal à y croire quand je me voyais enregistrer Brian Johnson devant moi pour un album d’AC/DC.
- Je ne me souviens pas avoir vu ni entendu une quelconque trace d’une ou de chansons supplémentaires pour cet album.
- Je n’ai jamais pénétré dans la pièce des auditions. Je me souviens juste d’une fois où ils ont débarqué avec Simon.
- Les seuls mix sont ceux existants sur l’album. C’est Phil à 100%
- Malcolm était plus impliqué mais ils prenaient les décisions en accord commun.
- On a utilisé une console Neve 8078 dans le studio A qui est un super matériel branché dans un magnétophone Studer A80 1/2 inch analogique. Très peu d’effets, juste un peu de compression à travers l’utilisation de compresseurs LA2A et LA3A et une reverb d’ambiance via un Lexicon 224 et quelques retouches à l’équaliseur en sortie. Brian a été enregistré avec un Neumann U87. Ceux attentifs aux détails verront une référence à un Ramsa Sound Localization Processor. A cette époque je m’intéressais aux nouvelles technologies dans le métier et on en avait obtenu un au studio pour le tester. L’idée générale de la technologie est la suivante: quand vous écoutez une chanson en face d’enceintes, vous entendrez la guitare venir de l’enceinte de gauche, le piano dans celle de droite et le vocal balancé. Avec cet outil, nous avions la possibilité de faire passer un instrument dans une autre enceinte tout en gardant son son dans l’originale. Malcolm et Angus ont adoré et nous ont laissé l’utiliser. Je ne pense pas que l’effet ait été gardé dans le mix final mais on peut tout de même le deviner dans l’intro de Guns for Hire.
- non, juste les pistes vocales
- Et bien il y a quelques petits moments dont je me souviens. Peut-être l’avez-vous déjà assez entendu mais toute l’équipe, même le gardes du corps me traitaient comme un frère. Ils m’appellaient Baza car c’est ainsi qu’on surnommait les Barry en Australie. Des années plus tard, quelqu’un m’a confié que la raison pour laquelle ils se sentaient bien avec moi est que physiquement, je leur rappelais un peu Bon. Et à cette époque, sa mort ne remontait pas à longtemps.
J’ai passé pas mal de temps avec eux sur la tournée Flick of the Switch. Un autre souvenir marrant c’était l’accent de Brian. A l’époque il était si prononcé que chaque fois qu’il me parlait je me tournais vers Angus et Brian pour une traduction. Ils éclataient de rire à chaque fois. Je me souviens aussi très bien avoir vu Angus dessiner sur une console du studio. Je m’étais dis qu’il était un sacré bon dessinateur. Quand j’ai reçu une copie promo du disque, le dessin était là. Ce même dessin que j’avais vu Angus faire sur la console du studio.