EVIL WALKS | Highway To ACDC : le site francophone sur AC/DC

Paroles

EVIL WALKS

Auteurs : A. Young - M. Young - B. Johnson

(S1) Black shadow hangin' over your shoulder
Black mark up against your name
Your green eyes couldn't get any colder
There's bad poison runnin' through your veins

Evil walks behind you
Evil sleeps beside you
Evil talks arouse you
Evil walks behind you

(S2)Black widow weavin' evil notions
Dark secrets bein' spun in your web
Good men goin' down in your ocean
They can't swim 'cause they're tied to your bed

Evil walks behind you
Evil sleeps beside you
Evil talks arouse you
Evil walks behind you

(Break)You just cry wolf
I sometimes wonder where you park your broom
Oh black widow

(Reprise)C'mon weave your web
Down in your ocean
You got 'em tied to your bed
With your dark, dark secrets
And your green, green eyes
You black widow

Oh Evil -- walks behind you
Evil -- sleeps beside you
Evil -- talks arouse you
Evil -- walks behind you
Refrain
Refrain ... so bad!

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LE MAL AVANCE

Une ombre noire est perchée au-dessus de ton épaule
Un symbole noir est accolé à ton nom
Tes yeux verts ne pourraient être plus froids
Un poison malfaisant coule dans tes veines.

Le mal avance dans ton sillage
Le mal avance à tes côtés
Les mots du mal t'enflamment
(littéralement:les discours mauvais te stimulent)
Le mal avance dans ton sillage

Veuve noire qui tisse des idées malsaines
De sombres secrets sont filés dans ta toile
Des hommes honnêtes coulent dans ton océan
Ils ne peuvent nager, car ils sont ficelés à ton lit

Refrain

Tu te contentes de crier au loup
Parfois je me demande où tu ranges ton balai
Oh, veuve noire

Allez, va tisser ta toile
Au fond de ton océan
Tu les as ficelés à ton lit
Avec tes sombres, sombres secrets
Et tes yeux, tes yeux verts
Toi, la Veuve Noire/espèce de Veuve Noire !

Refrain ...
avec tant de malveillance!

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Trop méchant, evil walks !

AC/DC donne dans ... le Romantisme germanique.

Le titre, passablement énigmatique, invite à la curiosité: le mal marche (littéralement), mais on peut également lire « walks » comme un nom au pluriel: les chemins, les promenades du mal. Si le refrain va dans le sens d'une lecture verbale (to walk à la 3ème personne), « evil talks arouse you » revient à une lecture de « talks » comme substantif. Bref, la polysémie ajoute au mystère.

Ici, quelqu'un (je ne sais pas qui écrit les textes d'AC/DC à cette époque) règle ses comptes avec une femme, réelle ou fictive. Peut-être le vers « you just cry wolf » est-il une référence externe au texte, car on ne voit pas pourquoi ou en quoi la femme « crie au loup », lance de fausses accusations, une fausse alerte. On penche pour une allusion, difficile à décrypter sans contexte. Ce qui est certain: le ton est d'emblée celui de la mise en accusation, avec un « you » qui s'adresse directement à la personne honnie, et ce pendant tout le texte.

La première strophe fonctionne selon le principe du zoom: on voit la créature dans sa globalité (apparence globale, identité), puis de près (focalisation sur les yeux), enfin on pénètre dans ses entrailles (on voit le sang couler dans ses veines). Mais où que l'on se place, le Mal est omniprésent, s'accompagnant de sa symbolique chromatique usuelle (le noir, les yeux verts, associés au Mal); l'ombre noire du vers 1, c'est le Mal lui-même, le Malin, le Diable, avec laquelle la créature fait corps. La beauté, l'attrait exercé sur les hommes (cf S2) sont donc liés à ce pacte implicite qui donne à la créature sa force d'attraction, sa beauté diabolique et fascinante. Mais la créature elle-même (car impossible de dire à ce stade s'il s'agit d'une femme, c'est avant tout une CHOSE, un démon) est d'une froideur absolue (V3). Le sang, synonyme de chaleur, de sentiments, de vie, est ici remplacé par son contraire, le poison. Cette créature est l'inversion maligne d'une femme !

Le refrain, maintes fois répété, à la manière d'une litanie accusatrice, entonnée par le choeur, la communauté qui se démarque de la créature maligne (dans la tragédie antique, le choeur représente la collectivité, le bon sens commun, la société) ne fait qu'enfoncer le clou: la créature « respire » le mal, où qu'elle aille, quoi qu'elle fasse (et notamment au lit: evil sleeps beside you !). Le mal l'excite même (« to arouse » peut avoir une connotation sexuelle).

La S2 fonctionne sur deux métaphores simples juxtaposées: 1) La créature est une veuve noire. La veuve noire, l'araignée, tisse sa toile engendrant et ourdissant le mal (V1 et 2). Mais la veuve noire n'a pas qu'une connotation arachnéenne: c'est aussi une femme fatale, dont le veuvage (inexpliqué, mais suspect) connote de sombres présomptions de meurtre: les araignées ne sont-elles pas célèbres pour dévorer leurs partenaires ? La veuve noire, c'est une croqueuse d'hommes ! Au sens littéral (et figuré, bien sûr)! D'ailleurs, la veuve noire, c'est aussi le surnom de la guillotine (même si ce n'est pas connoté par le texte), ce qui s'explique de la même manière. 2)La femme-pieuvre/poisson (ou qqch d'approchant), qui règne sur un océan (l'adjectif possessif « your » ocean suggère qu'elle en est la souveraine, que c'est son antre, son domaine. L'eau, pas seulement depuis Freud, a souvent été le domaine de l'inconscient, notamment de la pulsion, de la face cachée de l'Homme. On retrouve ce mythe chez les sirènes d'Homère, chez Goethe, chez les Romantiques. Pour faire bonne mesure, la créature attache les pauvres gars à son lit. Ils coulent. C'est une Loreley moderne (cf. la Loreley romantique de Clemens Brentano et Heinrich Heine, en 1801 et 1823, puis Eichendorff peu après): une magicienne qui ensorcèle les hommes par sa beauté: le symbole est évident, les hommes se perdent, perdent leur identité virile, leur volonté, dans les bras de cette créature, ils courent à leur perte en se vautrant dans une passion débridée. Tout le monde n'est pas Ulysse, difficile de résister aux sirènes !

Le break vocal avant et après le solo n'apporte rien de neuf, il condense des bribes des deux premières strophes (on retrouve un élément de la S1: les yeux verts, l'emphase de la répétition en plus, et plusieurs éléments de la S2 entremêlés). Nuance (lecture possible, mais pas certaine): la créature est sommée d'aller tisser sa toile au fond des eaux, de disparaître de la surface de la terre. La référence au balai, accompagnée d'un petit rire de Brian (littéralement: « où gares-tu ton balai »), ajoute une pointe sarcastique au propos: la créature est une véritable sorcière des temps modernes. Quant au balai, on sait ce qu'il représente. Toujours cette phobie de la sexualité féminine ...

Conclusion (qui n'engage que moi, of course): en 1981, littérairement parlant, AC/DC a un peu de retard. « Evil walks » n'est pas mal faite (chacun en jugera), mais accumule les clichés romantiques d'une femme démoniaque. (Nota: à l'époque romantique, cette vision relève de la projection: le désir pour la femme, décuplé par l'interdit religieux de la plupart de ces poètes (souvent en réaction contre les idées libérales issues de 1789), conduit à l'auto-censure, à l'aliénation de soi (moi moral et religieux vs.moi animal, pêcheur). Par une sorte de réflexe d'auto-défense, c'est la femme qui est chargée de tous les maux, qui par sa force magique tente le poète. Ce n'est pas un hasard si les femmes-sorcières pullulent pendant la première moitié du XIXè siècle ... ) Mais le hard et le heavy piochent allègrement dans le bestiaire et le brimborium romantique, quilui-même se tourne vers le Moyen-Age; et les années 1980 (en fait ça commence avec certains titres de Rainbow, en 1975) sont une décennie qui voit refleurir bien des motifs hérités du XIXème siècle (Moyen-âge,donc, mais aussi mode de l'Egypte, Fantastique, Paradis Perdu vs. horreur du monde contemporain, Héroïsme guerrier etc etc). Heureusement qu'AC/DC n'aura pas trop creusé cette veine-là ... mais quelle chanson malgré tout !

Iangillan





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