VI. Sabotage (1975) – (Mention Très Bien, avec un léger bémol)*
*Suivant des critiques constructives, je renonce à une notation scolaire
Le Sab traîne sa légende noire, c'est le cas de le dire, et nombreux sont les critiques contemporains, repris par ceux que j'ai lus ensuite, à l'époque où j'ai constitué une bonne partie de ma « culture » musicale hard/heavy « classique », qui disaient que le Sab avait décliné à partir de
Sabotage …(à une époque où on n'écoutait pas les albums « comme ça », et où il fallait donc se baser sur quelque chose avant de débourser une centaine de francs, ça m'a longtemps retenu de l'acheter, et en l'écoutant, bien plus tard, j'avais un préjugé pas forcément favorable) … C'est vrai que la pochette semble corroborer cette affirmation. Que le « gag » consistant à montrer le groupe dans un miroir qui réfléchit la face à la place du dos soit bon ou mauvais, il est vrai que voir Bill Ward, replet, en collants rouges moulants, Bill Ward qui, pour une fois, crève l'écran, à côté d'Ozzy en robe (!) psyché -- c'est dur, sinon pénible …
et ça présage mal de l'album...
Au point, donc, que je me suis longtemps contenté des live et autres best of, c'est-à-dire d'une ou deux chansons … Ajoutez à ça que la sortie s'est faite dans une ambiance mi figue, mi raisin, dans la mesure où le groupe s'est rebellé contre son management, suspecté de le voler (ce qui est plus que probable, vu l'époque). D'où le titre, grinçant . Bref, rien de bien engageant …
1. Hole in the Sky
Je connaissais celle-ci d'une compil', et ça m'a incité à acheter Sabotage, sur le tard, au début des années 2000. En d'autres termes, c'est du très bon Black Sabbath, très heavy metal mélodieux, assez facile à ce niveau (mélodie), mais très lourd soniquement.
D'ailleurs, niveau son, l'album se présente plutôt très bien, et ce sera confirmé par la suite.
2. Don't start(too late)/Symptom of the Universe
Encore un instru-interlude. Pas une compo tradi en tout cas. Histoire de faire huit chansons … Mais en fait, la vraie chanson, c'est « Symptom » … C'est la première de cet album qu'il m'ait été donné d'entendre, sur le live « contractuel » d'Ozzy Osbourne, Speak of the Devil (1982), entièrement sabot(ag)é sous forme de reprises de Black Sabbath, suite à la mort de Randy Rhoads, avec Brad Gillis à la guitare ! Un classique, au sens large, joué par le Sab dès le milieu des 70s – mais j'étais trop petit à l'époque. Musicalement, c'est d'excellente facture, avec un riff simplissime mais efficacissime (français ?), en tout cas ultime ! Et la mélodie ozzyesque, presque criée, reflète fidèlement ce qu'on peut imaginer de plus sabbathien. En d'autres termes, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes diaboliques ...
Beau solo de Tony Iommi – et … BREAK ! Ce qui s'annonçait déjà sur Vol. 4 ou SBS se confirme ici : on passe du « black metal » à la pop fièvreuse, tendance World Music ! Excellent.
3. Megalomania
Première chanson totalement inconnue du disque, en ce qui me concernait, à l'époque où j'en ai fait l'acquisition … Je ne sais plus si ça a été joué en live : il me semble que oui, lors de la tournée qui a suivi, 1975, donc ? C'est une chanson qui se veut à l'image de certains grands titres épiques du passé, elle est complexe à souhait, mais perso je n'y trouve pas la magie. En étant vilain, c'est plus complexe que convaincant. En étant gentil, c'est pas dégueu du tout.
4. The Thrill of it all
Belle intro mélodieuse, Iommi at his best. Puis un riff taillé dans le granit, et une sacrée mélodie : rien de fantastiquement neuf, mais c'est très bon. Et puis, encore une rupture : le groupe part en instru pendant quelques secondes, et le titre change radicalement de visage, pour obliquer vers quelque chose de « happy », toujours entre guillemets chez Black Sab. Chanson à réhabiliter d'urgence !
5. Supertzar … est un instru assez différent de tous les précédents chez BS. Ni effets, ni arpèges tranquilles : On a une sorte d'esquisse de chanson/riff, qui oblique vite vers l'opéra/les choeurs d'opéra. Pas mal du tout, atmosphérique.
6. Am I going insane (Radio)
Cette chanson est au tube ce que la malaria est au rhume des foins. C'est mignon tout plein, mais maladif en diable. La fin augure mal de la santé mentale d'Ozzy. Un peu lassante, en revanche.
7. The Writ … éclate brusquement comme un fruit blet qui s'écrase au sol, assailli par la voix de guêpe d'Ozzy, qui butine et pique rageusement le riff – excellent début. C'est beau comme la décadence, sidérant comme la décomposition. Le premier break vocal est beaucoup moins bon, une sorte de rap chanté, en plus lent. Le second, par contre, est excellentissime, dans un style inimitable, mélodieux et descendant. Il s'entrelace avec le troisième (!), faussement cool, de façon brillante. Cette chanson est sans doute celle qui m'a le plus favorablement impressionné à la réécoute préliminaire de cette verticale : c'est sans aucun doute dû à ma méconnaissance relative de l'album (certes écouté 20-40 fois, mais pas plus, rien en comparaison des autres!!), mais je crois quand même – à vérifier à l'usure – que c'est un trésor caché !! En tout cas, depuis quelques jours, elle tourne en boucle sur ma platine !!! Bref, je trouve que ce titre fait partie des meilleurs du Sab.
Bilan : Un album qui déjoue allègrement les/mes pronostics ! Si tout n'est pas or, ça brille ! Je le recommande dans toute discothèque du groupe.
On a donc une série de 6 albums en 6 ans (!) qui sont soit bons, soit très bons, avec des pics fréquents à l'excellence !!! Ce fait mérite d'être mentionné et place, à mes yeux, Black Sab parmi les 4 meilleurs groupes des années 70 (Deep Purple, Led Zep, AC/DC étant les trois autres).
Whether I'm drunk or dead -- I really ain't too sure ...