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Vous avez enregistré des albums à Miraval, dans le Sud de la France. Est-ce que vous choisissez ces endroits par rapport aux divertissements qu’il y a autour de vous quand vous n’êtes plus en studio, ou est-ce que vos choix dépendent vraiment de la qualité des studios ?
A : Le son passe en premier, nous privilégions d’abord le son, les loisirs sont le petit « plus » qu’il y a en dernier. Je me souviens, quand nous sommes allés aux Bahamas pour « Back in Black », tout était très exotique, mais durant les 4 premiers jours, nous n’avions pas l’électricité, on mangeait à la bougie, on avait une lance et on jouait à un petit jeu. On essayait de percer les vagues avec, c’étaient des trucs complètement débiles.

B : Ca montrait à quel point on s’ennuyait. Y avait pas de TV, rien, y avait qu’un bar.

A : Oui, c’est vrai.

Peut-être que vous aviez besoin de vous ennuyer pour produire un tel album comme « Back in Black » ?
A : Peut-être oui !

B : Il faut dire qu’on avait peur de sortir, car il y avait des tas d’insectes qui nous piquaient à tout-và !

Vous n’êtes pas un vrai australien alors !
B : Oui, des bêtes sans cou ! (rires).

Remontons le court de votre carrière. Je comprends très bien que ça devait être assez déprimant de chercher un nouveau chanteur et surtout que lorsqu’on venait de perdre l’ancien ; Brian, qu’avez-vous ressenti la 1ère fois que vous avez auditionné pour AC/DC et comment vous êtes-vous entraîné pour cette 1ère audition ?
B : Je n’ai rien répété du tout. Je suis rentré dans la scène où il y avait d’autres mecs qui attendaient.

A : Ils jouaient au billard.

B : Il y avait un groupe en haut en train de répéter et je me souviens, je suis rentré dans la scène du bas où il y avait 2 roadies et j’étais pas du tout looké comme un chanteur de rock, je ressemblais plutôt à un clodo en fait. Ils croyaient que j’étais le roadie d’un autre groupe. J’ai commencé à jouer au billard avec eux, je buvais une tasse de thé et je surveillais l’heure car je me demandais ce que les membres d’AC/DC foutaient. Après 1 heure de billard, 2 tasses de thé, l’un d’entre eux m’a demandé «De quel groupe tu es ? » et je lui ai dit « Avec personne, je suis venu pour passer une audition avec AC/DC » et là, il me fait « quoi ! tu sais que ça fait 2 heures qu’ils sont en train de jouer là-haut ! ». Je suis donc monté et je leur ai dit « Désolé, je suis là les mecs ». Je suis monté et j’ai fait un essai avec le reste du groupe et voilà. C’était bien, je me suis beaucoup amusé.

Vous vous êtes dit « C’est bon on verra » ?
B : J’ai pensé que je ne les verrais plus jamais, que j’avais passé un bon moment et qu’après, je pourrais toujours me vanter d’avoir chanté avec AC/DC. C’était quand même pas mal.

Vous ne vous êtes jamais dit que si vous n’aviez pas chanté avec AC/DC ce jour-là, et s’ils avaient décidé de prendre un autre chanteur, vous seriez resté mécanicien ? C’est d’ailleurs le métier que vous faisiez à l’époque non ?
A : Le plus drôle, c’est que c’est un bon mécano.

B : Oui, j’étais un bon mécano.

« Oui, pourquoi vous m’avez tiré de là ??! »
B : Non, en fait le plus drôle, c’est que 2 jours après, j’ai lu dans une annonce à Newcastle qu’ils avaient trouvé un nouveau chanteur et qu’il était australien. Je me suis dit que j’avais prévu ça et que je n’attendais pas à ce qu’ils me prennent, qu’ils choisiraient plutôt un australien. Le mec était choisi, il y avait son nom et tout. Par contre, le lendemain, je ne m’attendais pas du tout à recevoir ce coup de téléphone de Malcolm qui m’avait demandé de revenir pour faire 2 autres essais et voir ce qu’on pouvait faire. J’y suis allé et ça a bien marché.

N’était-ce pas trop difficile de dire à votre 1er manager Malcolm Brant « Ecoute, on ne peut plus travailler avec toi car il faut qu’on pénètre vraiment le marché américain » ? La plupart ont choisi le manager Peter Menge, et qu’est-ce que Peter Menge savait plus que Malcolm ?
A : Ce n’est pas aussi simple que ça. Je pense qu’à l’époque, il abusait un peu trop de toute façon. Il devenait de plus en plus gourmand, il essayait plus ou moins de nous vendre et on avait l’impression d’être des esclaves. En fait, c’est Peter qui nous a proposé ses services, car il travaillait pour une autre société dirigée par 2 américains qui sont venus nous voir à Londres, la 1ère fois qu’on est allés en Angleterre, et qui voulaient nous manager. Même avant ça, d’autres managers venaient nous voir, même quand on était en Australie. Le 1er était je crois le manager de Franck Zappa, il est venu nous voir et il voulait nous emmener à Los Angeles. Il y a eu donc diverses personnes qui nous ont souvent demandé si on voulait travailler avec eux, et il s’avérait qu’à l’époque de « Highway to Hell », on n’avait pas de manager, alors on s’est dit qu’on allait tout faire nous mêmes. Puis Peter est arrivé, il travaillait pour une société. Ce n’est que plus tard qu’il a tout quitté pour faire son propre truc. Mais ce fut bien après qu’il nous ait quitté. Mais AC/DC a connu un tas de managers en fait, et certains étaient plus difficiles que d’autres. Cela dépend plus de la façon dont un groupe se voit, et de comment il est vu par une personne étrangère. On croit que beaucoup de gens travaillent bien ensemble mais bien souvent on a tous des avis différents.

En 1977, vous aviez inventé la guitare sans câble, est-ce que vous avez inventé des machines électroniques pour chez vous aussi ?
A : Je n’ai rien inventé. Cette technique existait déjà mais en fait c’est un américain qui a trouvé ça à New York. C’est lui qui est venu nous voir, il voulait essayer son émetteur.

Mais quelle idée mystérieuse aviez-vous derrière la tête pour utiliser cet émetteur à la place du câble ?
A : En fait, ça vous donne plus de liberté. Avant, il y avait tous ces câbles qui s’enroulaient partout, en fait, ça ressemble un peu à la courroie de sécurité des planches de surf. Cette technique permet une plus grande mobilité sur scène. La 1ère fois que des gens m’ont vu faire ça, ils croyaient que j’étais complètement cinglé. Je pense qu’au départ, les premiers à me voir ont dû trouver ça bizarre, puis dès qu’ils se sont rendus compte que derrière il y avait un peu de technologie, ils ont été rassurés.

Angus, dans le hard-rock votre « Duckwalk » est aussi célèbre que le « Moonwalk » de Mickaël Jackson. Je me dit qu’il y a bien des jours où vous n’avez pas envie de le faire sur scène et que vous ne voulez pas non plus vous habiller en écolier. Qu’est-ce que vous vous dites pour vous encourager dans ces moments-là ?
A : J’ai de la chance, car c’est comme si je me dédoublais en fait. J’ai vraiment de la chance et Brian peut vous le confirmer. Si je porte cet uniforme, je deviens un autre personnage et le show prend une toute autre dimension. C’est plus pimenté. Quelqu’un avait fait ça avec un chat une fois, il lui avait taillé les oreilles comme un lion. C’était un chat qui avait l’air tout craintif et tout à coup il se transformait en un véritable fauve. C’est donc probablement psychologique et quand j’étais plus jeune, j’étais un peu comme ça aussi. Quand j’étais petit je lisais des BD avec Superman et quand j’étais petit ma mère me tricotait souvent des pulls que je découpais pour les transformer en costume de Superman car je croyais vraiment que j’allais voler. Je ne sais pas pourquoi mais je croyais que tout le secret était dans le costume (rires). Je découpais tous les vêtements et je voyais que si j’arrivais à me faire le même costume que Superman, je pouvais voler aussi. Mais quand je suis tombé du toit du garage, j’ai bien compris que ce n’était pas possible.

B : Oui, mais vous savez, un jour, j’ai vu Angus vraiment très mal en point. Il avait une fièvre de cheval, il transpirait beaucoup, on avait peur pour lui et on se disait qu’il n’allait pas pouvoir jouer, que c’était suicidaire et qu’il allait vraiment y passer. Puis il a passé son uniforme, je vous promets que c’est vrai, je ne fais pas de la pub, peu importe que vous me croyez ou pas, dès qu’il a passé son uniforme, ça l’a calmé et le public n’attendait que ça. Mais une fois le concert fini, il est tombé raide mort et on l’a emmené à l’hôpital. Mais bon, il avait quand même assuré tout le concert et le coup de l’uniforme, ça marche vraiment.

Brian, quand avez-vous senti que vous commenciez à ne plus chanter pour les fans de Bon Scott, mais pour les vôtres ?
B : C’est dur. Je pense qu’il n’y a pas de différence, Bon est toujours là et sa mémoire m’a été d’un grand secours. Je sens qu’il est encore présent car les mecs en parlent comme s’il était toujours parmi nous, et ça c’est merveilleux.

A : Ca fait quand même 20 ans que Brian est avec nous.

Oui je sais je sais.
A : C’est toujours le petit nouveau, le petit dernier (rires)

B : Mais les potes en parlent comme s’il était toujours avec nous, les gens en parlent depuis 20 ans maintenant, mais je n’ai jamais entendu de méchancetés à son sujet, pas une. Personne n’a jamais rien dit de blessant sur Bon. J’ai cependant un seul regret, j’aurais voulu le connaître. C’est mon seul regret, je pense qu’il aurait été un vrai pote.

Angus, vous avez dit que Bon n’était pas une rock star, mais qu’il était un vrai rockeur. Ce n’est vraiment pas le même chose ? Quelle est la différence entre les 2 et que pouvez-vous dire aux jeunes leaders de groupes de rock aujourd’hui ?
A : Je pense que cette différence vaut aussi pour Brian. Il y a des gens qui voient le monde avec des yeux de star, et ils travaillent sur leur image de célébrité, et Bon Scott était tout simplement un rockeur. Prenez par exemple quelqu’un comme Jerry Lee Lewis que l’on appelait aussi « le tueur » et un tel surnom n’était pas gratuit car il était vraiment un tueur. Avec le recul, on se dit qu’il mérite un tel surnom, car il a vécu à fond sa musique et sa vie. On peut en dire autant des Stones. Keith Richards, par exemple, est un mec qui a vécu, il est de la même trempe que Jerry Lee Lewis. Bon a fait exactement la même chose, il a vécu sa vie comme un vrai rockeur, mais pas comme une rock star, à la recherche d’une image. Il adorait le rock et même chanter, et toute sa vie il a vécu pour ça. Il y a une grande différence entre ceux qui se fabriquent une image, un peu comme Elisabeth Taylor vous comprenez. Je ne suis pas en train de l’insulter mais quand même. Cela dit, j’aimais bien Richard Burton (rires).

« Whole lotta Rosie » fut le 1er grand tube d’AC/DC. Quelles sont les pires folies que les groupies ont pu faire pour vous ?

A : Oh mon Dieu !

Dites-nous tout !
A : Le regard qu’elles peuvent porter sur nous m’a toujours laissé perplexe, mais au fil des années, ont demandé des trucs plutôt intéressants. Beaucoup de ces propositions impliquaient bien souvent mon uniforme d’écolier. On rencontre aussi beaucoup de gens qui vous font des propositions bizarres, enfin que je trouvais bizarre.

Soyez plus expressif, s’il vous plaît, allez !
A : Une fois, une fille voulait me faire faire des trucs avec un mannequin en bois, enfin une marionnette je crois. C’était son métier, elle travaillait dans un théâtre comme strip-teaseuse. Elle m’avait dit qu’elle faisait un super numéro et que si je le faisais avec elle, ce serait encore mieux. Mais bon, il y a aussi d’autres demandes. Mais moi je trouve ça bizarre, car je n’ai jamais réussi à comprendre comment on pouvait faire le lien entre la scène et tout le désir sexuel. Mais bon, d’autres personnes y arrivent très bien. Quand j’étais enfant, j’ai toujours pensé que Brigitte Bardot avait quelque chose, de grosses lèvres, ce genre de trucs quoi !!

B : Elle était super !

A : Oui, effectivement.

Malheureusement, il y a tant de filles qui s’injectent du silicone pour avoir de grosses lèvres !
A : Moi aussi, je vais m’y mettre !

Ok, et vous Brian ?
B : Des trucs habituels en fait, mais bon, j’ai eu une histoire qui m’a fait beaucoup de mal. Il y avait cette superbe fille qui devait avoir 21 ans, de gros seins, des jambes interminables, elle avait tout ce qu’il fallait, elle me souriait, s’est approchée et là, elle m’a dit qu’elle voulait que je vienne chez elle. Je lui ai dit « Ok super », puis elle me fait « c’est pour te présenter à ma mère ». Ca, ça tue, ça tue vraiment.

Oh je comprends !
B : Elle voulait juste que je rencontre sa mère (rires).

Juste pour conclure, vous semblez content, pourriez-vous encore continuer pendant 10 ans ?
A : Pour ce qui est du groupe en tant que tel, notre histoire n’est pas encore terminée, c’est un peu comme un bon livre où il y aurait encore d’autres chapitres à découvrir. C’est je crois la meilleure façon de décrire notre évolution. Si on voit un bon film, on se dit qu’on le reverrais bien. C’est pareil pour un bon chanteur, on le réécoute souvent, puis après qui sait ce qui va se passer !

B : C’est la vie !

Exactement !

Un grand merci à Yop pour la transcription à l'écrit !

 

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