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Philippe Manoeuvre 24 avril 2008 (2)

H2acdc.com: Venons-en a AC/DC, je crois savoir que vous entendez parler d'AC/DC pour la première fois dans la bouches d'un lycéen français tout fraîchement rentré de Londres, vous racontant son expérience au Marquee lors de l'été 76 ?

PM : Exact, un fan - incroyable car le matin même on reçoit High Voltage- et c'est la première fois qu'on entend des cornemuses. Et pourtant, y'a des érudits ! Et on se demande s'ils sont australiens, écossais...c'est l'inconnu. Puis, vous savez, un nombre invraisemblable de disques arrive chaque semaine... mais effectivement, y'a ce lycéen qui est venu nous voir, chose extrêmement rare dans l'histoire du journal que les fans viennent directement nous voir mais lui savait qu'il avait vu le groupe de sa vie. Et ironiquement, lui nous raconte un truc qu'il a vu dans un bar sans même savoir qu'un disque existait, il nous raconte juste ce qu'il a vécu car il se doit de le partager avec le meilleur journal: Rock'n'Folk ! Et nous on lui sort le disque: "ça là !?" A son départ, on a remis le disque en lui portant une nouvelle attention, en se disant qu'il n'y avait peut-être pas que les cornemuses en fait. Et très vite, AC/DC, ça devient dément, je les vois partout !

H2acdc.com: Entre 76 et 80, c'est en effet presque du non stop...

PM : Voilà. On va voir Johnny Winter à New-York, y'a AC/DC, on va voir Blue Oyster Cult à Vegas, y'a AC/DC, on va voir un groupe à Londres y'a AC/DC, tout le temps.

H2acdc.com: La première fois que vous les voyez en live c'est au Palladium à New-York en août 77...

PM: Oui, et Johnny Winter après. Et je les revois au Pavillion de Paris, en première partie de Ted Nugent et chose étrange, on remarque que Ted Nugent, parfois n'est pas bon alors qu'AC/DC eux, sont toujours bons. Ils sont dans cette position où ils jouent partout où ils peuvent jouer et veulent tous les bouffer - c'est comme ça que les groupes parlent, se bouffer, « we're gonna eat them » - ils sont très excités et ne laissent aucune chance à ceux qui passent derrière, et à chaque date, sur 2 000 mecs qui voient AC/DC c'est sûr qu'il y en a 200 ou 300 qui repartent conquis. En première partie de Ted Nugent, y'avait pas photo, ils étaient simplement meilleurs. Pareil avec les Dictators à New-York, je me souviens de voir Angus disparaître et la musique continuer pour finalement le voir réapparaître sur les épaules de Bon Scott. Ils avaient déjà ces gimmicks, Angus montrant son cul, habillé en lycéen etc.. C’était un vrai spectacle !

H2acdc.com: et été 1977, c'est aussi le lancement sur scène de la guitare sans fil par Angus

PM : Voilà ! Et ça c'est fou. A l'époque les gens qui descendaient dans la foule, y'avait que Guitar Slim et Buddy Guy, avec des câbles de 40 mètres et des mecs derrière qui tenaient les fils alors qu'avec AC/DC, c'était le miracle.

H2acdc.com: Tenez, cadeau, ça va vous renvoyer quelques années en arrière.. Voici le bootleg de ce même concert

PM : C'est pas vrai ?! C’est super merci ! Vous savez, AC/DC, c'était un groupe, on les aimait tout de suite et on avait vraiment envie de voir de nouveaux groupes émerger car le problème avec les groupes de rock c'est quand ils deviennent trop gros comme Led Zeppelin qui remplissaient des stades alors qu'on avait aussi envie de clubs, des Clash, de Telephone et d'AC/DC qui arrivaient tous un peu en même temps.

H2acdc.com: En 1978, AC/DC croise la route des Rolling Stones aux studios Pathé Marconi lors de l'enregistrement de Some Girls. Avez-vous eu écho de cela ?

PM : Non, par contre, je peux vous dire que Keith Richards est dingue de l'album Powerage, il l'écoute tout le temps. Je vais vous dire, Mick Jagger s'en est même plaint auprès de moi, "j'en peux plus de ce disque !" De toute façon, pas étonnant que la rythmique d'AC/DC plaise à Keith Richards, ils ont cette solidité dans la base rythmique en commun. Leurs musiques restent ni plus ni moins que du Blues, c'est très roots. J'ai toujours pensé que si j'étais catapulté sur scène, j'arriverais à faire quelque chose avec AC/DC alors que je ne pourrais pas avec Metallica par exemple.

H2acdc.com: Quand Angus et Malcolm rejoignent les Stones sur scène à Sydney en Février 2003 et annoncent un peu plus tard qu'AC/DC partagera l'affiche avec les Stones sur plusieurs dates, vous deviez être fou non? Un peu un rêve qui se réalise ?

PM : Oui, je me dis ça y est ! Ils le font. Quand je vois les images de Toronto je me dis c'est génial, deux groupes se rejoignant sur scène comme ça pour jammer c'est quelque chose !

H2acdc.com: Comme vous le disiez, ces deux groupes ont en commun la solidité de leur base rythmique et le rôle prépondérant joué par leur batteur respectif, et ça se ressent particulièrement sur ce type de jam non ?

PM : Oui, c'est ça qui est très fort avec AC/DC, la section rythmique n'a pas baissé les bras. La dernière fois que je les ai vus en live, ils n'avaient pas bougé, pas ralenti, à la différence de tous les autres groupes. Cette solidité force les lead que sont Brian & Angus à une performance de haut niveau, ils ne leur font aucun cadeau et ça garanti un niveau incroyable sur scène.

H2acdc.com: Dans Dur à Cuir, vous avez des mots assez dur envers l'AC/DC des années 81-85 ...

PM : Oui, ça devient trop metal, trop chromé, ça perd. Cela a commencé à dériver après Back In Black. Brian Johnson fût un vrai coup de bol pour le groupe mais la transition entre les deux cultures de Bon et Brian a sans doute pas été si facile. On sent d'ailleurs encore une influence de Bon dans Back In Black mais vous savez, sur scène, Brian a parfois la voix de Bon. J'ai vu Zégut se frotter les yeux à Mexico en 1996 se demandant ce qu'il se passait.

H2acdc.com: Quelle réaction vous avez à la première écoute de Back in Black ?

PM : Ah ben j'adore, je suis obligé ! Je trouve ça très fort, la voix de Brian Johnson se mélange bien, c'est le genre de disque rouleau compresseur, le genre qu'on a pas vu arriver depuis 10 ans. Paradoxalement, même s'il n'est plus là, Back In Black, c'est un peu le sommet de la période Bon Scott.

H2acdc.com: 1986, le concours des sosies d'Angus, le concert de fin de tournée au Nassau Coliseum de New-York, la préface pour le numéro spécial d'Hard Rock Magazine... C'est cette année là que vous retombez amoureux du groupe ?

PM : Oui ! je me souviens très bien du concert du Nassau Coliseum, avec Ronnie Bird, ancien chanteur français et preneur de son pour Antenne 2 à New York réglant son micro pendant que tous les sosies déboulaient sur scène, c'était assez émouvant. Alors là, je les re-découvre, ils sont redescendus, c'est colossal. Même l'idée des sosies est sympa, pleine d'humour, et alors qu'il y a MTV qui pousse à la roue derrière, eux préfèrent l'auto-dérision.

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