Dublin, 18 avril 2009, témoignage de Stéphane | Highway To ACDC : le site francophone sur AC/DC

Carnet de route Europe

Dublin, 18 avril 2009, tYomoignage de StYophane

O2_dublin.jpg

« I don't know what it is, but there's always something fuckin' special about Dublin ! »

Ainsi parlait Brian Johnson en ce soir mémorable du samedi 18 avril 2009, et sans doute avait-il de bonnes raisons pour le faire ... 14 000 spectateurs à l'O2, face à la Liffey qui coupe Dublin en deux avant de se jeter dans la baie, en furent témoins ...

Mais prenons les choses dans l'ordre.

Vendredi 17 avril 2009

Dublin : l'arrivée en bus à deux étages depuis l'aéroport est saisissante : des rangées de maisons en briques, des portes laquées aux couleurs vives surmontées d'un arc, la Liffey, les pubs, un grouillemenrt de bus et de taxis ... l'accent irlandais enfin, qui sonne comme un curieux mélange d'américain et d'écossais, et qui sort de ces visages si particuliers, si typés. Beaucoup de touristes, pas de fans d'AC/DC visibles pour le moment.

Je déguste ma première Guinness et entame mes premières conversations ... waow, que c'est dur ... Un dernier petit tour et au dodo ... faut être prêt pour le jour J !

Samedi 18 avril

Nuit nickel, mon sale rhume lui-même semble s'estomper ; « Le nez bouché ?-- il vous faut AC/DC ! ». Tiens, savez-vous comment on dit cul-de-sac, ici ? Eh bien: cul-de-sac! Fort de ce constat somme toute réconfortant pour le rayonnement culturel de la France éternelle, je me lance à l'assaut des rues de Dublin en faisant le parfait touriste. Pour plus de détails, consulter le guide vert.

L'heure du show approchant, après avoir pris une douche, une collation et du repos, je marche sous un soleil vespéral radieux vers mon 7ème concert d'AC/DC, après 1986, 1988, 1991, 1996 et deux Bercy 2009. Et c'est très, très spécial, le fait de ne pas être en terrain connu change tout, et je commence à comprendre les fous furieux qui vont voir AC/DC 6,8,15 fois sur une même tournée. Mais, même si la tension monte, j'appréhende quand même un peu la répétition d'un show rodé et millimétré, voire calibré comme une tomate hollandaise.

Le premier contact avec le public est plutôt sympa puisque je me fais quasiment escorter par une famille irlandaise au grand complet vers l'O2 (famille qui aura dû débourser 200 euros par tête sur ebay pour trouver des places ...). L'organisation est brillante, on entre vite et bien. A l'intérieur, une armée de serveurs et serveuses sert les clients aux bars (encore peu nombreux, alors qu'il est déjà 19h), des gens passent constamment pour nettoyer les détritus.Un jeune homme poli vous accompagne à votre place. Bonne surprise : l'O2 est une salle splendide, à la manière des théâtres antiques, c'est-à-dire très verticale et en demi-cercle : où que l'on soit, on est bien placé, ou presque, et moi je suis pratiquement au centre, un brin sur la gauche, ce qui donne une perspective agréable.

J'ai le temps de me payer quelques bières, d'ailleurs le bar se remplit plus vite que la salle, et la salle restera de fait à moitié vide au moment de The Answer (égaux à eux-mêmes, c'est-à-dire des pastiches vivants, par la musique et le geste). Le public de ce soir est très nettement « blue collar », comme le disent les anglo-saxons, par opposition aux cols blancs : la sociologie est très différente de Bercy, où il y avait un réel brassage social et générationnel. Ici, ça me rappelle davantage le public d'AC/DC des années 80, en plus vieux et plus nombreux. Suffit d'ailleurs de regarder le parcours de BI dans les charts irlandais et UK ...

20h50 : je regagne ma place. 10 minutes plus tard, c'est l'intro bien connue, et ça démarre ... dans un grand tourbillonnement, ça y est, Angus et Brian s'emparent de la scène ... dans un fracas modéré, puisque le son est assez en retrait. Problème réglé dès le deuxième couplet de RNR Train, et là ça démarre vraiment, et quelque chose de spécial se produit, en tout cas pour moi, j'en ai des frissons dans le dos pendant les trois premières chansons ; putain! C'est dans ces moments qu'on se rappelle pourquoi on est fan de CE groupe ; mais pourquoi ce soir en particulier? C'est dû à beaucoup de choses, d'abord à un son excellentissime, très fort sans excès, bien meilleur qu'à Bercy, à un groupe qui pète la forme, à une salle super. Le nirvana absolu. Jamais je n'avais vu ni surtout entendu AC/DC dans de telles conditions, optimales.

Big Jack me calme un peu, et me permet d'observer un phénomène de migration périodique du public irlandais vers les buvettes et les gogs sur les chansons de Black Ice, qui ira crescendo au fil des chansons dudit album. Pourtant le groupe, qui doit bien être conscient de cela, ne bronche pas et redouble d'ardeur sur « Black Ice », « War Machine » et « Anything Goes » (c'est aussi ça, le professionalisme AC/DC). Mon voisin (écossais, qui part s'approvisionner régulièrement et revient à chaque fois avec trois pintes, tant qu'à faire ...) résumera d'ailleurs bien la chose à propos des deux dernières: « They have so many great songs, why do they play these ? ». Et de citer nouvelles et anciennes pour me convaincre (ne sachant pas qu'il prèche un convaincu). Mais c'est le seul bémol, qui vaut d'ailleurs pour le Black Ice Tour dans son ensemble.

Le groupe en revanche fait un carton absolu avec Thunderstruck, particulièrement péchu. The Jack s'avère, comme toujours, un moment de répit, tout en reproduisant ce grand spectacle du strip qu'Angus maîtrise avec un humour génial. Brian allonge l'intro bluesy (she was such a dirty woman) et se paye une petite impro (il est vraiment bien, Brian, ce soir). Hell's Bells me déçoit un peu, comme toujours en live (je ne sais pas pourquoi), puis on monte lentement vers l'apothéose avec Shoot to thrill (tout l'O2 bat des mains sur le break), puis un peu plus tard You shook me all night long, repris en choeur par la foule et acclamé à tout rompre (beaucoup plus qu'à Bercy). Suit un époustouflant TNT (j'ai à nouveau des frissons), où Brian se lâche complètement. Whole Lotta Rosie est chanté par le public tout entier (Brian n'a plus qu'à laisser faire), et LTBR finit dans une orgie de guitare lead (pas très mélodieuse, mais follement spectaculaire).

Rappels: HTH me lasse considérablement, je ne trouve plus grand chose à cette chanson, mais un incident amusant réhausse la fin, car le groupe aura du mal à la terminer, faute d'un signal clair de Brian, déchaîné, qui se lance dans une espèce de mini-impro bluesy et s'excuse face à la perplexité du groupe; Angus aura patienté quinze bonnes secondes avant de pouvoir lui passer la guitare entre les jambes. Enfin, lorsque retentit le son du canon, Angus et Brian, qui ont tout donné, semblent complètement épuisés, mais galvanisés par l'approche du finale forioso, Angus haletant comme un poisson échoué tandis qu'il masturbe sa guitare érigée en un ultime salut au public. We salute you!

Putain que c'est bon ... AC/DC au sommet. Franchement, après avoir vu les videos des premières dates américaines, je m'attendais au pire. A Bercy, j'étais super heureux, et rassuré. Ce samedi à Dublin, c'était comme avant. Pareil. Comme en 86, 88. C'est-à-dire épileptique, fantastique, héroïque, sismique ...

Ah, dois-je préciser qu'AC/DC reste le meilleur groupe de scène du monde ?

Dimanche 19 avril et lundi 20 avril

Après ça, qui s'intéresse encore à ma vie privée et mes diverses tribulations dans la ville de Dublin, à mes promenades en bord de mer sur des falaises couvertes de l'or des ajoncs en fleur ? Personne ?

Ben c'est bien pour ça que je m'en retourne à Bordeaux après un long week-end mémorable.

Non: spécial!

Merci !
H2ACDCteam



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