RIP à cet artiste du paysage musical français.
Je l'ai vu une fois. Un concert au Cirque d'Hiver qui en 1994, ayant duré 5h (avec entre autres Didier Lockwood et Louis Bertignac en guests) m'a marqué à jamais.
Tiens, déjà pour moi, y a ça qui est essentiel :
Higelin à Mogador !!!!!!!!!!!! Que dire de ce triple live si ce n'est que pour moi il s'agit pour moi du point d'orgue de la carrière du grand Jacques. Tout son univers y est parfaitement restitué à travers ce concert complètement dingue enregistré dans le temple de l'opérette le 1er janvier 1981. Et puis, il faut dire qu'il est quand même sérieusement épaulé, notre ami. Simon Boissezon et le regretté Micky Finn (Jimmy Page, Murray Head et Nino Ferrer) se partagent les guitares, Norman Kerr est à la basse, Michael Suchorsky et Michael Santangelli sont à la batterie. A ce sujet, Higelin apporte un commentaire personnel en disant qu'il vaut mieux avoir deux batteurs au cas où il y en aurait un qui aurait oublié de venir. mdrrrrr. On continue avec notre ami Denis Van Heycke qui avec son violoncelle, sait retranscrire les atmosphères inquiétantes de certains morceaux. Franck Wuyts supplée le grand Jacques au piano tandis que "l'énigmatique et mystérieux Monsieur Mahut" assure les percussions et les frères Guillard s'occupent des cuivres. Ca commence avec un Hold Tight complètement délirant impliquant de fait un dialogue surréaliste et déjanté avec le public. Ca se poursuit avec Banlieue Boogie Blues où le grand Jacques invite l'assistance à hurler tels des loups à la pleine lune sur fond de boogie rock incendiaire. Mona Lisa Klaxon, par rapport à sa version studio qui figure sur BBH75, est un torrent d'électricité (Higelin va même jusqu'à chanter de façon hystérique : je vous l'ai dit, ce live est dingue) puis Mama Nouvelle Orléans qui dérive sur La Belle de Cadix (?). Bon, ce qui suit ne doit pas être lu par les plus jeunes car lorsqu'il attaque Je Veux Cette Fille, boogie rock, extrait d'Alertez les Bébés (1976) qui dérive ensuite sur un blues langoureux, le Jacquot s'embarque dans la description du parcours d'une larme sur un corps féminin, on s'imagine bien qu'Higelin va se lâcher. Et il va le faire, le bredin. La version live est terrible (dans le sens positif du terme). Ca prend toute la face 3 soit 16'56 de délire. Je pense qu'un artiste français n'est jamais allé aussi loin dans ce concept. Mais bon là, c'est quand même assez dégueu. On peut cependant rajouter Thiéfaine. Lors d'une soirée (on appelait ça une boum) il y a fort longtemps, on avait passé ce titre et certaines jeunes filles (moi aussi, j'étais jeune, 19 ans) avaient avoué avoir été choquées mais on l'a quand même laissé jusqu'à son terme. Irradié et son intro obsédante jouée à la violoncelle par Denis Van Heycke calment un peu le jeu d'une certaine façon, on va dire et est directement enchaîné au Minimum interprété avec sa petite intro bien funky à la guitare dans une version bien percutante. Tête En L'Air, "arrivé tout droit de la gorge d'un oiseau de Louisiane", très inspiré Trenet, de par sa mélodie innocente et guillerette contrastant radicalement avec Je Veux Cette Fille, offre un rythme pétillant. Un véritable hymne à la Vie et à l'Amour. Les "Des pianos a queue dans la boite aux lettres, des pots de yaourt dans la vinaigrette" repris par tout le groupe font leur petit effet. Un classique bien évidemment issu de l'album Champagne pour tout le monde. Le rythme lourd et syncopé de Géant Jones (qui raconte l'histoire d'un boxeur) accompagné des cuivres, achève le public de Mogador. Higelin lui aussi est achevé, en profite pour tousser un peu avant de raconter sa litanie sur le protagoniste de sa chanson. La présentation des musiciens s'effectue dans une atmosphère absolument conviviale puis Higelin et ses acolytes s'attèlent à une version de 21 minutes de Paris New York, New York Paris, calquée un peu sur le tempo de La Grange des 3 barbus texans donc à 200 à l'heure. Une version torride face à laquelle le public de Mogador n'a pas dû sortir indemne. Voilà. Il s'agit d'un live INTENSE du début à la fin et je crois que je n'ai qu'un seul regret, c'est de ne pas y avoir assisté.