Je viens de découvrir un groupe qui vaut sans doute la peine d’être écouté. Mais par là, je n’entends pas plus de quelques secondes. Cela suffit amplement à se faire une idée très précise de l’étendue de l’horreur. Une expérience transcendantale et légèrement dangereuse pour les nerfs.
Je m’explique.
La tante de mon frère (ne cherchez pas l’erreur) lui a il y a quelque jour de cela donné un CD, avec comme commentaire : « Tiens, écoute ça ! C’est un très mauvais groupe de rock. Cela vaut la peine d’être entendu. » Elle-même, je l’ai appris après, l’avait reçu en cadeau accompagné de la même remarque.
Nous sommes hier soir. Cela fait plusieurs jours que ledit CD traîne sur la crédence de mon salon, aussi, me prends-je soudain d’une incontrôlable curiosité envers ce CD si bien référencé.
Je saisis l’objet, examine la pochette avec ma tolérance naturelle. Une gamine assise sur son lit, entourée de peluches, dans une lumière rose assez glauque, se cachant le visage dans les mains. Mouais, ça peut assez bien faire l’affaire pour du Métal/Fais-moi-peur, pour l’instant rien de bien repoussant. Au dessus, le nom du groupe : Dark Angels, bon, c’est bien un peu cliché, mais la police et le logo sont assez sympas. Le nom de l’album : « Leave scars ».
Je pousse l’examen plus loin, et ouvre le livret. Ahi ! Eh bien eux au moins ils ont des choses à dire, fatche de cong ! Beaucoup de paroles. Vous savez peut être que j’attache beaucoup d’importances aux paroles (oui, j’écoute pourtant Nashville Pussy mais chut
), aussi je me plonge dans la lecture.
Plat. Nullissime. De longues phrases lourdes, un vocabulaire standard et des champs lexicaux récurrents comme celui de la souffrance etc, le tout au service d’une sorte de critique de la société ou du monde extérieur. De ces paroles vides de sens qui n’attaquent rien en particulier, mais qui expliquent avec hargne que c’est mauvais, que moi je suis un winner, que je vous écrase tous, et que vous êtes un troupeau bêlant suivant ce qu’on vous dit.
Bien bien bien, mettons le CD dans la chaîne et en avant la musique, je suis curieuse de voir ça.
Bon, maintenant imaginez un riff cliché de métal bourrin, c'est-à-dire une formule rythmique de trois accords sinon moins, avec une batterie qui s’excite derrière, mais qui se contente de marquer les temps. Oui, votre idée n’est pas mal. Maintenant répétez ça en boucle, et accélérez le tout un poquito. Mettez ça à Mach 2, par exemple. Une ou deux minutes de ce régime, puis la voix entre en jeu !! « My imbalanced mind is unaccepted by society / My life is ruled by urges- sickened impropriety ! » Le tout avalé en une demi-douzaine de syllabes par une voix, qui hurle à toute vitesse ce pur extrait de poésie Shakespearienne.
Et toutes comme ça. TOUTES !! Exceptées : une instrumentale d’environ 6 minutes à ce même régime, avec, ô miracle, une prouesse indicible du guitariste soliste qui nous a pondu 4 magnifiques petites notes de merde ; et une reprise enlevée de….
Immigrant song ??!!!! Qui n’a de la version originale que quelques espèces de hululements rappelant vaguement le style de Robert Plant.
C’est tellement agressif pour les nerfs que je me suis piqué un fou rire d’au moins 5 minutes en voyant qu’un des musiciens s’appelait Gonzalez, ce qui est le surnom donné par son père à ma nièce de 8 mois, Julie (ne cherchait pas à comprendre non plus).
Maintenant, je sais ce qui me reste à faire. Il me faut trouver une victime. Les Anges des Ténèbres frapperont encore, c’est leur destin.
Héhééééé A qui vais-je bien pouvoir refiler ça en disant « Tiens, tu veux entendre un horrifique groupe de métal ? »
Bye
Red