par Judge Dan » 05 Juil 2006, 19:32
Un avant-goût pour Bercy...
The Unholy Alliance Tour 2006
Thine Eyes Bleed – Mastodon – Children Of Bodom – Lamb Of God - Slayer
Montréal – Québec – Centre Bell
03 juillet 2006
"Si on te frappe la joue droite, tends la gauche." Ces paroles du Christ ont semble-t-il été reprises par ses ennemis irréductibles à leur propre compte. Car c'est la joue encore rouge de la claque mise par Slayer il y a huit ans au Zénith de Paris que je me rendais à ce concert. J'en ai pris une deuxième, histoire d'uniformiser le teint.
Rien qu'à voir la cohorte de Metal Freaks devant le Centre Bell, on peut paraphraser Blier : ce soir "c'est du brutal" ! Des masses de deux cent livres tatouées et cloutées, accompagnées de mantes religieuses blafardes et teigneuses, on sent l'envie d'en découdre dans ces visages peu amènes poussant des cris de défis gutturaux.
Les trashers canadiens de Thine Eyes Bleed ouvrent pourtant les hostilités devant une salle quasiment vide. Les absents, se ravitaillant en munitions aux bars n'ont pas raté grand chose. A part, peut être, voir à quoi ressemble le bassiste Johnny Araya, frère de qui vous savez, et le gratteux au look de Kerry King. Le son n'est pas top, et la zique peu originale ; ce n'est pas mauvais mais pas bien méchant non plus. Bref, juste quelques petites taloches, histoire d'activer la circulation.
Les choses se corsent avec Mastodon. Auréolés de leur première partie de Slayer en Europe en 2004, les gars d'Atlanta vont entamer un tabassage en règle des présents déjà plus nombreux, avec leurs riffs bourrins. Les coups commencent à pleuvoir. Ils viennent de la scène certes, mais aussi des spectateurs qui s'échauffent pour de bon. Les premiers slamers, encore un peu timides, font leur apparition sur les têtes.
Belle prestation mais desservie par un son pourri et un public qui ne pensent qu'aux suivants. "À revoir dans de meilleures conditions"…
La salle s'est garnie et on comprend à la clameur qui accueille le back-drop qu'une très grosse partie du public s'est déplacée pour la sensation Children Of Bodom.
Tout d'un coup, ça fait mal. C'est du vicieux. Superbes mornifles des Finlandais avec un Alexi qui fait le spectacle à lui tout seul, court partout ranimer ses collègues un peu moins expansifs, Roope restant dans son coin. Au final, un set bien trop court au vu de la qualité des compositions, de leur interprétation, et surtout des attentes du public.
Une espèce de crétin vient sur scène provoquer le public canadien ("I hate this country", qu'est-ce que tu fous là alors…) et annoncer l'arrivée de Lamb Of God.
Et là, enfin, le vrai baston commence, au grand plaisir du "parterre". Ça cogne au sens figuré, mais surtout au sens propre. Un énorme pogo s'empare de la fosse. Je n'aimerais pas être en bas. Mais le chanteur en veut plus et demande à la foule de lancer le "circle-pit". Je dois dire qu'en vingt-six années de concerts, je n'ai jamais vu un truc aussi hallucinant. Commencée avec une dizaine de mecs, la ronde infernale s'étend, s'étend, jusqu'à embarquer un bon millier de personnes dans un tourbillon apocalyptique. Une rumeur incrédule et craintive s'élève des gradins, inquiets que nous sommes devant ce spectacle d'une violence primitive. Pour la deuxième fois de ma vie, j'ai eu peur à un show et pourtant j'étais loin de l'action. Cet épisode laisse présager le pire pour la tête d'affiche.
Côté spectacle, le chanteur Randy Blythe se démène comme un beau diable et fait immédiatement penser au Phil Anselmo d'avant la déchéance. Ses comparses assurent un show impeccable, avec une mention spéciale au batteur Chris Adler qui malmène sa double grosse caisse avec l'énergie du désespoir. Un concert de bon gros trash-metal US sous un light show conséquent.
Il est temps pour les participants de prendre une pause méritée. Odeurs de bière et de sueur dans le Centre Bell, on prépare l'autel pour les maîtres.
L'arène, en configuration réduite, est désormais pleine. Six mille personnes aboient en chœur et en rythme le nom de leurs Dieux : Slayer ! Slayer !
Ils arrivent coolos sur South Of Heaven mais des images en noir et blanc, de bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, diffusées sur écran géant mettent tout de suite une ambiance malsaine. L'imagerie de ce show sera très axée Troisième Reich, tout comme le merchandising du groupe. Et satanisme bien sûr, avec un montage inédit des marshalls en fond de scène : deux immenses croix renversées… t'en as rêvé, Slayer l'a fait.
Sans surprise, le public est dé-chaî-né. Pogo démentiel, coups de poings, coups de pieds, coudes qui partent, vêtements qui volent, slam continuel, objets non identifiés dans les airs, y a un de ces bordel dans cette fosse !
Moment incongru du spectacle lorsque Tom Araya dédicace comme à son habitude, le titre Mandatory Suicide aux soldats américains présents dans le Golfe. Des huées partent du public, désarçonnant un peu le pauvre Tom. Et oui, on est au Québec ici, pas aux Etats-Unis. Et la guerre n'a pas bonne presse. Surprenant quand même de voir ce public harnaché de treillis de toutes les teintes imaginables, célébrant un groupe dont l'imagerie reste férocement guerrière, s'affoler dès qu'on lui parle de la vraie vie !
Tout aussi déstabilisante, la présence de nombreux gamins sur les côtés de la scène, gambadant ou amenant des serviettes à Lombardo, indifférents à la bataille qui se déroule sur scène et dans la salle. Et oui, ils ont vieilli nos quatre mercenaires, et c'est en famille qu'ils se déplacent désormais ! Difficile quand même d'imaginer Papa King rentrant du boulot le soir, déposant sa BC Rich et ses bottes cloutées à l'entrée, s'affalant dans un fauteuil pour lire le journal en fumant la pipe, pendant que Maman King réchauffe la soupe ! Et pourtant…
Bon, cela ne les empêche pas de tout anéantir sur leur passage. Lombardo, que dire, c'est Dave Lombardo quoi, inégalé, inégalable. King et Hanneman tronçonnent leurs riffs avec toujours autant de vigueur malgré le "poids" des années (je sais elle est facile). Araya apparaît le plus fatigué. Il a du mal avec sa voix semble-t-il et laisse souvent le public hurler les paroles à sa place.
Paroles d'une set-list sans surprise. Un seul titre du petit dernier, ça ne fait pas lourd. Je suppose que pour ceux qui voient Slayer tous les deux ans (fréquence de leurs passages ici), ça doit devenir pénible à la longue mais pour moi qui ne les avait pas vus depuis le siècle dernier, j'ai réentendu avec plaisir Hell Awaits ou Chemical Warfare.
Bref, en une heure dix, Slayer met tous les belligérants d'accord, la Pax Araya règne par K.O. Et je repars en me tenant la joue.
Durée : 1h10
Son : Excellent
Lights : Rouges "Slayer"
Spectateurs : 6400
Ambiance : Énervée (euphémisme…)
Le moment fort : Blood Red
Set-lists :
Slayer : 01 - South of Heaven ; 02 - Silent Scream ; 03 - War Ensemble ; 04 - Blood Red ; 05 – Cult ; 06 – Disciple ; 07 - Mandatory Suicide ; 08 - Seasons in the Abyss ; 09 - Chemical Warfare ; 10 - Dead Skin Mask ; 11 - Hell Awaits ; 12 - Raining Blood ; 13 – Antichrist ; 14 - Angel of Death
Lamb Of God : 01 – Ruin ; 02 – Hourglass ; 03 - Laid 2 Rest ; 04 - Palaces (Ring) ; 05 - 11th Hour ; 06 - Something to Die For ; 07 – Purified ; 08 - The Faded Line ; 09 – Vigil ; 10 – Redneck ; 11 - Black Label
Children Of Bodom : 01 - Silent Night, Bodom Night ; 02 - Needled 24/7 ; 03 - Living Dead Beat ; 04 – Sixpounder ; 05 - Angels Don't Kill ; 06 - In Your Face ; 07 - Hate Me ! ; 08 - Downfall
JD
Dernière édition par
Judge Dan le 05 Juil 2006, 20:24, édité 1 fois au total.