Après McBeef, Crashy, Denis et les autres, à mon tour de m'atteler au rituel de la review du concert d'Alice Cooper à Lyon.
Ceux qui ne veulent pas s'embêter, voici la version courte :
http://www.youtube.com/watch?v=-FucbvoFFy0La version un peu plus étoffée, la voilà :
J'arrive vers 6h dans une Halle Tony Garnier pas encore très remplie et me place pas très loin des barrières, un peu excentré sur la droite. La salle est dans une configuration pas gigantesque et se remplit peu à peu. La fosse est au final bien garnie, les gradins restant un peu clairsemés, comme cela a été dit.
La première partie a été globalement bien assurée par les anglais de The Treatment. Il s'agit de petits jeunots plein de fougue, qui se sont bien battus pour mettre l'ambiance, avec des riffs peut-être pas super originaux, mais très efficaces. Leur chanteur se distingue ma foi par son très bel organe, et leur plaisir d'être sur scène était communicatif. Bonne chance à eux !
La scène principale est rapidement mise en place et à 8h, les haut-parleurs retransmettent une voix d'outre-tombe. Vincent Price nous fait un petit cours d'entomologie et on sent venir la première chanson de la soirée. Gagné, c'est avec The Black Widow que s'ouvrira le bal. Le ton est donné avec un groupe maquillé comme pour Halloween et un Vincent Furnier dominant son public du haut d'une estrade. A l'image de la soirée, le spectacle offert par cette chanson est assez sympa, avec une esthétique un poil kitsch (le costume d'Alice dans cette chanson pourrait appartenir à un pré-ado allant à sa première soirée costumée), sans toutefois verser dans le ridicule grâce à un second degré parfaitement assumé par Alice, qui cabotine tout au long du concert.
Le groupe enchaîne avec un Brutal Planet bien exécuté, puis un premier tube, I'm Eighteen. Le public, enthousiaste bien qu'un peu statique (en tout cas de ma position), prend plaisir à reprendre le refrain, pendant que les musicos font montre de leur talent. Comme pour Alice, l'accoutrement du principal guitariste, Steve Hunter, est assez incongru, et fait vaguement penser à ces scènes de Police Academy où le Capitaine Harris et le Lieutenant Proctor débarquent dans un bar un peu... particulier ("mais de quoi y parle ?", se disent les plus jeunes). Mais des fois que l'on a envie de se moquer, il calme son monde avec ses accords impeccables. Orianthi Panagaris peut elle aussi vous emmener sur des fausses pistes. Presque une enfant, belle comme un coeur, on peut croire qu'elle joue simplement la touche sexy pendant que les deux guitaristes mâles font le boulot. Le solo de la demoiselle, qui avait été recrutée par M. Jackson en vue de la tournée This is it, remettra les pendules à l'heure.
Face à ces deux brutes, le troisième guitariste, Tommy Henriksen, et le bassiste, Chuck Garric, paraissent presque palots. J'ai bien dit presque, parce qu'au final, chacun dans son style propre (je pense notamment au superbe accompagnement du solo de batterie de Halo of Flies par la basse) se sera parfaitement intégré dans l'ensemble pour délivrer de très belles interprétations. Et quand en plus les gratteux prennent des poses à la Scorpions, je ne réponds plus de rien !
Le batteur, Glen Sobel, est lui aussi magistral. Sa batterie surélevée lui permet de participer comme les autres au show. Très complice avec le public, il se fera notamment chaudement acclamer à l'occasion de son très bon solo.
Alice quant à lui, chante (très bien) autant qu'il
joue ses titres. Chaque chanson est un tableau qui nous transporte dans l'univers d'Alice Cooper. L'équilibre entre théâtralité et humour potache est très bien dosé et le public le suit. Parmi les grands moments, on notera le poignardage du paparazzi décrit par McBeef, l'arrivée de Frankenstein sur scène, le fameux boa (désolé pour le flou de la photo)... J'ai bien aimé aussi cet instant où Alice balance de toute force sa canne, qui se plante dans un mannequin placé à un mètre de la batterie... Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que s'il vise aussi bien que moi, Glen Sobel ne doit pas en mener large, soir après soir ! [edit: vous pouvez voir ladite canne et le mannequin sur la photo juste au-dessus]
Le groupe enchaîne les titres qui sont autant de pépites. N'ayant pas trop suivi Alice Cooper en live, je ne savais pas trop à quoi m'attendre en terme de set-list. Grand amateur de l'album Killer, je n'osais qu'espérer entendre Under My Wheels. Et bien non seulement ils l'ont jouée (et très bien jouée !), mais je me suis également régalé avec Halo of Flies et le final de Killer (au moment de la mise à mort d'Alice ; j'imagine que ce morceau est un classique de ses concerts, mais comme je ne le savais pas, ça a été une très agréable surprise).
Et puis il y a cette pépite... Certes, je savais qu'il y avait 99% de chances que je l'entende, et ça peut donner l'impression du pseudo-fan de Deep Purple qui vient uniquement écouter Smoke on the Water... Mais bordel, POISON !! J'ai une histoire particulière avec cette chanson, et chaque fois que je l'entends je suis retourné. Alors là, l'entendre en live, ça a été vraiment magique. J'ai fait des concerts qui dans leur globalité m'auront plus marqué (AC/DC bien sûr, mais aussi par exemple Iggy Pop ou Roger Waters), mais ce Poison... La chair de poule qui m'a envahi lors des premières notes restera, je n'en doute pas, un de mes plus grands souvenirs de concert. Et de mon voisin aussi je pense, vu comme j'ai beuglé dans son oreille !
Arrive Wicked Young Man où Alice est mis à mort. Et oui, la guillotine fait son petit effet :
Le groupe finit I Love the Dead et Alice "ressuscite" pour entamer un School's Out de feu ! Inutile de vous dire que le public est en ébullition et s'époumone sur le refrain. Nous sommes même gâtés, puisque le grand hit d'Alice Cooper est couplé avec une reprise à la testostérone de Another Brick in the Wall part 2. Autant dire que le mélange des deux, et le lâcher de ballons qui l'accompagne finit d'achever les derniers résistants !
Le groupe s'éclipse un instant, puis revient pour un rappel d'une seule chanson, mais qu'elle est belle ! Furnier a revêtu ses habits du dimanche, une redingote en lamé superposée à un maillot de l'OL (floqué Alice Cooper et avec le numéro 18, bien sûr !), un drapeau français à la main, pour nous achever avec Elected. Dernière ironie de ce concert, tant Alice n'a pas besoin de cette campagne électorale pour être "elected" dans un fauteuil : avec sa bonne humeur, ses superbes chansons, son spectacle, ses musiciens, les deux cannes balancées dans le public et, dernière sécurité, les centaines de billets d'UN MILLIARD de dollars jetés dans la foule, pouvions-nous décemment ne pas lui donner notre vote ?
Et pour finir la set-list :
- The Black Widow
- Brutal Planet
- I'm Eighteen
- Under My Wheels
- Billion Dollar Babies
- No More Mr. Nice Guy
- Hey Stoopid
- Is It My Body
- Halo of Flies
- I'll Bite Your Face Off
- Muscle of Love
- Only Women Bleed
- Cold Ethyl
- Feed My Frankenstein
- Clones (We're All)
- Poison
- Wicked Young Man
- I Love the Dead
- School's Out
- Rappel : Elected
Je suis un gentleman ; c'est marqué sur la porte des chiottes.
Wallace Palès