Bon, je ne pouvais simplement pas ne pas poster une petite review ici après avoir vu Black Sabbath au Hallenstadion à Zürich vendredi soir dernier.
Déjà, au niveau du contexte, c'était un peu inhabituel, puisque le pote avec qui j'y suis allé m'a annoncé trois jours avant que sa voiture était morte. Avec mon frère qui travaille en tant que pilote chez Swiss, on a cependant réussi à obtenir des billets à prix cassé pour faire un aller-retour Genève-Zürich pour 50 euro chacun (le trajet en train coûtant, je le rappelle, environ 150 euro, donc ne vous plaignez plus jamais de la SNCF après ça
). Au niveau de la taxe carbone c'est pas super, mais c'est super relaxant de ne pas avoir à se bouffer 3 heures de route à l'aller et au retour. Nous avons également pris des billets en catégorie Golden Circle qui n'ont, ô surprise, pas coûté un rein par rapport aux billets normaux - dans l'ordre de 10 euro de plus seulement. Là encore, arriver à Zürich sans se presser comme un citron pour avoir une place potable est très agréable : on s'est facilement retrouvé au deuxième rang juste devant Ozzy.
A ce moment, j'ai de la peine à réaliser que je vais voir Black Sabbath, un groupe que j'ai tellement écouté, adoré. Même si je ne m'attends pas à une grande surprise dans la setlist (que je n'ai pas lue avant le concert), je tiens difficilement en place ! De plus, adore le Hallenstadion pour des raisons sentimentales, car j'y ai vu KISS et AC/DC, mais aussi pour des raisons de confort, puisque tout est bien organisé à la suisse-allemande, le son est bon et le staff toujours très courtois. Sur les 13'000 places qu'offre la salle en moyenne, une très grande majorité semble occupée, plus qu'à KISS en tout cas.
En première partie, Soundgarden. J'ai toujours adoré Chris Cornell, c'est vraiment un chanteur phénoménal. Le show lui-même, par contre, est un peu inexistant et la musique me semble parfois un peu trop répétitive, même si j'ai eu l'impression d'une montée en puissance tout le long du show. Je me serais par contre bien passé du public qui quémandait à chaque pause un plectre... C'est vraiment une sacrée obsession pour certains. En bref, moment agréable et plus digne d'intérêt des premières parties qu'on nous case généralement dans ce genre de concerts. Parce que pour une raison qui m'échappent, les promoteurs suisse-alémaniques ADORENT caser Within Temptation partout
Les lumières se rallument, et après une demie heure d'attente où on sent monter la pression dans la foule...
LET ME HEAR YAAA !
ARE YOU GONNA GO CRAZY TONIIITE ?
OHHH-HE OH-HE OH-HE OH-HEEEEE OH-HEEEEEEE OH-HEEEEEE !Les lumières s'éteignent. Hystérie générale.
Attention, la suite de cette review contiendra des spoilers sur la setlist.Evidemment, sirènes aériennes qui font trembler le Hallenstadion.
War Pigs commence. Un vrai bonheur, car de surcroît jouée bien lentement. Le groupe comme le public se chauffent encore, toutefois. Ce n'est qu'avec
Into the Void en deuxième - quelle bande de fou dangereux de faire un enchaînement aussi violent - que les choses sérieuses commencent : le son est parfait, et l'intro de cette pépite est tellement violemment lourde que mon pote et moi partons en fou rire incrédule. Black Sabbath is back. Ajoutez
Under the Sun et
Snowblind, et je crois qu'on tient le plus magnifique enchaînement au début d'un concert.
Ozzy est en parfaite forme, très dynamique, et même s'il pêche un peu dans la justesse de temps en temps, ça ne dérange absolument pas. Les seaux d'eau pleuvent sur les premiers rangs, ce qui est très agréable vu la chaleur qui s'installe dans la foule. Geezer est évidemment en retrait et Tony fait quelques excursions occasionnelles vers le devant de la scène pour jouer avec Ozzy. Vraiment cool de les voir se taquiner comme ça. Quant à Culfetos, je crois qu'il a remis ses détracteurs à leur place. Si son jeu scénique est peut-être un peu hors-sujet avec un groupe comme Black Sabbath, son jeu est hyper en place et il maîtrise avec grande aisance toutes les chansons du set. Comme le montre son solo, ses influences sont avant tout rock - ça sent furieusement le John Bonham par moments. J'aurais adoré voir Bill Ward, mais en réécoutant plus attentivement le live
Reunion, je réalise qu'il n'était déjà pas très tight à la fin des années 1990. L'âge n'aidant pas, je ne suis pas sûr qu'il aurait été capable de bien tenir son rôle ce soir-là.
Le set passe, et il faut donner une mention spéciale à
Black Sabbath, qui m'aurait hérissé les poils s'ils n'étaient pas déjà trempés par les seaux d'Ozzy. Quelle interprétation mes aïeux. Clufetos fait un travail remarquable avec les percussions, et l'accélération finale sème chaos et désolation dans la foule, de la pure folie. Pendant quelques secondes, j'ai eu l'impression d'être à cette fameuse interprétation de Paris en 1970. Dès cet instant, j'ai un peu l'impression qu'il n'y a que Black Sabbath sur terre. Peu de groupes donnent ce sentiment. Et encore moins après plus de 45 ans de carrière.
Dès la super interprétation de
N.I.B., la tension retombe un peu, peut-être parce que les chansons sont plus calmes ou lentes. Un peu déçu de ne pas entendre
Supernaut en intégralité, mais très content d'en entendre des bouts durant le solo. Les chansons de 13 passent bien, mais personnellement, j'aurais préféré du Sabotage ou du Sabbath Bloody Sabbath. Et quant à
Iron Man... Bin ils sont forcés de la jouer, mais c'est un peu comme Highway to Hell... Forcés de la jouer pour que le public soit satisfait, mais un peu redondante.
Okay, now we're gonna play one last song. Will you go crazy ? I SAID WILL YOU GO CRAZY ? This one's called Children of the Grave.And crazy we went. Quel champ de bataille, cette fosse. Jamais autant fait de headbang durant une chanson. Quelle puissance, quelle lourdeur, quel machiavélisme. Les mots ne suffisent pas pour décrire le pandemonium qui s'y déroule. Seul bémol : Tony a visiblement planté les premières notes d'
Embryo, et au lieu de recommencer, il a directement enchaîné sur le riff. Après quelques minutes de calme, le groupe revient évidemment une dernière fois avec
Paranoid (le riff de Sabbath Bloody Sabbath ne trompe désormais plus personne), qui ne fait qu'achever la boucherie qu'ils ont commencé avec
Children of the Grave. Je suis véritablement surpris de voir le public suisse-alémanique si en forme, car d'habitude c'est e contraire.
Fin du concert, génocide entre les obsédés des plectres pendant que j'en choppe un de Geezer qui tombe facilement devant moi. Plutôt cool, mais assez hypocrite lorsqu'on voit que Geezer joue au doigt et que le seul moment où ses mains touchent ces bouts de plastique est à la fin du concert, alors qu'une assistante lui en file une poignée pour satisfaire la coutume. Je crois même lire sur son visage une sorte de "Yeah, whatever, just take it, I don't care".
En résumé, un des meilleurs concerts de ma vie, tout simplement. J'adore ce groupe, leur musique, leur show, leurs personnalités. Je n'avais jamais vu Ozzy auparavant, et tout ce qui a été dit sur sa capacité à captiver les foules est vrai. Une grande leçon du groupe originel du heavy metal. Certains de leurs successeurs feraient bien de prendre exemple. Pendant que la Suisse se faisait exploser 5-2 au foot et que les gens se battaient et s'insultaient à Genève, tout le monde s'est éclaté au Hallenstadion. Et comme Ozzy l'a placé à un moment : "Thanks for coming while the World Cup is on. This year England sucks anyway."
SETLIST (surligner)War Pigs
Into the Void
Under the Sun/Every Day Comes and Goes
Snowblind
Age of Reason
Black Sabbath
Behind the Wall of Sleep
N.I.B. (Geezer solo)
End of the Beginning
Fairies Wear Boots
Rat Salad (avec des bouts de "Supernaut" + Drum Solo)
Iron Man
God Is Dead ?
Dirty Women
Children of the Grave
Rappel :
Paranoid (+ Sabbath Bloody Sabbath intro)