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Black Sabbath

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the nightprowler
 
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Re: Black Sabbath

Messagepar the nightprowler » 14 Août 2015, 18:16

Ca me donne envie de réécouter les vieux Sabb donc merci iangillan. :wink:
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Garbage Man
 
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Re: Black Sabbath

Messagepar Garbage Man » 15 Août 2015, 16:16

3)Planet Caravan (10.5/20)
Supportable, non dépourvue de qualité, mais au final pénible – les effets, c'est marrant pour ceux qui font mumuse avec, mais pour la voix, en général, c'est saoulant. La chanson de Black Sab la plus dispensable à ce stade .


Pour moi tu es passé complètement à côté du titre. Personnellement j'ai toujours adoré Planet Caravan. Un titre très progressif et contemplatif au milieu de riffs plus lourds. C'est aussi ça ce qui fait le charme de Black Sabbath à mon sens. Pour comprendre cette facette du Sab' il faut se remémorer que Iommi a pendant un bref moment joué avec Jethro Tull. Cet aspect progressif et Folk que l'on retrouvera d'ailleurs plus tard avec des titres comme "Solitude" ou "Laguna Sunrise" on le doit à l'influence de Ian Anderson sur Iommi pour moi ça ne fait aucun doute.

Le premier album est très emprunt du british blues et l'influence folk/prog de Jethro Tull même si pour certains titres (Black Sabbath, N.I.B etc...) le style Black Sabbath est déjà une évidence.

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PowerAge.261
 
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Re: Black Sabbath

Messagepar PowerAge.261 » 15 Août 2015, 17:21

Je viens tout juste de commencer à lire l'autobio de Tony Iommi, mais de mémoire, il n'est resté avec Jethro Tull que quelques jours puis est retourné avec Black Sabbath.
Ca a influencé sa façon de travailler en groupe, mais je pense pas que ça ai eu une influence sur son jeu. Il avait déjà une très bonne culture musicale.
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iangillan
 
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Re: Black Sabbath

Messagepar iangillan » 16 Août 2015, 17:29

III. Master of Reality (1971) (14/20 – Mention Bien)

Pochette psyché sans intérêt, juste de grosses lettres distordues (par la Sweet Leaf?) (11/20). Son d'assez bonnne facture, un peu moins « frais » et spontané que pour les 2 LP précédents (14/20).

1) Sweet Leaf (16/20)
De  quoi ça peut bien parler, hein, Sweet Leaf ? Ben de la même chose que Fairies wear Boots, pardi ! Une déclaration d'amour un rien démago à la beuh … Ce titre est devenu très tôt un incontournable de la setlist du Sab, et on peut le comprendre : un riff d'une évidence limpide et lourde (avec cette guitare accordée trop bas), une bonne mélodie efficace, les deux éléments entrant en résonance pour créer une tension (dans le sens positif du terme).

2) After Forever (13,5/20)
Une chanson quasi oubliée du Sab … Tout d'abord, notons les paroles pro-religion …. disons-le d'emblée, elles sont mauvaises, ou du moins maladroites – mais témoignent d'un touchant souci de rééquilibrage anti-sataniste (car le groupe a toujours détesté, à juste titre, les adulateurs religieusement invertis de leur musique : le Sab, c'est juste quatre gars de Birmingham un peu déjantés, mais essentiellement dépassés par leur image de marque, bien utile d'un point de vue commercial, cela dit). Musicalement, c'est OK, voire assez bon.

3) Embryo/Children of the Grave (14/20)
Un autre « classique », du moins en termes de setlist et de réponse du public. J'ai toujours en tête les images du California Jam de 74, quand le Sab s'est imposé au grand public américain … Ozzy en costume à franges … puis torse nu … Embryo est un bref instrumental zarbi, vaguement médiéval/renaissance, et de bonne qualité. Par contre, je ne partage pas l'enthousiasme général pour Children … Certes, il y a un archétype metal en germe, un titre précurseur de Maiden sans nul doute (au même titre que Hard Loving Man de Deep Purple), mais limité. La section instrumentale centrale chromatiquement descendante est sympa, cependant, de même que la rythmique basse/batterie (Ward ne donne jamais dans le poum/tchac, c'est clair). Un bon titre, certes, mais surévalué si vous me demandez mon avis.

4)Orchid/Lord of this World (13/20)
Orchid est un nouvel instrumental un chouïa zarbi, mais agréable, vaguement zeppelinien (ambiance Bron-y-aur, campagne galloise ...) – j'ai lu quelque part que ces petits instrus avaient pour fonction de correspondre à quelque législation fiscale sur les droits d'auteur en Angleterre, ou aux US, je ne sais plus trop … par rapport au nombre de titres nécessaires sur un album. Je ne sais pas si c'est exact. Quoi qu'il en soit, Lord of this World est un titre largement oublié, et ce à juste titre : non qu'il soit mauvais, loin de là, mais ça ne casse pas trois cordes à la basse de Butler par rapport à d'autres chansons du Sab. Chez un groupe plus ordinaire, ça aurait pu devenir un classique …

5)Solitude (15/20)
Une ballade ??? Ben oui, mais elle est bonne. Simple, mais bonne, et bourrée d'atmosphère (de tristesse, en l'occurrence). Quand j'étais petit, elle me faisait pleurer sur mes chagrins d'amour, alors je ne suis peut-être pas objectif … En tout cas, si elle est un brin répétitive, comme Planet Caravan, elle n'a pas, contrairement à cette dernière, ce défaut, à mes oreilles rédhibitoire, de l'effet « tube gargouillant » sur la voix.

6) Into the Void (14,5/20)
Yep, six « vraies » chansons sur un album … huit avec Embryo et Orchid …Dans les années 70, on savait se limiter : les albums à 15 titres, c'était un double !!! Let there be rock : 8 chansons ; Machine Head : 8 chansons ; Led Zep IV : 8 etc …. Bref, Into the Void : ce titre termine l'album de manière très heavy metal, encore que le metal, en l'occurrence, soit allégé, comme toujours chez le Sab, par la batterie de Bill Ward, qui n'a rien, mais alors rien, de heavy metal. Et pourtant c'est un sacré bon moment de heavy metal, version 1971 ! Coté texte, the space age : de Bowie (Space Oddity, 1969) à … Supernaut (1972, cf. infra). Structure en thèse-antithèse-synthèse : 1)La flamboyante conquête spatiale, 2) le sort misérable sur terre … Mais peut-être... :dernières strophes : 3) la conquête spatiale comme nouvelle utopie, conquête d'une nouvelle terre de liberté pour l'humanité ?

Résumé : encore un bon album – et de trois !; mais un album en retrait par rapport au précédent, quand même. Un côté plus « compressé » et « dark » dans le son de guitare, moins de moments « magiques » en termes de compo que Paranoid, et moins « frais » (si tant est que ce soit le terme) que Black Sabbath.
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Judge Dan
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Re: Black Sabbath

Messagepar Judge Dan » 20 Août 2015, 21:09

D'ici une dizaine de jours, après m'être gavé de Led Zeppelin jusqu'à l’écœurement, j'en aurais terminé avec ma période "Deep Purple de A à Z". Bien que je me sois aujourd'hui régalé les oreilles d'un House Of Blue Light que j'avais complètement oublié, j'ai trop hâte d'en arriver à ce Now What?! qui m'a bien fait triper il y a deux ans.
Cette longue intro pour dire que je m'apprêtais à prendre un repos bien mérité, à base de Black Metal du meilleur cru, lorsque je suis tombé sur ces chroniques sabbathiennes d'un autre monde. J'ai toujours pensé que iangillan irait jusqu'au bout de son projet fou... Et j'ai décidé de l'accompagner, du moins par les oreilles, en réécoutant tous les Sab'. Une bonne introduction finalement, avant de me rouler dans la fange d'Immortal, Emperor et consorts. Iangillan, mon cerveau déglingué ne te dit pas "merci" :D
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Re: Black Sabbath

Messagepar iangillan » 21 Août 2015, 09:20

Dans ce cas, je ne te dis pas non plus merci pour tes encouragements indirects :wink:

Le principe des "verticales" est très intéressant -- qu'on le fasse pour soi, ou, en l'occurrence, pour partager (là c'est peut-être moins intéressant, mais bref ...). La musique, c'est souvent un catalogue d'idées reçues et/ou faisant consensus (c'est-à-dire de "classiques" qui constituent en quelque sorte le "canon" d'un groupe) qu'on connaît tous plus ou moins ... Mais combien d'idées formidables ont pris la poussière dans les rayons des bibliothèques de ce monde, alors qu'elles sont accessibles à tous, et nullement cachées ? L'idée de ces posts est moins de donner un avis perso forcément subjectif que de titiller la curiosité de ceux qui ne connaissent (ou n'ont à l'esprit) que le "corpus classique" sabbathien, càd une dizaine de chansons -- bref, se plonger ou se replonger dans une œuvre qui, à mon sens, fait partie (a minima) du top 10 de l'histoire du rock -- et qui dépasse largement ce qui en est resté dans la mémoire collective. C'est pareil avec Deep Purple, pour rebondir sur ton post -- au point que le rock awards machin hall of trucmuche fame/shame refuse à ce jour Deep Purple dans un panthéon pourtant devenu très large-- arguant, de source officieuse, que DP n'était qu'un "one-hit-wonder" (entendez Smoke on the Water) ... D'ailleurs je serais très heureux de lire tes impressions verticales sur le topic Purple !
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Re: Black Sabbath

Messagepar iangillan » 21 Août 2015, 21:09

IV. Vol.4 (1972) – (Note globale : 16/20, Mention Très Bien)

Titre pour le moins sobre … Contrairement au groupe, qui, de son propre aveu, était totalement « snowblind » pendant les longues semaines d'enregistrement du disque, en Californie si mes souvenirs sont bons (L.A.?). Enfin, longues, tout est relatif : mais pour la première fois, le Sab, qui commence à cartonner aux USA, a le vent en poupe, de quoi s'offrir des saladiers de poudre blanche et deux ou trois mois en studio (un luxe)… On s'embourgeoise, on se rockstarise, on passe de l'herbe – Sweet Leaf – à la coke – Snowblind … Et on crée un son (17/20) plus complexe !
Pochette (17/20) totalement atmosphérique, j'adore ! Si Ozzy, bras levés, en concert, et pas à jeun (j'imagine), jaune ou orange selon les versions de l'album, orne la couverture sous forme d'une photo redessinée, Iommi squatte l'arrière … (Mais où sont passés les deux autres ? Pas juste !)

1. Wheels of Confusion (16,5/20)
Putain, mon vinyle made in Spain (1984) est totalement rayé sur les 30 premières secondes… Il faut dire que j'ai écouté, réécouté, et réréécouté ce disque pendant des années (il a longtemps été un de mes préférés, tout court). Je nettoie, je souffle … Un peu mieux, mais toujours rayé … C'est dommage, car l'entame est inattendue (lente, mais sans effet de tension «  film d'horreur » comme sur Black Sabbath), lourde à souhait, mélodieuse … Iommi est toujours accordé très bas … Et c'est bon ! Et encore mieux à partir du (premier) break, et le refrain, tardif, est au diaposon.
Il est temps, je crois, de souligner à quel point Iommi est un guitariste remarquable, non seulement en riffs de base (et dieu sait qu'il est bon dans ce domaine), mais dans le domaine de la mélodie, des breaks harmonieux, et, (non, pas « bien sûr », parce que c'est très rare) en solo : pas d'ostentation, ou rarement. Il est incroyable. A mon avis, il a beaucoup pâti d'une chose : de sa moustache ridicule (ou « trademark », si vous préférez), parce que sinon … Je rigole. Le titre se termine par un très beau break, plus léger, où Iommi part en solo. Bilan : Très bon titre, un peu oublié.

2. Tomorrow's Dream (14,5/20)
Une bonne chanson. Magnifiques arpèges de Iommi sur le refrain/break, insuffisamment mis en relief par la prod.

3. Changes (13,5/20)
Une ballade piano/violons, putain, on aura tout vu … Mais c'est de bonne facture, elle reste dans la tête ! Une mélodie qui préfigure fortement ce qu'a pu faire Ozzy plus tard, j'en déduis que c'est de lui (mais c'est peut-être faux).

4. FX/Supernaut (17,5/20)
FX (« effects », je suppose?) se résume à quelques bruits « futuristes » qui créent une plage d'attente bienvenue. Supernaut est devenue un must-hear en live pendant des années, bien qu'Ozzy eût parfois bien fait de s'abstenir, tant ce titre monte dans les aigus. Excellent riff d'intro, excellente mélodie vocale, c'est « triomphant », hymnique, spatial (en résonance avec le sujet), et quand arrive le break « salsa » ou « jungle », on nage entre les galaxies, surtout quand Iommi reprend, à la lourde ! Ozzy est superbe (en studio).

5. Snowblind (18/20)
Dans mon top 10 ou 20 des meilleurs riffs du rock (le premier riff, pas celui qui accompagne les strophes, plus convenu), et … dans mon top 3 (!) des meilleurs breaks post-refrain (je pense au passage « My eyes are blind but I can see ... » ): arpèges (surtout) et mélodie (un peu moins) fantastiques!!, beaux solos mélodieux, belle structure … La mélodie générale des strophes n'est pas mauvaise, non plus (litote)! Une des meilleures chansons du Sab, certes surjouée en live … Mais il faudrait être abruti pour ne pas la jouer.

6. Cornucopia (15/20)
Celle-ci pâtit de l'ombre des deux précédentes, mais elle est de bonne qualité, elle aussi. Assez pré-doom-metal au début ^^ Encore de nombreux breaks, courts cette fois-ci – une véritable « corne d'abondance » musicale (trad du titre latin) ; encore des arpèges très très agréables à mi-morceau (j'aime ça, les arpèges saturés : Iommi en est le grand maître), sans oublier le break chanté, d'excellente qualité. « You gotta go insane, I'm tryin to save your brain ... » ...

7. Laguna Sunrise (12/20, hors compétition)
Un instrumental à part entière, je ne le rattache donc pas au titre qui suit, mais c'est quand même, comme tous les instrus du Sab, davantage un interlude qu'une véritable chanson. Ne me demandez pas de crier au génie, mais c'est bon et agréable d'entendre cette belle mélodie acoustique entre deux titres lourds. Travail de prod évident.

8. St Vitus Dance (13,5/20)
La « danse de Saint-Gui », en d'autres termes … La folie, thème de plus en plus marquant chez le Sab … Ca débute par un riff joyeux, puis un autre plus Sabbathien. Mélodie de qualité. Ce qui manque, c'est un grand dessein. Un filler donc, mais un très bon filler : l'idée, derrière ce paradoxe, c'est que la chanson manque de souffle, d'ambition, mais elle est agréable, et courte – une sorte de sous-Paranoid, destinée à créer une pause entre les titres plus ambitieux.

9. Under the Sun (13/20)
Riffs/structure ensuite copiés 158 144 fois par le doom/trash/thrash/death/heavy (appelez ça comme vous voulez). Heureusement, non seulement c'est absolument précurseur (d'un genre que je n'aime pas trop), mais en plus c'est Black Sab, et il y a un peu de mélodie ! Mais cette chanson m'a toujours vaguement emmerdé, après ce feu d'artifice qu'est Vol.4 – et puis, trop de break tue le break. Exception, le break instrumental plus lent, sur la fin (Steve Harris, où as-tu puisé l'inspiration de tes deux premiers albums?), qui semble composé dix ans plus tard, et qui, surtout, clôture magnifiquement l'album – et me réconcilie avec ce titre par ailleurs moyen, sans plus. Assez bien, au final.

Bilan : le premier disque « ambitieux » de Black Sabbath, en termes de prod et de compos. Et une réussite. Une grande réussite. Si on peut ergoter çà et là, il n'en reste pas moins qu'il figure parmi les incontournables. Pour l'instant, le meilleur à égalité avec Paranoid, et si je devais choisir avant de partir sur une île déserte, je prendrais Vol4, parce qu'il est plus riche, et que sur une île déserte, mieux vaut emporter des disques qu'on peut écouter sans fin (à condition de ne pas rayer le début ...)
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Re: Black Sabbath

Messagepar Chonchon » 21 Août 2015, 21:26

Dis moi iangillan , ne serais tu pas professeur , instituteur , enfin une activité où ce genre de personne détiendrai la force toute puissante ! :wink:
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Re: Black Sabbath

Messagepar stephs66 » 22 Août 2015, 07:20

Excellentes ces "chroniques sabbathiennes" (copyright Dan), c'est vrai que ça donne envie de remettre les galettes sur la platine . Perso, j'estime que les quatre (cinq?) 1er sont des classiques, des must, après c'est beaucoup moins interessant ; puis il y a eu l'orgasme "Heaven and hell", mais c'est une autre histoire ...
Je critiquerai à la fin :mrgreen: , quoi qu'il en soit, bravo, c'est hyper agréable à lire ...!!!

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Re: Black Sabbath

Messagepar iangillan » 27 Août 2015, 20:25

V. Sabbath Bloody Sabbath (1973) (17/20, Mention Très Très Bien)

Ca commence par une pochette, comment dire … hallucinée et hallucinante (16/20). Faut la voir. Bien sûr, c'est laid et de mauvais goût, mais bon dieu, qu'est-ce que c'est évocateur ! A mes yeux, elle fait partie de l'album, contrairement à la plupart des pochettes . Parce qu'elle annonce totalement le contenu : criard, écorché, cauchemardesque, laid et exaltant à la fois … Ce disque, et c'est affiché en couverture sous forme de dessin, c'est l'enfer musical --- sur terre. Le cauchemar absolu, mais pas sous une forme outrancière, fantasy, non, sous forme de maladie onirique, le mauvais trip d'une créature en chair et en os ; Black Sabbath, sur SBS, c'est la BO du déclin, violence et mélopée angoissante, la tempête sous un crâne désespéré et suant de fièvre, un rush cocaïné fiévreusement parano, un goût délicieux de homard légèrement périmé, un Romanée-Conti 1928 servi en gants blancs par Hermann Goering, Miss Monde défoncée qui vient de vomir dans l'évier, bref, c'est un délice décadent à la Huysmans … Chaque note de cet album est doucement affreuse, et oui, je ne sais plus quoi dire, et oui, on me pardonnera d'abuser de l'oxymore ;

Ce n'est pas un album-concept, mais ce disque, plus que tout autre dans la discographie du Sab, forme un tout. Je vais essayer de rester aussi froid (et mesquin, comme toujours ^^) que possible. Mais il faut écouter ce disque de A à Z, c'est clair, alors que tous les autres se laissent raccourcir, ou du moins compiler de façon plus ou moins aléatoire. Ca a un début, un milieu et une fin ...

Ce début, c'est la chanson éponyme (SBS, 18/20), et c'est rien de dire que c'est un foutu monument, même si on peut avoir du mal – on est loin de Paranoid et de Iron Man. C'est pas facile, facile, quand bien même on est face à une compo superbe, avec une grosse évolution et un Ozzy écorché vif . Magnifique, et inchantable pour Ozzy depuis 40 ans (il a essayé, certes … aujourd'hui, il n'en reste qu'un riff en live). Cette chanson-titre, donc, est une illustration parfaite de la pochette et de ses deux faces: cauchemar-agonie/réveil-agonie … une monstruosité musicale, absolument remarquable. J'arrête les oxymores ; ce titre figure parmi mon top du Sab.

Le disque semble enchaîner de manière plus cool, A National Acrobat (16/20)(rien que ce titre, venu de nulle part!! là aussi on est loin des choses convenues!!) – mais c'est une chanson presque aussi épique (et décadente) que la première ; et d'une certaine façon, par sa complexité moins heavy metal, elle donne le "la" pour le gros des chansons de cet album, qui n'est pas tant heavy que ça … On est loin du death metal.

Ce deuxième titre annonce à mon sens le titre final, Spiral Architect (17,5/20)(encore un intitulé loin de « My Heart's on Fire » ou « Baby the damage is done » etc …). Titre 1% dissonant, chant d'Ozzy oblige (dissonant, mais pas faux), 99% superbe et original. Vol. 4 n'était qu'un essai de gamins face à cette architecture harmonique … Excellent, et en plus, impossible de se lasser de cette spirale musicale! Magnifique final !

Fluff, en attendant, est un instru sympa, mais oubliable (des arpèges pour l'essentiel, et dieu sait que j'aime les arpèges, mais là, c'est juste sympa, sans plus). Par contre, c'est parfait pour faire une pause entre SBS, A National Acrobat et le prochain titre-phare (largement oublié, je le concède) de cet album : Sabbra Cadabra (17.5/20)… Encore un gros waow … Ca commence comme un titre du top 50 distordu de façon fièvreuse, une jolie mélodie agréablement riffée par Iommi (putain de riff oublié, pourtant excellent), un chant proche de la rengaine (criarde) – puis un break, toujours à mi-chemin entre le top 50 pop/bluesy et la maladie mentale. En d'autres termes, jamais on n'aura été aussi proche de l'essence de Black Sabbath au meilleur de son inspiration. Bon, la fin tire un tout petit peu en longueur, un défaut mineur.

Killing yourself to live (le titre est un brin moins original, mais efficace), ouvre la face B, de façon plus convenue au début : ça ressemble à du bon « Vol. 4 » – solo de Tony inclus (deux pistes qui se répondent, et c'est beau, je trouve), puis le titre rebondit en plusieurs breaks, ça swingue, ça rocke, ça descend, ça monte, c'est superbe – et ça s'achève de façon endiablée (et un peu moins inspirée, si je suis critique). Un titre qui aurait pu fonctionner en live (il a été joué à la fin des années Ozzy, en témoigne « Live at Last »), mais compliqué … Autrefois, dans les années 50, euh, 80, je le trouvais sublimissime, aujourd'hui, je serais plus mesuré, mais très très positif (17/20).

Suivent, sur la face B toujours, Who are you ?, et Looking for today. Who are you (13,5/20) est discutable, mais j'aime bien., malgré le riff au synthé-mumuse (cool en 73 – Jean-Michel Jarre, Oxygène, c'est la même époque, et ça s'entend, malgré une parenté somme toute assez lointaine ^^). Une bonne mélodie, un double tracking bien malsain sur la voix d'Ozzy … Pas le titre du siècle, mais bien dans l'ambiance.

Looking for today (15,5/20) est d'un autre calibre, sans être exceptionnelle non plus. Les strophes sont sympa et rappellent Master of Reality ou Vol. 4 – mais ça se complique un peu dès le bridge, et je dois avouer que le refrain, nonobstant sa simplicité claironnante, me plaît énormément (les arpèges superbement sabbathiens d'Iommi n'y sont pas pour rien). Je parle souvent de titres « un peu oubliés », celui-ci l'est tout à fait, et pour le coup c'est un tort !

Et nous revoici à Spiral Architect (cf. supra)

Bilan : à mes oreilles, c'est le meilleur album de Black Sabbath, c'est-à-dire un des meilleurs albums à mes oreilles tout court . Cela dit, ça se discute, et je suis certain que beaucoup d'auditeurs ne partageront pas cet enthousiasme : c'est un album zarbi, voire tordu, même et surtout selon des standards hard/heavy, et même, paradoxe suprême, pour les amateurs du Sab tendance « Paranoid ». C'est un peu complexe – je ne dis pas ça du tout pout « humilier » ceux qui n'aiment pas – mais pas trop complexe non plus, vu que je confesse ne pas comprendre la musique vraiment complexe …. Bref, c'est une sorte de mélange entre le Sab classique et du hard prog tendance cancer en phase terminale. Le son, et surtout la prod, sont d'excellente facture (18/20).


PS : Quiconque possède mon exemplaire vinyle des années 80 aurait-il la gentillesse de se dénoncer ?
Dernière édition par iangillan le 27 Août 2015, 21:03, édité 2 fois au total.
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Re: Black Sabbath

Messagepar Ballbreaker73 » 27 Août 2015, 20:39

Excellent travail iangillan. Tellement un plaisir de te lire que maintenant je vais me refaire la disco du Sab.
AC/DC Fashion Tip : ignore it.
Get it right - then never change. Invent a logo, wear the same clothes, and make the same album ad infinitum.
By never being in, you'll, perversely, never be out.

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Garbage Man
 
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Re: Black Sabbath

Messagepar Garbage Man » 28 Août 2015, 10:12

Oui j'aime beaucoup tes chroniques sauf pour l'idée d'attribuer des notes aux morceaux. C'est de la musique pas du patinage artistique :mrgreen:
Je dois avouer qu'après cet album les trois derniers albums avec Ozzy m'attirent moins. Et pour moi Black Sabbath avec Dio n'est pas Black Sabbath. Je reconnais les talents de vocaliste de Dio mais ce lyrisme qu'il apporte au groupe dénature les anciens titres. Iron Man, Paranoid chanté par Dio c'est simple: je peux pas !
Chez Black Sabbath j'avoue me satisfaire des 5 premiers albums.

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Re: Black Sabbath

Messagepar Jeff 59 » 28 Août 2015, 14:39

Garbage Man a écrit:Oui j'aime beaucoup tes chroniques sauf pour l'idée d'attribuer des notes aux morceaux. C'est de la musique pas du patinage artistique :mrgreen:
Je dois avouer qu'après cet album les trois derniers albums avec Ozzy m'attirent moins. Et pour moi Black Sabbath avec Dio n'est pas Black Sabbath. Je reconnais les talents de vocaliste de Dio mais ce lyrisme qu'il apporte au groupe dénature les anciens titres. Iron Man, Paranoid chanté par Dio c'est simple: je peux pas !
Chez Black Sabbath j'avoue me satisfaire des 5 premiers albums.


Tout à fait d’accord + le dernier album 13 et Past Lives - Deluxe Edition (2CD) en prime , je me régale à l'écoute de ces derniers :punk: :punk:
‘’Sur votre guitare, sciez tout ce qui ne vous est pas utile. Sur la mienne, je n’ai gardé que le volume, et encore..’’ Malcolm Young.

AC/DC s’imprègne dans votre cerceau pour la vie, comme un tatouage sur la peau . Mark Opitz, Co-Producteur Powerage

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Re: Black Sabbath

Messagepar iangillan » 29 Août 2015, 15:43

Garbage Man a écrit:Oui j'aime beaucoup tes chroniques sauf pour l'idée d'attribuer des notes aux morceaux. C'est de la musique pas du patinage artistique


D'ailleurs, je me suis toujours demandé si, de ce fait, le patinage artistique était un sport. Pourquoi pas du tango aux JO d'été ? Mais ça n'a rien à voir, je dis ça comme ça :lol:
Les notes c'est pour le fun -- c'est juste une tentative de quantification de mon avis perso,et un truc qui peut déclencher des réactions ("quoi ? il met moins à Iron Man qu'à Sabbra Cadabra ??? Mais il est malade, ce mec, faut que je réentende ça pour voir s'il est taré ou juste un peu frappé") -- il ne faut pas les prendre comme des jugements définitifs (ce qu'elles n'ont absolument pas vocation à être s'agissant de musique, tu as parfaitement raison -- d'ailleurs, pour tout dire, j'ai failli arrêter les notes en cours de route, mais comme j'avais commencé ...).
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Garbage Man
 
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Re: Black Sabbath

Messagepar Garbage Man » 29 Août 2015, 18:12

Non mais j'apprécie grandement tes chroniques. Sauf ton appréciation de Planet Caravan. Je trouve que ce titre est une vraie réussite dans le genre folk/prog. Je t'invite à voir le documentaire de la série "Classic Album" sur l'album Paranoid. Tu verras que l'ajout de l'effet sur la voix de Ozzy lui rend service plus qu'autre chose. Ça apporte un vrai plus au morceau. C'est d'ailleurs un travail 100% studio, jusqu'aux accords de piano joué par Tom Allom l'ingé-son et les effets sonores qui ne sont l'œuvre que de simples boutons.
On peut préférer les albums suivant mais pour moi il y a déjà tout dans Paranoid. J'ai toujours eu un faible pour le titre Hand of Doom (va savoir pourquoi ?).
En fait je crois que ce que j'aime outre les riffs lourds et lancinants de Iommi, ainsi que les nombreux changements d'ambiances au sein des titres, se sont les riffs qui ont pour ossatures la basse de Butler. Comme N.I.B ou Into the Void.

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