Bon j'ai un peu laissé la tornade AC/DC passer avant de parler du concert de Seasick Steve du 25 février à la Maroquinerie. Après avoir visionné pas mal d'extraits de ses performances, je commençais à me demander si ça valait bien le coup en live. Ben dis donc...
La Maroquinerie est une salle d'une capacité de 500 personnes située dans le quartier de Ménilmontant à Paris. Un endroit très sympa, dont l'intérieur ressemble assez au Trabendo. Quand nous arrivons, une trentaine de personne seulement est présente. Beaucoup de jeunes, des bobos surtout, à influence hipster New Yorkais. Il est intéressant de voir qu'à notre époque, le genre de type comme Seasick Steve, vieillard au talent gigantesque qui aurait pu être au niveau de reconnaissance d'un B.B. King s'il n'avait pas percé qu'en 2004, attire un public assez jeune, en fait la génération internet, la seule qui ait pu le découvrir.
Duke Garwood, la première partie, fait son entrée. Nous sommes une cinquantaine au début, tous assis en cercle, sur les rebords, sur ce qu'on trouve. Bon, je vais pas dire que le monsieur m'a fait personnellement beaucoup triper, avec son blues-folk introverti au rythme incertain, mais ça a assez plu aux gens à côté... J'ai prié pour que ça se finisse au plus vite. Apparemment il aurait beaucoup de talent... C'est vrai qu'on voit qu'il sait jouer d'une guitare, mais t'as rien pour t'accrocher. Tu tombes avec lui... Voici un extrait étrange mais irrésistible:
http://www.youtube.com/watch?v=MKqSOLvEscg
Mais passons aux choses sérieuses! Pendant la prestation du Duke, plusieurs centaines de personnes sont arrivées, et la salle est désormais bondée. Nous sommes très près de la scène, et je suis assez curieux de voir si ça va dépoter! J'aurai la réponse dans quelques secondes, puisqu'il débarque sur scène tout guilleret en compagnie de son batteur. Il s'installe sur sa chaise sous l'ovation de la foule, nous sort quelques gris-gris guitaristiques et commence le concert avec un Thunderbird endiablé! Oui, ce monsieur a du style, c'est indéniable. Un talent fou, de l'aura, du charisme... Des histoires de merde à raconter, et pourtant si fascinantes, comme celle de son chien, un vieux berger allemand qui ne marchait plus bien et a qui il a dit un jour "mais quand est-ce que tu vas donc crever, toi?". Le clebs a fini par mourir et Steve dit qu'il pleura, il savait même pas qu'il aimait ce foutu chien!
On est vraiment emporté par toutes ces balades blues, par la pureté et la simplicité peu commune du raconteur, par sa complicité avec un batteur assez exceptionnel qui s'accorde parfaitement à l'univers du vieux Mississippien. C'est un grand moment de musique et de rigolade, le public est bon enfant bien qu'un peu grande gueule par moment, on sent les Parisiens qui se la pètent un peu en répondant à l'artiste pour montrer leur anglais, qui disent des belles conneries parfois et qui se font remettre à leur place par Steve de temps en temps.
"Do you want a hug Steve?
-A hug?? I show you how I hug" dit-il en allant chercher une batte de baseball. Effet garanti!
Ouais, il assure le gars. Un feeling à couper le souffle, des riffs superbes qui te font ressentir des trucs assez incroyables, et puis surtout une de ces pêches! Il fait le show pendant près de deux heures, blague et fait le con, feint des crises de folie, boit du Jack Daniel's... Il nous en raconte une autre en plein boogie, nous explique dans un mélange fascinant d'humour et de drame comment son père battait son frère et lui, comment un jour il est rentré ivre dans sa chambre et a lancé le petit Steve à travers la fenêtre fermée, et comment, un pistolet à la main quelques jours plus tard, il a décidé de s'enfuir, à 13 ans, plutôt que d'assassiner son paternel. Et nous on se marrerait presque tant son humour est communicatif.
Une bien belle soirée... Si B.B. King et Seasick Steve jouaient le même soir dans deux endroits différents, j'irai (re)voir le second. Aucun doute là-dessus...